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Le Maroc intéresse les évangélistes

jeudi 17 mars 2005, par nassim

Le nombre de personnes qui se présentent comme missionnaires évangélistes clandestins a plus que triplé depuis 2002 au Maroc.

Le fait de ne pas être rattaché à une Eglise a, sans aucun doute, poussé les missionnaires évangélistes à être beaucoup plus entreprenants, n’hésitant pas à exploiter la misère de certains en prônant le protestantisme avec, comme mission majeure, la création de la minorité chrétienne au Maroc.

Le phénomène d’évangélisation agressive est dominé depuis le 19e siècle par des protestants qui ne sont liés à aucune entité centrale comme chez l’Eglise catholique où il existe un pouvoir central représenté par le Saint Siège qui contrôle l’ensemble des activités de ces adeptes. Le silence radio des autorités marocaines a probablement été interprété par les missionnaires comme étant un feu vert de lancer leurs activités souterraines. Il faut dire également que le gouvernement marocain entretient des liens avec les Evangéliques américains. Une grosse pointure de ce courant, Josh McDowell, représentant entre autres le campus Crusade for Christ International (7000 volontaires dans le monde), a été invité officiellement au Maroc il y a quelques mois. Il a rencontré récemment plusieurs politiques, au gouvernement et dans le tissu associatif. Josh McDowell a aussi rencontré les missionnaires américains présents au Maroc, ceux_là mêmes qui « encadrent » les cellules de Marocains christianisés au protestantisme rigoriste.

Selon une source qui a préféré garder l’anonymat, une grande majorité de ces missionnaires sont fondamentalistes. Elle cite l’exemple d’un missionnaire américain d’origine coréenne à Agadir qui défend à ces disciples d’assister à un culte à l’Eglise. Il est à signaler que les missionnaires tiennent annuellement une réunion à Rabat certainement pour faire le bilan de leurs activités et étudier de nouvelles méthodes susceptibles de faire mouche chez les jeunes fragiles. Pour les autorités marocaines, c’est le moment ou jamais de se prononcer sur le problème et de tracer les lignes rouges à ne pas dépasser. Si l’implantation des Eglises est permise, le prosélytisme est formellement interdit.

Le prosélytisme dans le code pénal

L’article 6 de la Constitution marocaine stipule que : « L’Islam est la religion de l’Etat qui garantit à tous le libre exercice des cultes ». En d’autres termes, l’écrasante majorité des marocains naissent musulmans. Il existe également une communauté juive marocaine.

Les autres religions monothéistes sont admises. En droit, « rien ne s’oppose, a priori, à ce qu’un Marocain refuse l’Islam tant que cet individu ne contraint ou empêche une ou plusieurs personnes d’exercer un culte ou d’assister à l’exercice d’un culte. L’article 220 du code pénal marocain prévoit des peines d’emprisonnement allant de six mois à trois ans pour toute personne qui tente d’ébranler la foi d’un Musulman soit en employant des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un Musulman ou de le convertir à une autre religion (prosélytisme), soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats ». Ce même code reconnaît le libre exercice des cultes et protège ce droit dans ses articles. En parallèle, il prévoit, dans son article 269, des sanctions à l’encontre des actes portant atteinte au respect dû aux morts et aux lieux de sépultures.

Les articles 431 et 431-2 sanctionnent « toute personne qui opère une discrimination fondée sur l’appartenance à une ethnie ou à une religion déterminée en refusant la fourniture d’un bien ou d’un service, en entravant l’exercice normal d’une activité économique quelconque, en refusant d’embaucher, en sanctionnant ou en licenciant une personne, et en subordonnant la fourniture d’un bien ou d’un service ou l’offre d’un emploi à l’appartenance à une race ou religion déterminée ».

En revanche, le code pénal ne prévoit pas de sanctions à l’encontre d’un Musulman qui se convertit au christianisme ou à toute religion révélée. Il n’existe aucun article, ni alinéa qui condamnent clairement cela.

Source : lematin.ma