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Les moines et la guerre d’Algérie

vendredi 10 juillet 2009, par Samir

L’affaire des moines de Tibhirine assassinés par les GIA a été relancée par un général français en pleine célébration de la fête de l’indépendance de l’Algérie.

Les moines assassinés en Algérie par le GIA.

Le secret défense sera levé sur tous les documents que demandera la justice concernant la mort de sept moines français en Algérie en 1996, a promis le président français Nicolas Sarkozy. « Naturellement, je lèverai le secret-défense sur tous les documents que me demandera la justice » , a-t-il dit lors d’une conférence de presse à l’Elysée avec le président brésilien Lula da Silva. Ajoutant : « La justice doit avoir tous les documents. On ne peut pas dire que l’amitié entre les peuples et les pays peut résister au mensonge. Je suis vraiment déterminé à ce que la lumière soit faite. » Le juge d’instruction Marc Trévidic, chargé du dossier des moines, va donc demander qu’on lui remette les rapports que François Buchwalter dit avoir remis au ministère de la Défense et à l’état-major en 1996. Reste à savoir si tous les documents concernant cette affaire seront rendus publics, notamment pour ce qui concerne les rapports noués entre les services français et les ravisseurs des moines — car il y a eu effectivement des négociations ainsi que l’avaient rapporté alors des médias français — ou le fait que la DGSE et la DST s’étaient livrées — chacun de son côté — à une concurrence dont on aimerait savoir à quels motifs réels elle obéissait. Pour être clair, je n’invente rien : il faut seulement consulter ce qu’ont rapporté, documents à l’appui, plusieurs quotidiens français à l‘époque. Une chose est sûre, bien que de nombreuses zones d’ombre planent sur cette affaire, il faut savoir que la levée du secret-défense relèvera en définitive du ministère de la Défense français, après avis d’une commission.

Autrement dit, tout porte à croire que tous les documents concernant ce drame ne seront pas déclassifiés ! Retenons une chose : cette célérité française de lever le secret-défense sur le cas des moines de Tibhirine tranche singulièrement avec toutes les restrictions mises pour l’accès aux archives classées « secret-défense » et « très secret », concernant la guerre d’Algérie et plus généralement la période coloniale. Et bien qu’il constitue une avancée, le projet de loi adopté en 2008 sur l’accès aux archives de la période coloniale n’avait pas satisfait les historiens français qui, dans une pétition adressée aux pouvoirs publics français, ont dénoncé le fait que ce projet de loi contenait « des dispositions qui portent gravement atteinte à la liberté d’écriture et à la recherche historique ». En d’autres termes, les documents sensibles pouvant permettre de faire la lumière sur la responsabilité de l’Etat français sur la guerre d’Algérie et de ceux qui l’avaient servi à l’« époque — certains sont encore vivants — resteront dans les 5 000 cartons du ministère français de la Défense. Aux Etats-Unis, il en va autrement. Ce pays a déclassifié des documents écrits et filmés sur la guerre du Vietnam. Tout récemment, Washington a rendu publics les interrogatoires de Saddam Hussein menés par le FBI révélant que le véritable ennemi de Saddam n’était pas les Etats-Unis, mais son voisin l’Iran. Et que c’était pour faire peur à l’Iran que le dirigeant irakien avait monté de toutes pièces son histoire d’armes de destruction massive. Ces documents montrent surtout que George Bush avait menti et, qu’en plus, l’accusation mensongère selon laquelle Saddam soutenait Al-Qaïda n’avait pour seul et unique but que de renverser un régime nuisant aux intérêts des Etats-Unis. On ne peut pas en dire autant de la France de Sarkozy qui, 47 ans après la fin de la guerre d’Algérie, continue d’opposer la raison d’Etat à l’établissement de la vérité historique.

Synthèse de Samir, www.algerie-dz.com
D’après le Soir d’Algérie