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Ariel Sharon confirme qu’Israël est une puissance nucléaire

dimanche 25 avril 2004, par Hassiba

Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, reconnaît que son pays possède un programme d’armement nucléaire.

C’est la première fois qu’un officiel de l’Etat hébreu confirme ce que la communauté internationale sait depuis quarante ans. Depuis que la France lui a fourni durant les années 1960 un réacteur nucléaire, tous les experts militaires étrangers s’accordent pour dire qu’il dispose de 100 à 200 ogives nucléaires.

Mordechai Vanunu, l’israélien qui a révélé en 1986 les secrets nucléaires de l’Etat hébreu et qui a été libéré mercredi, après 18 ans de réclusion, tire pour la énième fois la sonnette d’alarme. Il appelle Sharon à ouvrir aux inspections internationales la centrale atomique de Dimona (sud), où il travaillait comme technicien avant sa fuite à l’étranger. Les pays du Moyen-Orient, particulièrement la Syrie et l’Iran, qui sont dans le collimateur des Etats-Unis qui les soupçonnent de chercher à développer des armes de destruction massive (ADM) comme l’Irak, peuvent « gloser » sur le « danger » que constitue l’arsenal israélien « pour la sécurité régionale et mondiale », la politique de « deux poids, deux mesures » de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et demander à « internationaliser » la question du nucléaire israélien.

Sharon ne s’estime plus lié par une promesse faite à George Bush de ne pas s’en prendre à Yasser Arafat, le président palestinien, accusé de soutien aux activistes qui ont tué plus de 900 israéliens depuis le début de l’Intifadha, en septembre 2000. « J’ai dit à notre première rencontre avec le président américain, il y a trois ans, que j’acceptais à sa demande de ne pas porter atteinte à Arafat », dit-il. Washington a beau lui rappeler qu’« un engagement est un engagement », Sharon maintient sa décision. Arafat « ne dispose plus de l’immunité », affirme-t-il dans un entretien à la première chaîne publique de la télévision israélienne qui sera diffusé demain soir à l’occasion des fêtes de l’indépendance d’Israël. Ce n’est pas le seul défi que lance le « protégé » du Pentagone à la communauté internationale.

Annan se démarque de Lakhdar Brahimi

L’ONU se démarque des déclarations faites à France Inter sur la politique israélienne par Lakhdar Brahimi, l’émissaire des Nations unies en Irak. Lors d’un point de presse à New York, Fred Eckhard, le porte-parole de Kofi Annan, déclare que Brahimi a exprimé « ses vues personnelles », pas celles du secrétaire général de l’ONU. « La position officielle des Nations unies sur de telles questions est celle exprimée par le secrétaire général dans les nombreux communiqués qu’il a publiés au cours des sept dernières années », dit-il. Eckhard n’est pas le seul à « lâcher » Brahimi. Terje Roed-Larsen, le coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, déclare devant le Conseil de sécurité son soutien, sous conditions, au retrait de Ghaza et du nord de la Cisjordanie proposé par Israël. Il suggère la mise en place d’une présence internationale assurant sa sécurité, une fois le retrait effectué. Pour que Ghaza ne puisse « devenir une rampe de lancement pour des attaques renouvelées » contre le territoire israélien, dit-il. Le vice-ambassadeur israélien à l’ONU, Arye Mekel, laisse entendre que son pays a été « très troublé » par la déclaration de Brahimi et envisage de déposer une protestation formelle. L’ancien ministre algérien des affaires étrangères maintient les propos qu’il a tenus à la radio française. Dans un entretien diffusé mercredi sur France Inter, Brahimi avait déclaré : « Il n’y a aucun doute que le grand poison dans la région est la politique israélienne de domination et toute la souffrance imposée aux Palestiniens, ainsi que la perception par toute la population de la région, et au-delà, de l’injustice de cette politique, et le soutien également injuste () des Etats-Unis à cette politique. »

Hier, à l’issue d’un entretien avec Jacques Chirac, à Paris, Brahimi s’est fait plus « explicite ». « Ce que j’ai dit, c’est que la politique d’Israël, pas Israël, est un poison pour la région et que c’est le sentiment de tout le monde dans la région et au-delà », dit-il, ajoutant : « Cela est un fait, pas une opinion ». Explication de celui qui a pour mission d’avancer les négociations en vue d’un transfert de pouvoir en Irak d’ici le 30 juin prochain : la solution à la question irakienne est liée à la résolution de la paix entre palestiniens et israéliens. Pour Brahimi, « la politique de domination et la souffrance imposée aux palestiniens » « ainsi que la perception par toute la population de la région, et au-delà, de l’injustice de cette politique, et le soutien également injuste () des Etats-Unis à cette politique » ne sont pas fait pour arranger les choses. Bien au contraire.

Par Djamel Boukrine, Le Matin