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Menace d’interdiction du parti AKP en Turquie

jeudi 31 juillet 2008, par Kahina

Le parti AKP du premier ministre turque Recep Tayyip Erdogan est menacé d’interdiction en Turquie.

La Turquie évite la crise.

La Cour constitutionnelle turque planche ces derniers jours sur un épineux dossier qui lui impose une intense concertation avant de délibérer. Il s’agit, en effet, de l’avenir légal du parti d’obédience islamiste, l’AKP, qui fait l’objet d’une demande d’interdiction de la part du procureur général de la République. La décision sera éminemment politique et doit, pour cette raison, envisager les conséquences qu’elle entraînera sur le plan de la stabilité du pays. Atrop vouloir maîtriser par les outils technocratiques un phénomène social, la grande Turquie risque de compromettre sa mise à niveau démocratique visant à justifier son accès à l’Union européenne. Le dilemme est cornélien mais n’oppose pas un choix du cœur contre celui du devoir. Les juges devront choisir entre des verdicts, tous motivés par des considérations politiques. Composée de onze magistrats, la haute instance républicaine, en conclave à Ankara, se consacre à l’étude du dossier à charge contre les « activités antilaïques » de l’AKP. Hier, on en était à trois journées pleines pour l’analyse des griefs retenus contre le parti islamiste.

Cependant, les esprits avertis savent que ce genre de question dépasse allègrement les aspects juridiques définis par la loi fondamentale. Il est fort probable, en effet, que la hiérarchie militaire s’accorde, par la même occasion, un délai de tractations avec la partie incriminée. Rappelons que la grande muette est garante de la laïcité et ne se prive pas de le signifier dès qu’une orientation un peu trop islamiste vient confirmer l’emprise des radicaux religieux sur la Turquie d’aujourd’hui. Par exemple, un projet récent de levée d’interdiction du foulard à l’université peut illustrer le type d’offensive idéologique que s’efforcent de contrer les militaires. Une résistance en réalité un peu décalée par rapport aux aspirations réelles de la population comme l’indiquait un sondage, aux résultats plutôt favorables au port du foulard, pour rester dans notre illustration. Voilà donc toute la difficulté du pouvoir turc : contenir l’influence croissante de l’AKP sur la société sans heurter la base citoyenne qui adhère à ses mots d’ordre. C’est pourquoi la très respectable Cour constitutionnelle s’accorde quelques solutions médianes à cette crise politico-juridique tels la possibilité d’accepter le recours au bénéfice d’un apaisement avec l’AKP, une sanction limitée à la suspension de l’aide financière ou, plus grave, le rejet du recours qui signifierait la dissolution pure et simple du parti. Dans ce dernier cas de figure le pays entrerait dans une zone de turbulences avec de réelles difficultés à organiser des élections anticipées pour renouveler le Parlement tronqué de ses élus issus de l’AKP.

Synthèse de Kahina, www.algerie-dz.com
D’après le Jeune Indépendant