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Prison d’Abou Gharib en Irak : Le scandale

mardi 4 mai 2004, par nassim

Le scandale des sévices infligés à des prisonniers irakiens par des soldats membres de la coalition enfle. Que ce soit aux Etats-Unis, d’où il était parti à la suite de la diffusion, le 28 avril, de photos de détenus maltraités et humiliés par des membres d’une unité de police militaire américaine dans le pénitencier d’Abou Gharib en Irak, ou en Grande-Bretagne, où il a rebondi samedi après la publication d’images de tortures dans la presse anglaise.

Dans son édition datée de lundi, le magazine « New Yorker » affirme avoir obtenu un rapport interne de l’armée américains de 53 pages portant sur des exactions qui auraient été commises dans la prison d’Abou Gharib, près de Bagdad.

Le rapport cite des pratiques telles que « briser des ampoules chimiques et répandre le liquide phosphorique sur les détenus ; battre les détenus avec un manche à balai et une chaise ; menacer de viol les détenus masculins ; autoriser un agent de la police militaire à recoudre la plaie d’un détenu blessé parce que projeté contre le mur de sa cellule ; sodomiser un détenu avec une lampe chimique, voire un manche à balai ». L’auteur du rapport, le général Antonio Taguba, affirme que peuvent être produits à l’appui de ces allégations des « témoignages détaillés et des photographies très explicites ». Pour le général Richard Myers, chef d’état-major américain interarmées, qui a fait la tournée des chaînes de télévision pour défendre la réputation de l’armée, ces actes sont isolés. Ceux qui les ont perpétrés « auront à affronter la justice de notre système », a-t-il promis. Myers a cependant exprimé des doutes sur la valeur du document cité par le « New Yorker ». « Je n’ai pas eu connaissance de ce rapport, a-t-il déclaré sur ABC. Ce genre de compte rendu peut souvent être très très erroné. » Mais prié de dire s’il pouvait être certain que la torture n’était pas « systématique », y compris sur la base de Guantanamo, Myers a répondu : « Je n’en suis pas sûr. »

Il a ajouté que des enquêtes étaient en cours en Irak comme en Afghanistan et que les personnes hiérarchiquement responsables d’éventuelles tortures seraient traitées comme telles. Les premières sanctions sont d’ailleurs tombées. Lundi, un haut responsable de la coalition a indiqué que six officiers de l’armée américaine avaient reçu un blâme écrit. Cette plus haute réprimande écrite de l’armée américaine bloque toute promotion et signifie la fin de la carrière militaire, a expliqué ce responsable qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, un septième officier a reçu une réprimande écrite de moindre degré.

Côté britannique, les deux soldats qui avaient fourni des photos, publiées samedi dans le « Daily Mirror », d’un prisonnier irakien torturé par un militaire persistent et signent alors que l’authenticité des documents est mise en doute par des experts. « Nous maintenons chaque mot de notre histoire », affirment les deux militaires au même quotidien, toujours sous couvert d’anonymat, « les photos sont vraies ». Le tabloïd londonien a publié samedi plusieurs photos montrant un prisonnier irakien cagoulé et un soldat britannique le menaçant de son fusil d’assaut et lui urinant sur le corps.

Selon des sources militaires proches du Queen’s Lancashire Regiment, mis en cause par ces photos, plusieurs indices permettent de douter de l’authenticité de celles-ci. Selon ces sources citées par la BBC, ces photos pourraient même ne pas avoir été prises en Irak. S’appuyant également sur l’avis d’experts militaires, la presse britannique de lundi, s’employait à décrypter les photos et semblait prudemment douter que ces clichés puissent être authentiques. Se défendant d’avoir publié des photos « truquées », le rédacteur en chef du « Daily Mirror », Piers Morgan, s’est déclaré dimanche « absolument persuadé de leur authenticité ».

Dans son édition de lundi, le « Times », évoque le cas de dix autres civils irakiens, « dont sept sont morts » à la suite de mauvais traitements que leur auraient infligés « des militaires britanniques ». Le ministère de la Défense britannique a confirmé que « dix incidents de ce type » avaient été rapportés au cours de l’année dernière et avaient donné lieu à l’ouverture d’enquêtes.

source : www.liberation.fr

 Lire article The New Yorker