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Les candidats préparent leur campagne

Présidentielle 2004

vendredi 5 mars 2004, par Hassiba

La campagne électorale s’ouvrira officiellement le 18 mars. Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis, Saïd Sadi et Louisa Hanoune ont confié sa direction à des hommes connus pour leur sens de la communication.Djaballah a opté pour la discrétion incarnée par le président du groupe parlementaire d’El-Islah, Abdelghafour Saâdi, tandis que Fawzi Rebaïne ne désignera son directeur de campagne que jeudi, à l’issue de la réunion des coordinateurs de wilaya de son parti Ahd 54.

Abdelmalek Sellal : “Nous misons sur le travail de proximité”

Nul ne pouvait deviner que le président de la République compterait sur Abdelmalek Sellal pour lui diriger sa campagne électorale. Interrogé sur les raisons de ce choix, le désormais ex-ministre des Transports n’en avance aucune. “Le président de la République m’a appelé. Il m’a fait cette proposition. J’ai accepté”.
Il semblerait que Bouteflika, exaspéré par les convoitises affichées, notamment par les ténors du mouvement de “redressement” et surtout échaudé par son expérience avec Ali Benflis (son directeur de campagne en 1999, devenu l’un de ses plus redoutables adversaires en 2004), a préféré confier cette mission à un homme, qui lui a exprimé jusqu’alors sa fidélité dans la discrétion, qui incarne l’équilibre régional (Sellal est un Kabyle ayant grandi à Constantine) et qui ne se revendique d’aucune chapelle partisane.
C’est justement pour cette qualité qu’il avait intégré, à un poste clé, le gouvernement Hamdani chargé de préparer l’élection présidentielle anticipée de 1999. Il a survécu aux innombrables changements de gouvernement passant du ministère de l’Intérieur à celui de la Jeunesse et des Sports puis à celui des Transports. Ce qui prouve qu’il a su faire valoir des soutiens solides en haut lieu, ou a-t-il gagné tout simplement la confiance de Bouteflika.
Autre atout de Sellal : son affabilité et son humour qui l’ont préservé des critiques de la presse.
Il suscite plutôt une sympathie qui ne manquera pas de jouer en faveur du candidat qu’il devra présenter sous son meilleur profil, médiatique s’entend. D’ailleurs, il mise sur “une bonne campagne médiatique”. Ahmed Bedjaoui, Abdelkrim Djaâd et Toufik Khelladi l’assisteront dans cette tâche. Des responsables du RND, du MSP et du mouvement de “redressement” aussi.
“Nous allons monter un staff électoral dans lequel figureront les représentants de tous les partis qui soutiennent notre candidat, y compris le PRA, le PNSD et l’UDR”, affirme Sellal. Les membres du gouvernement seraient empêchés d’animer la campagne. “Nous allons axer sur le travail de proximité, mettre à profit le bilan positif du Président et présenter un programme moderniste”, promet-il. Le staff de campagne de Bouteflika a élu sa permanence dans une villa à Hydra.

Djamel Ferdjallah : “La communication est le cœur de notre stratégie”

C’est tout naturellement que la mission de superviser la campagne électorale de Saïd Sadi a échu à son premier vice-président Djamel Ferdjallah, connu pour son engagement avéré pour le parti. “C’est un choix qui relève du pouvoir discrétionnaire du candidat. Car il devait exister un contrat moral, éthique et politique entre lui et son directeur de campagne”, explique Ferdjallah.
Cet ex-député de Béjaïa a été la cheville ouvrière du parti, durant les années de braise, en sa qualité de secrétaire national à l’organique.
Il avait su aussi gagner la sympathie de très nombreux journalistes quand il a pris en charge la communication (1998 à 2001). Pourtant, il a activé à l’ombre de trois personnages surmédiatisés... du parti, dont deux (Amara Benyounès et Khalida Toumi pour ne pas les nommer) qui l’ont déserté quand il a fallu au RCD quitter le gouvernement (mai 2001). Ferdjallah s’est aussi impliqué personnellement dans la gestion de la crise de Kabylie notamment à Béjaïa, sa ville natale.
À titre d’exemple, il a usé à maintes reprises de son immunité parlementaire pour faire sortir de la prison de nombreux délégués du mouvement citoyen ou pour leur porter secours dans la rue, au moment de leur arrestation. Dès le lendemain de l’annonce, par le président du Conseil constitutionnel, de la liste des candidats officiels à la magistrature suprême, le numéro 2 du RCD a commencé, avec son équipe et le candidat du parti, à affiner la stratégie de la campagne électorale.
“La communication est l’axe structurant de cette stratégie”. Le RCD prévoit de diversifier les supports médiatiques (audiovisuels, graphiques et même ludiques) pour toucher le maximum d’électeurs.
“Nous sommes en contact avec plusieurs boîtes de communication privées”, indique notre interlocuteur. “Il nous faut penser aussi à la gestion territoriale de la campagne, à mettre en place les moyens logistiques et le financement”, nous confie-t-il. Saïd Sadi animera des meetings dans l’ensemble des chefs-lieux de wilayas du pays et aussi à l’étranger.
Des cadres et sympathisants du Rassemblement le suppléeront dans les localités qu’il ne pourra pas couvrir. La permanence du cerveau de la campagne sera installée au siège national du parti à El-Biar, tandis que la coordination de la logistique se fera au siège de l’exécutif national, rue Didouche-Mourad, à Alger.

