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Le Maroc et l’Algérie engagent un curieux dialogue

samedi 29 mars 2008, par Rédaction

Le Maroc et l’Algérie semblent avoir du mal à relancer le dialogue pour repenser leurs relations bilatérales et la construction d’un Maghreb économique.

L’Algérie, le Maroc et le Polisario.

Les deux pays développent un beau discours pour justifier l’impasse dans laquelle se trouve la construction maghrébine. Réponse du berger à la bergère : c’est la formule qui semble s’appliquer le mieux à la réaction de l’Algérie, face à l’offre du Maroc d’ouvrir la frontière pour tenter de normaliser les relations bilatérales. Et, en l’état actuel des choses, il ne pouvait en être autrement. Non à cause de positions de principes, affirmées dans les deux capitales, mais en raison de l’impasse politique dans laquelle végètent les deux pays, incapables d’offrir une perspective maghrébine malgré les professions de foi auxquelles plus personne ne croit. Quelques rappels s’imposent. L’idéal maghrébin a été réellement partagé par les mouvements nationalistes, bien avant les indépendances. Quatre décennies plus tard, le constat est amer. A l’exception de l’initiative lancée avec l’Union du Maghreb arabe, il y a vingt ans, initiative rapidement enterrée, la situation est encore au point zéro, avec une frontière algéro-marocaine fermée, ce qui constitue une absurdité en ce 21ème siècle.

L’impasse est telle que l’Europe elle-même s’en inquiète. La glaciation qui domine au Maghreb constitue en effet une menace pour la sécurité du flanc sud de l’Europe. Immigration clandestine, trafics en tous genres, débordements terroristes, menaces potentielles contre l’approvisionnement en énergie, possibilité de glissement vers des Etats défaillants, incapables de gérer leurs territoires respectifs, tout inquiète l’Europe, qui ne s’est pas privée de l’exprimer publiquement. Toute tentative visant à débloquer cette situation est, dès lors, la bienvenue. Quel qu’en soit l’auteur. Le Maroc semble avoir pris la mesure de cette attente, aussi bien interne qu’externe. C’est ce qui semble motiver son offre de normalisation, une offre qui n’en est pas une, car elle a d’autres objectifs, probablement liés aux grandes manoeuvres visant à réorganiser la rive sud de la Méditerranée, sous l’égide de l’Europe. Dans cette logique, le Maroc s’est donné le beau rôle. Son initiative tente à accréditer l’idée selon laquelle le Maroc est un pays ouvert, disponible, prêt à avancer, sensible aux grands changements et disposé à les accompagner. A contrario, l’Algérie serait un pays fermé, incapable de bouger et d’accompagner un grand mouvement régional qui se dessine. Et même si le Maroc a réussi à acquérir une image médiatique meilleure que celle de l’Algérie, la réalité est différente, car les deux pays ont des régimes largement similaires, autoritaires, avec la même prééminence des structures militaro-policières, s’appuyant ici sur la bureaucratie, là sur le makhzen. Au jeu des petites manoeuvres, les deux pays font jeu égal.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après Le Quotidien d’Oran