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Un chiite modéré pour gouverner l’Irak

jeudi 24 février 2005, par nassim

Le chiite Ibrahim al-Jaafari devrait succéder à Iyad Allaoui à la tête du gouvernement irakien.

Un islamiste chiite modéré, Ibrahim al-Jaafari, devrait remplacer à la tête du gouvernement irakien Iyad Allaoui un autre chiite, laïque celui-là. Chef du parti Dawa Islamiya, il figurait en deuxième position sur la liste chiite sortie victorieuse des élections du 30 janvier. Hier, cette coalition, parrainée par l’ayatollah Ali Sistani, l’a désigné à l’unanimité comme son candidat au poste de Premier ministre.

Solidité. Ce bloc, constitué sur une base essentiellement communautaire, avait remporté 48 % des suffrages exprimés et 140 députés, soit la majorité absolue au Parlement. Malgré son hétéroclisme, il a fait la preuve de sa solidité en se rangeant derrière ce médecin de 58 ans qui, dans l’administration intérimaire, exerçait la fonction honorifique de vice-président. Les autres prétendants se sont désistés, à commencer par Adel Abdel Mehdi, ministre des Finances sortant et l’un des principaux leaders de l’Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak, l’autre grande formation chiite. Ahmed Chalabi, ex-protégé du Pentagone aujourd’hui en disgrâce, a été le dernier à déclarer forfait, hier, « à la dernière minute ».

L’Assemblée constituante doit élire à la majorité des deux tiers le chef de l’Etat et ses deux vice-présidents. C’est à ce « conseil présidentiel » qu’il appartiendra ensuite de désigner le Premier ministre. Un accord devrait être trouvé entre ce bloc chiite et les Kurdes qui contrôlent 77 sièges sur un total de 275. Jalal Talabani, chef de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), est ainsi donné favori pour le poste de Président.

Prématuré. Ibrahim al-Jaafari, qui a fui l’Irak en 1980, a été parmi les premiers exilés à regagner son pays au printemps 2003. S’exprimant hier, il a promis de « commencer [par améliorer] la sécurité, car c’est une question qui ne laisse aucun répit aux citoyens ». Il a jugé prématuré l’établissement d’un calendrier pour le départ des troupes de la coalition. « Quand nous aurons fini de bâtir des forces de sécurité irakiennes, nous demanderons aux forces étrangères de quitter l’Irak. »

Par Christophe BOLTANSKI, liberation.fr