Abdelkader Sallat : “Les médias publics doivent être ouverts à tous les candidats”

“Beaucoup de personnes méritaient de diriger la campagne électorale de Ali Benflis. Son choix s’est porté sur moi. Peut-être parce que je maîtrise les questions juridiques”, nous dira Abdelkader Sallat, l’incontournable interlocuteur des journalistes dans ce qu’il convient d’appeler “l’inextricable affaire du FLN”.
Ce personnage, presque aussi médiatique que le secrétaire général de son parti, était, il y a à peine quelques mois, inconnu du grand public. Son passage à la tête du ministère chargé de la réforme pénitentiaire n’a pas été particulièrement percutant, en ce sens qu’il n’avait pas eu le temps de réaliser de grands projets qui auraient fait parler de lui.
Étrangement, c’est son positionnement dans le camp d’Ali Benflis, dans la guerre larvée qui oppose la direction issue du huitième congrès au mouvement de “redressement” piloté par le ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Belkhadem, qui le sortira de l’anonymat. Dans son travail, Abdelkader Sallat sera aidé par Ali Mimouni (ancien secrétaire national chargé de la communication au sein du FLN et conseiller du président de l’APN Karim Younès) et de Djamel Benchaâbane (député et ancien wali de Relizane).
“Notre candidat Ali Benflis couvrira, lors de la campagne électorale, l’ensemble du territoire national. Des meetings seront animés, en outre, par les cadres du parti et les personnalités qui soutiennent sa candidature, dont les responsables du CCDR (notamment Abdelhak Brerhi, ndlr) et d’El-Badil (Sofiane Djilali et Haïder Bendrihem, ndlr)”, révèle notre interlocuteur.
Le slogan de campagne du premier adversaire déclaré du chef de l’État est assez évocateur : “pour que revienne l’espoir”. Ce qui tend à supposer que l’ex-chef de gouvernement assoira son discours électoral sur une offensive frontale contre son allié d’avant Abdelaziz Bouteflika. “Nous souhaitons que les médias publics soient ouverts à tous les candidats”, déclare Sallat. À vrai dire, il craint une manipulation de l’image et du discours de Ali Benflis, puisque théoriquement le temps de passage à l’ENTV ou sur les chaînes de radio publiques est réparti de manière égale entre les six candidats.
La permanence électorale de Ali Benflis, dans une villa à Hydra, est quasiment opérationnelle, selon son directeur de campagne.

Djelloul Djoudi : “La campagne électorale sera à la mesure de la réputation du parti”

La participation du parti des travailleurs à l’élection présidentielle est assez atypique, puisqu’il innove dans les mœurs politiques en présentant la première candidate, Louisa Hanoune en l’occurrence, à la magistrature suprême en Algérie et même dans le monde arabe. “Chez nous, l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas qu’un slogan. Louisa Hanoune est pour nous une dirigeante”, rétorque Djelloul Djoudi, président du groupe parlementaire du PT et évidemment directeur de campagne de Louisa Hanoune.
“Au PT nous n’utilisons pas le terme de directeur de campagne. Nous avons installé une commission pour diriger la campagne. Je suis le chargé de la communication et des relations extérieures au sein de cette commission”, précise le député. Au-delà de la nuance, Djelloul Djoudi devra assumer bel et bien les charges de directeur de campagne. Il semble en être qualifié, ne serait-ce que parce qu’il se présente comme le cadre le plus connu du Parti des travailleurs après bien sûr Louisa Hanoune et peut-être le doyen Mustapha Benmohamed.
Il s’est d’ailleurs bien illustré dans son rôle public lors de la législature précédente. Il faut dire que le PT n’occupait que trois sièges à l’Assemblée nationale de 1997 à 2002. Il incombait donc à ses députés de compenser le nombre par des interventions percutantes au débat général. Au franc-parler de Hanoune se greffait le ton agressif de Djoudi.
Réélu à l’APN à l’issue des élections législatives du 30 mai 2002, ce dernier a gagné en galon en devenant président du groupe parlementaire de son parti. Il est tout à fait normal que l’on retrouve le couple Hanoune-Djoudi aux premières loges de la campagne électorale du Parti des travailleurs.
“La campagne électorale de Louisa Hanoune sera à la mesure de la réputation du parti”, assure Djelloul Djoudi. Une campagne qui sera menée tambour battant sous le signe de : “la nation algérienne doit vivre dans l’unité et l’intégrité avec ses deux composantes arabophone et amazighophone”. La permanence électorale est installée au siège national du parti à El-Harrach.

S. H., Liberté