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Chirac l’ami du Maroc

jeudi 9 mars 2006, par Kahina

Les liens entre le Maroc et la France sur la question du Sahara Occidental sont au coeur du livre publié par le journaliste du quotidien "Le Monde", Jean-Pierre Tuquoi.

Jacques Chirac se conduit en père du roi du Maroc, Mohamed VI.

Contraint d’accepter le principe de la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental sous la pression internationale, le Maroc s’est employé en pratique à le torpiller. Tous les sondages lui indiquaient l’issue fatale. Aujourd’hui, c’est à peine s’il accepte l’idée d’une autonomie des “provinces du Sud”. Si le royaume s’est obstiné dans cette démarche, c’est qu’il a pu compter sur le soutien infaillible de la France. Une complicité “caricaturale”, commente le journaliste du Monde Jean-Pierre Tuquoi qui vient d’éditer un livre sur les relations franco-marocaines.

Le titre à double détente de l’ouvrage est un programme : Majesté, je dois beaucoup à votre père... France-Maroc, une affaire de famille. “Si la monarchie marocaine devait être emportée un jour, ce pourrait bien être à cause du Sahara occidental”, écrit le journaliste. La “famille” ne laissera jamais faire. “Engagé dans une course de lenteur, le Maroc sait pouvoir compter sur l’Élysée”, analyse Jean-Pierre Tuquoi, spécialiste du Maghreb. Les raisons ? Il y a d’abord celles qui sont plus ou moins avouables : la France veut d’un État sahraoui qu’elle imagine purement et simplement aligné sur l’Algérie et refuse de croire à la viabilité d’un État construit sur du sable.

Il y a les raisons inavouables : la France ne veut pas d’un État qui pourrait avoir comme langue l’espagnol, ce qui conduirait à rompre la continuité linguistique entre le Maroc et l’Afrique de l’Ouest. Il y a aussi la crainte de voir la monarchie emportée si le Sahara occidental accédait au rang d’État. L’Élysée et le Quai d’Orsay se sont employés à torpiller à l’ONU toute solution risquant ainsi de fragiliser le pouvoir du roi. Des diplomates se sont prêtés à cette mission. Certains peut-être par conviction. Pour d’autres, cela peut-être tout simplement pour de l’argent. Ce serait le cas de Jean-Bernard Mérimée.

Ancien ambassadeur à Rabat puis à l’ONU, cet “ami du Maroc” possède un chalet à Ouarzazate avec un confortable terrain offert par le roi. Lorsqu’il a quitté le Quai d’Orsay, la plus importante banque marocaine (BMCE) lui propose de rentrer dans son conseil d’administration. En tout cas, les Algériens sont convaincus qu’au sein de l’ONU, il a privilégié les amitiés franco-marocaines au-delà du raisonnable et l’ont accusé d’être payé par le Maroc. Aujourd’hui, Driss Basri, l’ancien et néanmoins très puissant ministre de l’Intérieur, reconnaît juste que Mérimée “nous aidait mais gratuitement”. Il rappelle toutefois qu’“il ne faut pas oublier l’esprit seigneurial de Hassan II pour ses amis”.

Entre le Maroc et la France, les complicités sont multiples, et Jacques Chirac se conduit même en père du jeune roi. Au point d’être sollicité pour intervenir dans des querelles avec une sœur ou même avec la mère qui mène une vie de veuve joyeuse à Paris. La proximité est telle qu’un jour le président Bouteflika se serait agacé auprès d’un de ses visiteurs étrangers sur ce chef d’État français “descendant du Prophète” des musulmans... Le livre de Jean-Pierre Tuquoi fourmille aussi de révélations croustillantes sur les mœurs du palais.

Synthèse de Kahina
D’après Liberté