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Trafic d’armes légères en Algérie : la perméabilité des frontières en cause

mercredi 13 avril 2005, par Salim

La prise effectuée par l’armée, durant l’hiver 2003, dans les environs d’Illizi, révèle l’ampleur de ce trafic provenant du Mali ou du Tchad.

Les services de sécurité et la douane ont fort à faire sur les frontières sud du pays. Celles-ci séparent l’Algérie du Sahel et de l’Afrique subsaharienne, deux régions désertiques où la contrebande jouit d’un essor considérable.

De la drogue et des armes transitent souvent par le Mali ou le Tchad, avant d’arriver en Algérie. La prise effectuée par l’armée durant l’hiver 2003 dans les environs d’Illizi révèle l’ampleur de ce trafic. Les terroristes du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) avaient utilisé la rançon payée par les autorités allemandes pour la libération de leurs ressortissants à l’achat d’un véritable arsenal de guerre.
Plus les armes sont petites, plus elles sont faciles à transporter et à dissimuler. Durant plus de dix ans, des attentats étaient commis chez nous avec des pistolets automatiques. “L’Algérie a connu, durant les années quatre-vingt-dix, une expérience amère, marquée par des attentats terroristes et criminels, qui ont fait des milliers de victimes”, a commenté, hier, Abdelaziz Belkhadem.

Le ministre des Affaires étrangères s’exprimait à l’ouverture de la conférence régionale sur le programme d’action des Nations unies de lutte contre le trafic des armes légères, qui se tient depuis hier à la résidence Djenane El-Mithaq. La cérémonie d’ouverture était coprésidée par M. Nobuyasu Abe, secrétaire adjoint de l’ONU chargé du désarmement. Des représentants de l’OCDE, d’Interpol, de l’Union africaine et de la Ligue arabe sont également conviés à cette manifestation qui se poursuivra durant trois jours à huis clos. Du côté algérien, des institutions comme les douanes, la police et la gendarmerie ont mandaté des responsables pour dresser un bilan des efforts déployés dans la lutte contre la commercialisation illicite des armes légères. Refusant de dévoiler à la presse le nombre de saisies de ce type, le directeur de la sécurité de la douane se montre rassurant. Selon lui, les confiscations ne sont pas alarmantes.

De même, le retrait des fusils de chasse aux citoyens constitue, à ses yeux, un gage de sécurité. Cependant, des incidents dramatiques, comme le faux barrage dressé jeudi dernier sur la route de Tablat, viennent nous rappeler que des armes sont toujours entre les mains des terroristes.
Dans son intervention hier, le collaborateur de Kofi Annan a demandé aux pays arabes et africains d’expliciter les contraintes auxquelles ils font face dans la prévention et la lutte contre le trafic des armes légères.

Ces arsenaux tuent un demi-million de personnes dans le monde annuellement. Qui est responsable ? D’après M. Belkhadem, les producteurs des armes, leurs exportateurs et leurs importateurs doivent être combattus. Or, dans la plupart des cas, la fabrication est légale. Aux États-Unis, la détention des armes légères est très fréquente.
D’ailleurs, ce pays est l’un des rares à être hostile au projet de convention sur la lutte contre le trafic des armes légères. C’est en juillet 2001 que le programme d’action de l’ONU a été adopté. Il exhorte les États à édicter des mesures législatives et réglementaires afin d’endiguer le trafic.

Au niveau technique, le marquage fiable de chacune des armes légères est préconisé pour identifier le pays de fabrication et suivre leur trace. Par ailleurs, il est demandé aux autorités nationales de tenir un registre concernant la fabrication, la possession et le transfert de ces armes.

Sur le plan régional et international, la coopération, selon l’ONU, doit s’exprimer à travers une assistance technique et financière. Autant de recommandations risquent toutefois de rester au stade de profession de foi. Dans le monde arabe et en Afrique particulièrement, l’aide des pays développés se manifeste surtout à travers la fourniture d’armes.

Par Samia Lokmane, liberte-algerie.com