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M. Sidati : « Les Nations Unies sont comptables de l’attitude du Maroc »

jeudi 20 mai 2004, par Hassiba

Membre aussi de la direction du Front Polisario, de passage à Genève en raison de la manifestation qui a eu lieu le 16 avril dernier sur la place des Nations, M. Sidati a animé une conférence de presse au palais des Nations Unies à Genève en présence notamment de Mme Christiane Perregaux, professeur à l’Université Uni-Mail de Genève, Mme Verena Graf, responsable de la Ligue internationale pour le droit et la libération des peuples (LIDLP), Mme Ines Miranda Navarro, membre de la Commission des droits humains du Conseil général des barreaux d’Espagne.

Tout au long de cette rencontre avec la presse, le ministre sahraoui a longuement parlé des épreuves endurées par le peuple sahraoui au cours de son long combat légitime et sans relâche pour la conquête de sa liberté et de son indépendance.

Lors de son exposé, le conférencier a évoqué les récents développements du plan de paix déclarant qu’ils ont évolué « en dents de scie, ce qui a suscité parfois des espoirs et accumulés des déceptions ». « Sachant pertinemment que le Plan Baker est bien en deçà du plan de 1991 », il rappelle à l’assistance que le peuple sahraoui a consenti un grand sacrifice en l’acceptant, persuadé que son application aboutira inéluctablement à un référendum d’autodétermination dont l’issue est certainement l’indépendance. Raison pour laquelle d’ailleurs « le Maroc imprima tout d’abord à ce plan un temps d’arrêt avant de recourir aux subterfuges et autres alternatives - sans issue - qui lui permettraient une occupation programmée du territoire ».

M. Sidati a tenu à préciser et rappeler à l’ordre ceux qui persistent à trouver une solution autre que le plan de paix qui est l’objet d’un consensus international et des avancées notables ont été réalisées pour sa mise en application. Mais, poursuit le conférencier, le Maroc, comme pour toutes les initiatives de paix antécédentes par la communauté internationale, « est revenu sur ses engagements pour poursuivre sa rébellion et sa guerre d’usure à l’encontre de cette même communauté internationale ». Les Nations unies sont, a dit le ministre sahraoui, « comptables de l’attitude du Maroc ».
Elles ont les moyens de ramener le Maroc à la légalité et, partant, à résoudre ce conflit si elles en ont « la réelle volonté ». Plus loin, M. Sidati dira : « Pourquoi l’on nous répète sans cesse la nécessité de s’en tenir à la légalité internationale pour résoudre le conflit du Proche-Orient, celui de l’Irak ou d’autres conflits alors que cette même légalité est foulée au pied quand il s’agit du conflit du Sahara occidental ? » s’est interrogé M. Sidati, faisant référence aux propositions de part et d’autre.

Anticipant sur la récente proposition formulée par la France à chercher la solution du conflit ailleurs, entre le Maroc, l’Espagne, l’Algérie et bien évidemment la France, excluant le concerné, le peuple sahraoui... M. Sidati relèvera par la même occasion la confiance du peuple sahraoui à retrouver son indépendance tôt ou tard : « Je nourris la crainte que le Maroc persistera dans la voie de l’obstruction du plan de paix, mais quelles que soient les frustrations au cours de ses longues années d’occupation, notre peuple demeure confiant en lui et gardera espoir sachant que pour défendre ses idéaux de liberté et d’indépendance il compte avant tout sur ses propres forces. » Quant aux mesures mises en place par l’ONU et entrées en application à partir du 5 mars dernier (voire notre édition du 21 mars 2004), M. Sidati a soutenu que le Maroc a martelé pendant de longues années que les Sahraouis étaient séquestrés à Tindouf. Ce qui vient d’être mis à nu lors de ces visites qui ont dévoilé la stratégie mensongère marocaine et montré on ne peut mieux le vécu dramatique des Sahraouis dans les territoires occupés selon les témoignages rapportés par ceux qui sont rentrés après un séjour derrière le mur en cette même période.

D’autres personnalités se sont exprimées lors de cette rencontre à Genève dont Mme Christiane Perregaux qui a insisté dans son exposé sur la société civile et la solidarité suisse dans la résolution du conflit sahraoui. Pour Mme C. P., elle dira : « L’un de nos rôles est de percer le mur du silence, de faire connaître ce conflit et d’impliquer davantage les Etats pour un soutien plus consistant aux réfugiés sahraouis. » Ajoutant : « Nous devons être l’interface entre d’une part les territoires occupés et les campements de réfugiés, et d’autre part l’Europe dont l’implication pour résoudre ce long et douloureux conflit est primordiale. »

Pour les questions relatives aux droits de l’homme, Mme Perregaux s’est dit offusquée par le fait que les autorités marocaines se soient retranchées derrière un refus catégorique, interdisant 13 défenseurs sahraouis de quitter les territoires occupés en vue de participer à une conférence relative aux « disparus » à Genève et ce, malgré l’intervention de plusieurs pays dont la Suisse, la Norvège et la Suède.

De son côté, l’intervention d’Ines Miranda Navarro a été axée, quant à elle, sur la persistance des violations des droits de l’homme dans les territoires sous occupation marocaine et sur la situation très difficile des défenseurs des droits de l’homme au Maroc en particulier.

Par Karima Bennour, La Nouvelle République