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Sonatrach : chiffres et perspectives

lundi 7 février 2005, par Hassiba

Compagnie à dimension internationale, la Sonatrach compte une proportion assez appréciable dans la production pétrolière et gazière mondiale. Pionnière dans la liquéfaction du gaz, elle fournit aujourd’hui plus de onze pour cent des besoins gaziers de l’Europe occidentale.

Un taux appelé à augmenter si l’on s’en tient aux objectifs d’exportations gazières qu’elle a définis. Le groupe ambitionne de mettre sur le marché quatre-vingt-cinq milliards de mètres cubes de gaz d’ici à 2010. Il projette ainsi de s’inscrire dans l’évolution du marché gazier européen, ouvert aujourd’hui à la concurrence, libéralisé, en vertu d’une directive instituée par Bruxelles. Il s’agit d’un document élaboré en solo par les Européens. Il établit dans le détail les règles communes se rapportant au transport, à la distribution, à la fourniture et au stockage du gaz naturel. Il définit aussi les modalités de fonctionnement, d’organisation de ce secteur, d’accès au marché et d’exploitation des réseaux ainsi que les critères et les procédures applicables aux autorisations de transport, de distribution, de fourniture et de stockage.Dans le domaine pétrolier, l’objectif qu’il affiche est d’augmenter considérablement et la production pétrolière et ses quotas au sein de l’OPEP.

L’Algérie a officiellement soumis à l’organisation pétrolière une demande de relèvement de quotas. Elle est actuellement à l’étude. A l’évidence, l’Algérie ne peut revoir à la hausse ses exportations pétrolières que si ses pairs de l’OPEP diminuent les leurs, dans un souci d’équilibre.Le rythme de production, de même que le mode de fonctionnement de la compagnie nationale, est inscrit dans cette dynamique que le département de tutelle veut imprimer au secteur de l’énergie, sous-tendu par une nouvelle loi en projet, celle sur les hydrocarbures. Celle-ci a été déjà discutée en conseil interministériel, il y a deux semaines. Elle le sera en Conseil des ministres dans les jours à venir, avant d’atterrir au bureau de l’APN pour débat au printemps prochain.La nouvelle législation en perspective a été relancée par le Premier ministre, à l’ouverture des travaux du Sénat, durant l’automne dernier. Ce texte de loi a fait parler de lui. Avant son gel, syndicat et ministère de l’Energie se disaient disposés à renouer le dialogue et à reparler des dispositions qui fâchent, à l’exemple de celles liées à la prise de participation de Sonatrach dans les permis d’exploitation attribués aux compagnies étrangères.

Dans l’avant-projet en question, il est dit que la Sonatrach a droit à seulement 25%. On s’en souvient, les péripéties de ce document étaient telles qu’elles ont déteint sur le fonctionnement des opérations d’exportation des hydrocarbures en raison des mouvements de grève décrétés par l’UGTA. Son gel à la veille des élections présidentielles obéissait-il à une logique électoraliste ? La centrale syndicale a adhéré au programme présidentiel, défendu par le Président sortant lors de sa campagne électorale, le document de loi étant mis sous le coude des autorités. En contrepartie de son soutien, l’UGTA a-t-elle reçu des garanties discutables autour de ce projet, « exhumable » ? Savait-elle que la tutelle tient toujours à son projet ? Le ministre de l’Energie et des Mines l’a dit en 2003 à plusieurs reprises : la loi en vigueur sur les hydrocarbures ne permet pas de larges manœuvres en matière d’investissements étrangers.Pour donner du poids à ses arguments, il donne en exemple le projet intégré de Gassi Touil où la législation actuelle n’autorise pas à confier certaines parties du projet à des tiers. Il a fallu de ce fait toute une acrobatie pour trouver des formules permises par la loi. Chakib Khelil constate qu’il n’est pas normal, du point de vue économique, de continuer d’obliger le groupe Sonatrach à s’occuper de projets qu’il estime non rentables comme le transport par canalisations. Aujourd’hui, la centrale syndicale observe un silence pour le moins étrange sur ce texte de loi, avant qu’elle n’ait été invitée par le chef du gouvernement à en discuter. L’invitation au dialogue, Ahmed Ouyahia l’avait faite lors de la cérémonie d’installation de l’autorité de régulation d’électricité et de gaz ainsi que la commission minière, organisée fin janvier au siège de Sonatrach.

Des contrats en série
En attendant un toilettage de la législation en vigueur, la compagnie nationale compose avec ce dont elle dispose, et les résultats qu’elle dégage s’améliorent, qu’il s’agisse de contrats d’exploration ou financiers. En plus du gros contrat gazier de Gassi Touil, signé avec les Espagnols, elle a conclu, fin 2004, huit, pétroliers ceux-là, et pour un investissement estimé à 141 millions de dollars. Et les compagnies contractantes jouissent d’une réputation approuvée : BHP/Woodside, CNPC, Sinopec, Amerada Hess, Repsol/Gaz Natural, Petroceltic et Statoil. Ces dernières auront à financer entièrement les opérations de recherche et d’exploration dans le cadre de ces accords. Quelques chiffres pour en illustrer la portée. Le contrat conclu avec BHP/Woodside concerne le bloc 408a-409, d’une superficie de 10,719 km², situé sur le périmètre Ksar Hirane, dans le bassin de Benoud. Il prévoit pour la phase d’exploration d’une durée de trois ans des travaux d’acquisition sismiques sur 600 km² et le forage d’un puits d’exploration. L’investissement global financé par le consortium est établi à huit millions de dollars. Une deuxième phase additionnelle de deux ans est incluse dans le contrat. Elle prévoit la réalisation de travaux sismiques et le forage d’un puits d’exploration pour un investissement global de cinq millions de dollars.

Le contrat signé avec la compagnie chinoise CNPC porte sur le bloc 438b, d’une superficie de 4 353 km², situé sur le périmètre d’El M’zaïd, dans le bassin de Oued Mya. Il prévoit pour la première étape d’exploration d’une durée de trois ans des travaux sismiques sur 500 km² et le forage d’un puits d’exploration et de deux puits d’appréciation. Le montant global de l’investissement à consentir totalement par les Chinois est évalué à 20 millions de dollars. Ce contrat comporte une période additionnelle de deux ans avec des travaux sismiques sur 200 km² et le forage d’un puits d’exploration pour un investissement de sept millions de dollars. Avec le groupe norvégien Statoil, il a été signé un contrat portant sur le bloc 319-317b-3321b-322b2, d’une superficie de 22 992 km², situé sur le périmètre de Hassi Mouina, dans le bassin de Gourara. Le contrat prévoit pour la première étape, d’une durée de trois ans, des travaux sismiques sur 400 km² et le forage d’un puits d’exploration. L’investissement à consentir est de douze millions de dollars. Ce contrat comporte également une période additionnelle de deux ans avec la réalisation de travaux sismiques sur 100 km² et le forage d’un puits d’exploration pour un montant en investissement de 5,5 millions de dollars. Les Norvégiens ont installé, fin 2004, une antenne à Alger.

Sur 2004, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 31,5 milliards de dollars et des exportations pétrolières de vingt-huit milliards de dollars, en plus des trois milliards de dollars de ses associés. A l’échelle africaine, la Sonatrach a été classée, sur trois années consécutives, première compagnie sur un échantillon de cinq cents entités, tous secteurs confondus.

Par Youcef Salami, La Tribune