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Saïd Sadi : “Tous contre le coup d’état électoral”

Il a appelé hier les citoyens à se mobiliser contre la fraude

jeudi 26 février 2004, par nassim

Le président du RCD fait appel à la conscience citoyenne pour faire du scrutin du 8 avril une véritable alternative démocratique.

La fraude est-elle une fatalité dans notre pays ? Si le trucage des résultats des urnes est érigé en constante nationale depuis l’indépendance, la persistance de ce procédé ne doit pas pousser à la résignation. C’est en tout cas ce que préconise Saïd Sadi. “Le seul moyen de susciter l’espoir est de se battre dans cette élection en sachant bien que la fraude est programmée”, a martelé, hier, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Sofitel à Alger. Intervenue deux jours après le dépôt du dossier de sa candidature au Conseil constitutionnel, cette rencontre avec les journalistes a servi d’appel à la conscience citoyenne pour faire du scrutin du 8 avril prochain une véritable alternative démocratique.

Dans cette perspective, l’implication des postulants à la magistrature suprême est déterminante, selon le candidat Sadi. Aussi, a-t-il exhorté ses concurrents à se constituer en coordination afin de veiller jusqu’au bout sur la régularité du rendez-vous crucial du printemps. “Je ne vois pas d’autres moyens d’échapper à une fraude mortelle et arrêter ce coup d’État électoral (la réélection de Bouteflika Ndlr)”, s’est-il prononcé sur un ton très solennel.

Concrètement, le patron du RCD propose l’instauration d’un système de surveillance unifié à l’intérieur même des bureaux de vote. De même, il compte sur la contribution des simples citoyens pour renforcer la vigilance et refuser, au pire des cas, le fait accompli.

D’où son appel à “une insurrection citoyenne pacifique”. Mais auparavant, il faut absolument barrer la route à Bouteflika. Aux yeux de Sadi, cette fin justifie les moyens, quitte à contracter une alliance conjoncturelle avec... le candidat Djaballah, président d’El-Islah. “Il ne s’agit pas d’une coalition politique mais d’une alliance contre la fraude”, a-t-il expliqué. Grâce à cette double vigilance des candidats et de la population, la tricherie serait contenue. Le président du RCD en est certain. Toutefois, cette conviction pourrait être démontée par une réélection forcée du chef de l’État. “Si par malheur, il devait passer et aurait à annoncer des résultats contraires à l’expression populaire, je prendrais mes responsabilités”, a promis Sadi. Se représentant difficilement cette fâcheuse issue du scrutin, il s’est élevé offusqué : “On n’est pas dans une monarchie !” Avec un verbe sec et tranchant, l’orateur a esquissé le décor d’une seconde investiture pour Bouteflika en prédisant un durcissement des pratiques qui ont émaillé son premier mandat.

Le musellement de la liberté d’expression et le détournement du Trésor public... sont, aux yeux de Sadi, les outils de ce pouvoir monolithique que le Président veut absolument perpétuer.

Le pourra-t-il indéfiniment ? “L’overdose” que Bouteflika a suscitée pourrait avoir raison de lui. Outre le ras-le-bol de la population, le désengagement de la grande muette fait germer un espoir, a estimé le conférencier. Sur le dernier point, Sadi s’est félicité de la neutralité politique récemment affichée par l’ANP. “Je crois à ce que dit l’armée. C’est une grande avancée démocratique”.
Faisant le parallèle avec l’élection de 1999, le président du RCD rappelle que Bouteflika était largement sponsorisé par l’armée, il y a cinq ans. Ce n’est plus le cas désormais. Les chances de ses rivaux sont-elles pour autant préservées ? Pour Sadi, il y avait deux choix, soit se retirer, soit entrer en lice en dépit d’une menace sérieuse de fraude. Engagé de plain-pied dans cette bataille, le président du RCD se prévaut d’être le représentant de la majorité silencieuse, celle qui a payé un lourd tribut pour la nation et mérite aujourd’hui d’avoir sa place dans les institutions. C’est à ce titre qu’il a justifié sa démarche concernant les assises des démocrates et son engagement dans la bataille électorale.

Évoquant tout particulièrement la Kabylie et les appels au boycott du scrutin par une partie des archs, Sadi a estimé “qu’il ne faut pas priver les citoyens de cette région de l’intervention des institutions” afin de contribuer à sa reconstruction.

Il considère les promoteurs du boycott comme “une infime minorité”. En tout état de cause, les jeux sont loin d’être faits, selon Sadi. À ses yeux, l’Algérie est à la fois inéligible à la théocratie et à la monarchie. C’est là encore une autre de ses certitudes. Le reste coule de source. À une dernière question des journalistes sur l’éventuelle participation de son parti à une coalition gouvernementale en cas de réélection de Bouteflika, le président a asséné : “Il faut qu’il devienne le contraire de ce qu’il est. Après tous les désastres qu’il a fait subir au pays, on n’est plus dans le domaine de la représentation politique mais dans l’humiliation de la population et de la désagrégation de la nation”.

source : Liberté