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Lynndie England devant les juges

lundi 2 mai 2005, par Hassiba

Lynndie England, la « plus célèbre » tortionnaire d’Abou-Ghraïb devant les juges d’un tribunal militaire.

Fort Hood, Texas, 2 mai (Reuters) - La réserviste de la

Lynndie England.

police militaire américaine Lynndie England, poursuivie pour sévices sur des détenus irakiens à la prison bagdadie d’Abou-Ghraïb, connaîtra cette semaine sa sanction à l’issue du procès devant le tribunal militaire de Fort Hood (Texas). England, qui avait suscité l’indignation de la communauté internationale en posant, hilare, devant un détenu irakien nu et tenu en laisse, plaidera coupable ce lundi de sept des neuf chefs d’inculpation retenus contre elle, a déclaré à Reuters son avocat, le capitaine Jonathan Crisp.

Agée de 22 ans, la soldate de première classe Lynndie England encourt une peine maximale de onze ans de prison. Elle était passible dans un premier temps de 16 ans et demi de prison, mais dans le cadre de l’accord qu’elle pourrait conclure avec le tribunal, la peine maximale encourue devrait être atténuée. Son avocat espère que la cour martiale se montrera encore plus clémente après avoir pris connaissance des preuves de déficiences mentales dont souffre l’accusée. « La justice sera faite sur la base des preuves apportées à ce stade », a déclaré Crisp. « Le gouvernement a certainement été plus souple ces derniers temps qu’il ne l’avait été initialement. Je crois qu’il reconnaît que le rôle que la jeune femme a joué dans cette affaire n’est pas ce que l’on pensait initialement. Elle était un simple pion. »

En janvier, un tribunal militaire avait par ailleurs condamné Charles Graner, l’amant de Lynndie England, à dix années de prison pour son rôle dans le scandale. Graner, père de l’enfant qu’England a mis au monde en octobre après son rappel aux Etats-Unis, avait axé sa défense sur l’obéissance aux ordres reçus de ses supérieurs, un argument qui n’avait pas convaincu le jury. Le Pentagone a disculpé quatre des cinq commandants de la police militaire chargée de la surveillance de la prison. Seul le général Janis Karpinski, qui commandait l’établissement, a été relevé de ses fonctions et a reçu un blâme.

Des membres de l’unité de police militaire de Lynndie England affirment que la soldate n’était pas autorisée à se rendre à l’endroit de la prison où les abus ont été infligés mais qu’elle y allait régulièrement pour retrouver Graner. « Il n’y avait absolument aucune raison (professionnelle) pour elle d’aller là-bas, que ce soit pour une mission ou des tâches administratives », a déclaré un membre de son unité sous le sceau de l’anonymat. « Avant, c’était vraiment une bonne soldate, a-t-il ajouté. Une fois que leur relation a débuté, les choses se sont rapidement détériorées. » Graner devrait témoigner lors de la dernière phase du procès d’England, a précisé Jonathan Crisp. « Vous allez apprendre des choses sur le rapport de pouvoir entre ces deux personnes, les manipulations et les choses de ce genre. Vous verrez comment son passé mental joue en sa faveur », a ajouté son défenseur.

Par Adam Tanner, liberation.fr