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Palme d’Or pour les frères Dardenne

lundi 23 mai 2005, par nassim

La veine du cinéma social des frères Dardenne a séduit les jurés, tout comme le tableau humaniste dressé par Tommy Lee Jones sur les contrastes culturels et sociaux existant de part et d’autre de la frontière entre le Mexique et les États-Unis.

Les frères Dardenne décrochent la Palme d’Or à Cannes.

Les frères belges Jean-Pierre et Luc Dardenne ont décroché, samedi, leur deuxième Palme d’or avec L’enfant, un film poignant sur la paternité, au nez et à la barbe des autres grands noms du cinéma mondial en lice. “Mon frère et moi, nous voudrions dédier cette Palme à Florence Aubenas et à son chauffeur Hussein enfermés en Irak”, a déclaré Luc Dardenne sitôt après avoir reçu leur trophée en or massif des mains de Morgan Freeman et Hilary Swank, faisant ainsi rentrer l’actualité brûlante dans l’enceinte cannoise. “Merci à tous ceux qui nous ont permis de mener cette aventure”, a déclaré Jean-Pierre Dardenne, s’adressant en particulier aux acteurs principaux du film, Jérémie Renier et Déborah François. L’enfant raconte les conséquences qu’ont dans la vie d’une petite frappe, incarnée par l’acteur belge Jérémie Renier, l’arrivée d’un bébé que le jeune homme accueille d’abord avec indifférence.

Avec cette palme, Luc et Jean-Pierre Dardenne entrent dans le club très fermé des réalisateurs récompensés par deux palmes, aux côtés d’Emir Kusturica, Bille August, Francis Ford Coppola et Shohei Imamura. Autre grand gagnant de la soirée, la star américaine Tommy Lee Jones, qui avec son premier film comme réalisateur, Trois enterrements, a réalisé un doublé. La star de Men in black a décroché le prix d’interprétation masculine pour lui-même et le prix du meilleur scénario pour le Mexicain Guillermo Arriaga. L’Américain Jim Jarmusch a dû se contenter d’un accessit avec le Grand Prix pour Broken Flowers (fleurs brisées). Jim Jarmusch, révélé à Cannes en 1984 mais jamais “palmé”, s’est dit “sans voix” mais n’a guère caché une certaine déception, en épinglant “cet étrange jury”. Déception aussi pour l’Autrichien Michael Haneke, donné super-favori pour son film français Caché, qui est reparti avec le prix de la mise en scène. Last Days de Gus Van Sant, Manderlay de Lars von Trier et A history of violence de David Cronenberg sont, quant à eux, repartis bredouilles. Le cinéma asiatique, qui présentait cinq films en compétition, ne décroche que le prix du jury avec Shanghaï Dreams du Chinois Wang Xiaoshuai.

Au vu du palmarès, le jury présidé par le cinéaste serbe Emir Kusturica, qui comptait notamment Agnès Varda et Javier Bardem, a choisi de privilégier un cinéma en prise avec le réel plutôt qu’un cinéma esthétique ou éthéré. La veine du cinéma social des frères Dardenne, qui leur avait déjà valu la Palme d’or en 1999 pour Rosetta, a séduit les jurés, tout comme le tableau humaniste dressé par Tommy Lee Jones sur les contrastes culturels et sociaux existant de part et d’autre de la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Exit donc le cinéma sensuel du Taïwanais Hou Hsiao Hsien (Three Times), la réflexion poétique de Wim Wenders sur la paternité (Don’t come knocking) ou encore le thriller psychologique de Michael Haneke (Caché).
C’est également un cinéma bien ancré dans la réalité qui a été primé à travers le prix d’interprétation féminine décerné à la comédienne israélienne Hanna Laslo, 51 ans, pour son rôle dans Free Zone d’Amos Gitaï, parabole sur le nécessaire dialogue au Proche-Orient.

Hanna Laslo, qui incarne une femme de tête, forte en gueule, a dédié son prix à sa mère “victime de l’Holocauste à Auschwitz”, à toutes les victimes de l’Holocauste, et aux Palestiniens. Elle a aussi appelé à un dialogue pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Ces multiples références aux fracas du monde n’ont pas pour autant chassé le glamour. Une pléiade de stars en smoking et robe de soirée ont défilé sur la scène du Palais des Festivals pour remettre les précieux trophées : Kristin Scott Thomas, Penelope Cruz, Lambert Wilson, Valérie Lemercier, Fanny Ardant...

La Belgique était aussi particulièrement à l’honneur sur la Croisette, puisque c’est une compatriote des frères Dardenne, la jeune Cécile de France, qui a joué les maîtresses de cérémonie, faisant assaut d’humour et d’émotion pour animer la soirée.

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