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Inquiétudes sur les réserves de change de l’Algérie

mercredi 15 octobre 2008, par Rédaction

Des experts algériens s’inquiètent du devenir des réserves de change de l’Algérie en grande partie investies aux Etats-Unis qui fait face à une grave crise financière.

Les réserves de change de l’Algérie.

Tous les doutes ne sont pas dissipés au jour d’aujourd’hui sur d’éventuelles pertes qu’aurait subies l’Algérie en dépit des assurances fournies par le gouverneur de la Banque d’Algérie à qui échoit la gestion de ce matelas de devises. D’un montant de 133 milliards de dollars à juillet 2008, ces réserves de change restent une garantie financière en prévision des « années de vache maigre ». D’abord, elles représentent plusieurs années d’importations. Ensuite, elles peuvent revêtir également la fonction de soutenir la monnaie nationale au cas où celle-ci venait à s’effondrer, comme on l’a vu auparavant avec la dévaluation du dinar. Cette question cependant pose toute la problématique des performances économiques de l’Algérie. Si nous prenons le cas du projet de loi des finances 2009, il est important de faire remarquer que le solde budgétaire (négatif) s’élève plus de 20% du PIB (produit intérieur brut, un indicateur mesurant la richesse créée durant l’année). Ce déficit sera financé en puisant dans le Fonds de régulation des recettes (FFR), un fonds où est mis le surplus fiscal recouvré par rapport à la fiscalité budgétisée, peut-être aussi longtemps que les prix du brut le permettent. Car il faut bien savoir que cela est encore possible simplement parce que les cours de pétrole restent bien supérieurs par rapport aux prix de référence servant à l’élaboration des lois de finances.

Et il est d’ailleurs intéressant de faire remarquer que pour la prochaine loi de finances, le prix de référence a été porté au niveau de 37 dollars. Là, nous sommes loin déjà des niveaux actuels des cours qui oscillent autour de 80 dollars. D’où, peut-être, la quiétude du gouvernement. Il faut convenir cependant que le gouvernement a le don de vivre dans le présent, préférant ignorer cette épée de Damoclès qui reste suspendue sur notre économie et qui a pour nom « l’effondrement des prix ». Ainsi que l’a commenté récemment un banquier français, au plus fort de la crise à la fin du mois de septembre, l’Algérie conserve encore une « marge » pour faire des affaires, la marge étant le différentiel entre le prix de référence (37dollars) et les cours de pétrole actuels. Mais même là encore, l’écart n’est pas aussi grand qu’on pourrait être amené à le croire. En réalité, la marge est réduite si l’on tient compte du « prix d’équilibre » pour la loi de finances. A titre d’exemple, en 2006, le prix de référence qui était de 19 dollars correspondait en vérité à un prix d’équilibre de 42 dollars. C’est-à-dire que le prix de baril qu’il faut aujourd’hui pour équilibrer les dépenses et les recettes est en réalité supérieur aux 37 dollars de la loi de finances 2009. Ainsi, si l’on doit dire que notre économie n’est pas touchée immédiatement par cette crise parce qu’elle n’a pas englouti des quantités de notre si rare devise, il reste, par contre, qu’elle n’en a pas moins sonné l’alerte d’avertissement et montré notre si grande fragilité. En réalité, cette crise financière internationale vient nous rappeler que la santé financière de l’Algérie tient à un tuyau.

Synthèse de Mourad, www.algerie-dz.com
D’après El Watan