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Nucléaire algérien

Paris soupçonne Washington d’avoir des arrière-pensées inavouables

mardi 23 mars 2004, par Hassiba

C’est un nouveau sujet de désaccord entre les Français et les Américains. Paris ne partage pas les inquiétudes de Washington sur le nucléaire algérien, qu’il juge “exagérées”.

Liberté a appris de sources concordantes que les Français viennent de faire savoir aux Américains que les informations contenues dans certains rapports transmis, récemment, à l’Administration Bush concernant les capacités nucléaires algériennes sont “purement fantaisistes”. Selon Paris, Alger n’est pas actuellement en mesure de produire la bombe atomique.

Les deux réacteurs nucléaires algériens, Al-Nour et Salam, ne seraient pas assez puissants pour produire des armes prohibées comme le suggèrent les rapports américains auxquels de proches conseillers de George Bush semblent accorder beaucoup de crédit. Comme l’a révélé Liberté dans son édition du 6 mars dernier, depuis quelques semaines, Washington multiplie les pressions sur le gouvernement algérien pour le contraindre à accepter des visites inopinées des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Une demande à laquelle Alger a répondu récemment : le ministre des affaires étrangères a indiqué, mercredi dernier, que l’Algérie est signataire de l’accord sur la non-prolifération des armes nucléaire. Mais l’argument ne semble pas avoir convaincu les faucons de l’Administration Bush. Ces derniers attendent l’issue de l’élection présidentielle du 8 avril pour faire monter la pression sur Alger. Une attitude qui commence à inquiéter Paris.
Les Français, en perte de vitesse dans la région du Maghreb, voient, en effet, d’un mauvais œil ce soudain intérêt américain pour l’industrie nucléaire algérienne. “Tout le monde sait que l’Algérie est actuellement incapable de se doter de l’arme atomique”, affirme une source proche du gouvernement français, qui a requis l’anonymat.

Il en va de même pour les capacités réelles de l’armée algérienne : Paris estime que les récents rapports - dont certains ont été publiés dans la presse - sur la force de frappe de l’ANP sont loin de refléter la réalité. “Après plus de dix ans de lutte contre les groupes islamistes armés, l’armée algérienne a certes acquis un certain savoir-faire en matière de lutte contre la guérilla”, ajoute le spécialiste. “Mais elle est loin d’être aujourd’hui l’armée la plus puissante du monde arabe.” Du coup, les Français soupçonnent les Américains d’avoir des arrière-pensées inavouables. Pays pétrolier et gazier important, l’Algérie intéresse de très près les Américains. Ces derniers voient d’un très mauvais œil le refus persistant des Algériens de réformer le secteur des hydrocarbures. Après l’élection présidentielle, ils pourraient donc passer à la vitesse supérieure pour tenter d’imposer leurs vues.

Guemache Lounés , Liberté