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L’Algérie face à la violence des voyous

jeudi 29 mai 2008, par Rédaction

Les violences qu’a connue la ville d’Oran dans l’ouest de l’Algérie imposent un débat national sur le phénomène de la violence qui n’honore pas le pays.

Les voyous à Oran en Algérie.

Le sport de masse débordant l’émeute de masse et une ville d’Oran totalement secouée qui ne comprend pas qu’elle pouvait contenir tant de violences. Une ville qui se met à regarder ses enfants autrement. Des dangers pour eux-mêmes, des dangers pour les autres. Il n’y a en effet rien de beau dans l’émeute, dans le mouvement fou de la foule. On sait que les jeunes se plaignent de la hogra, de désoeuvrement, de l’injustice. Mais dans l’esprit aveugle de la foule et de l’émeute, comment ne pas constater, par mille et un faits, qu’ils commettent des injustices à l’égard des autres. Comment en arrive-t-on à ces extrémités où de paisibles gens sont pris à partie par des jeunes en furie contre tout. Le football n’est qu’un prétexte. Un de plus. Ce qu’il ne faut pas occulter est que l’Algérie n’arrive toujours pas à trouver les moyens d’éviter que la violence devienne une sorte de premier recours. Les émeutiers sont condamnables car ils ne construisent pas mais détruisent. Mais il serait trop facile de s’arrêter à ces jugements et de résoudre le problème en décrétant que tous les casseurs ne sont que des voyous. Ce serait se mentir. Les Oranais, comme les habitants d’autres villes ou d’autres localités, savent que lors des émeutes, ce sont des jeunes ordinaires, bien sous tous rapports, qui basculent. Il s’agit bien d’enfants algériens, les nôtres. Cela devrait être suffisant pour nous éviter ces conclusions sommaires qui donnent une fausse tranquillité. Or, si l’on évite de se casser la tête et de poser les questions, il y aura d’autres casses, d’autres violences, d’autres hogras. (Une Opinion ? Connectez-vous sur le forum algerie-dz.com pour commenter l’article : http://www.algerie-dz.com/forums)

On s’est accommodé depuis des années un peu trop légèrement à ce que les jacqueries et les émeutes ne soient lues que sous l’angle de la préservation de l’ordre public. C’est un aspect important, l’Etat a la responsabilité d’assurer l’ordre public et de préserver les biens et les personnes. Ce n’est pourtant qu’un aspect. Ce qui pose problème, c’est qu’on a semblé insensible aux signaux de détresse et de colère envoyés par une jeunesse qui a des problèmes et qui est le problème numéro un de l’Algérie. Pourquoi ce qui semble si évident aux citoyens ne l’est-il pas pour les gouvernants ? La réponse, on la connaît bien et presque personne n’ose plus la redire, par lassitude, par fatigue : nous avons un système fermé sur lui-même, qui fonctionne pour lui-même et qui est convaincu qu’il fait pour le mieux. C’est cet enfermement, qui confine souvent à l’autosatisfaction, qui ne permet plus aux hommes qui gouvernent de combler la distance béante qui existe entre l’Etat et la société réelle, celle qui trime, comme celle qui accumule les frustrations. C’est cet enfermement, avec une scène politique fictive et sans acteurs véritables, qui pose problème depuis des années. On ne socialise plus, on ne crée plus de liens. Les jeunes n’ont même plus de langage pour formuler un projet. Mais ce sont des jeunes pleins d’une énergie qui, comme un torrent, trouvera, à défaut d’être canalisée pour leur propre bien et celui du pays, d’autres voies pour se déverser. Il n’y a rien de beau dans les émeutes des jeunes.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après Le Quotidien d’Oran