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Le Maroc épinglé par l’ONU

samedi 16 décembre 2006, par Samir

La résolution de l’ONU est un rappel au Maroc et au Front Polisario de leur obligation de coopérer pleinement avec le Secrétaire général et son envoyé personnel au Sahara Occidental.

Les soldats de la Minurso vérifie le respect par le Maroc et le Polisario du cessez-le-feu.

La résolution réaffirme également la « responsabilité de l’ONU vis-à-vis du Sahara Occidental » et souligne que « l’absence de progrès dans le règlement du différend (conflit entre le Maroc et le Polisario) sur la question continue de provoquer des souffrances pour le peuple du Sahara Occidental et demeure une source d’instabilité potentielle et fait obstacle au développement économique du Maghreb ». Pour les Sahraouis, l’intérêt d’une telle résolution est qu’elle ne transige pas avec le fait que la question du Sahara Occidental est un problème de décolonisation. Elle relève donc de la mise en oeuvre de la résolution 1514 du 14 décembre 1960 connue sous le nom de « Déclaration sur 1’octroi de 1’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux ». C’est la base doctrinale du droit international sur la décolonisation. La question reste donc aux yeux de la majorité des pays membres de l’ONU une affaire de décolonisation qui relève de la responsabilité de l’ONU.

La résolution n’évoque pas expressément le plan Baker mais en réaffirmant le rôle central de l’ONU, elle prend acte du point où est arrivée l’institution internationale. En clair, le Plan Baker - à défaut d’une autre démarche approuvée par l’ONU - demeure la seule référence pour le règlement. Approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité en 2003, le plan Baker n’a pas été mis en oeuvre en raison de l’absence de dispositions contraignantes pour les parties. Le Maroc, soutenus par certaines capitales occidentales, a refusé de le mettre en oeuvre. La résolution adoptée, il faut le souligner, par un vote et non par consensus comme cela était le cas durant les dernières années, n’est pas une très bonne nouvelle pour la diplomatie marocaine. La réaffirmation sur la question du Sahara Occidental affaiblit son intense travail diplomatique visant à présenter l’octroi d’une autonomie au territoire sahraoui comme une alternative au référendum d’autodétermination.

Les officiels marocains pourraient - c’est de bonne guerre - faire valoir que 90 pays se sont abstenus lors du vote de la résolution. Mais une abstention ne veut pas dire que l’on est acquis aux idées du Maroc et elle n’empêche pas de dire que l’ONU, à travers son assemblée générale, reste attachée à l’autodétermination des Sahraouis. Elle est en tout cas un indicateur de tendance. Le projet marocain d’autonomie aux « provinces du Sud » que le Maroc est censé présenté avant fin avril 2007, date d’expiration du mandat de la Minurso, ne change pas la donne, la communauté internationale restant globalement dans l’optique référendaire. C’est d’ailleurs l’enjeu de la bataille diplomatique en cours. Pas surprenant donc que le Polisario y voit dans la résolution un « nouveau succès pour la légalité internationale ». Pour le ministre sahraoui des Affaires étrangères, M. Mohamed Salem Ould Salek, dans une déclaration rendue publique à New York, à l’issue du vote de l’AG des Nations unies, la résolution consacre l’échec des « tentatives marocaines de conférer une légitimité à son occupation ».

Synthèse de Samir, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran