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Lettre du grand-père de Bashar El Assad à Léon Blum

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  • Lettre du grand-père de Bashar El Assad à Léon Blum

    Lettre du grand-père de Bashar El Assad à Léon Blum - Premier Ministre socialiste de l'époque en 1936 :

    Les Alaouites et le Parti socialiste français. Une longue histoire d’amour … de haine, et maintenant de revanche


    En 1936, les chefs Alaouites, parmi lesquels un certain Suleyman Assad, grand-père de l’actuel Président syrien Bachar el-Assad, écrivirent une lettre émouvante au Premier Ministre socialiste de l’époque, Monsieur Léon Blum, afin de solliciter son intervention pour éviter que la nation Alaouite ne soit annexée à la nation syrienne musulmane, à l’expiration du Mandat français. « La nation Alaouite, que nous, soussignés représentons, supplie le gouvernement français et le parti socialiste français de garantir sa liberté et son indépendance dans ses frontières. La nation Alaouite, amie fidèle de la France, qui lui a rendu de grands services, et qui se trouve aujourd’hui sous la menace de la destruction et de la mort, remet son sort entre les mains des leaders socialistes français, certaine de trouver auprès d’eux un soutien fort et loyal. »

    Cette lettre, écrite il y 78 ans est d’une cruelle actualité.


    En 2013, retournement ironique de l’histoire, le président socialiste français n’aspire qu’à « punir » le petit-fils Assad et soutient les islamistes arabes contre les Alaouites au pouvoir, sans se soucier le moindre du monde du sort qui sera réservé aux minorités – y compris les Chrétiens que le monde a déjà abandonné en Egypte. Ils auront droit à être égorgés jusqu’au dernier par les membres d’al-Qaïda, si les islamistes s’emparent du pouvoir grâce à l’aide occidentale.
    Ci-après, la traduction d’un article rédigé en 2012 par le Dr Mordechai Kedar, analyste de l’arène interne syrienne, fruit d’une longue recherche, très éclairante sur la situation complexe de la Syrie, ainsi que la traduction de la supplique adressée par les chefs Alaouites à Léon Blum en 1936 :
    « Depuis le début des pogroms en Syrie il y a un an et demi, j’ai écrit de nombreuses fois que si les Alaouites agissent avec sévérité, cruauté et font preuve d’ une insensibilité effroyable envers l’opposition, c’est qu’ils savent que cette dernière n’ambitionne pas seulement prendre le pouvoir, mais planifie également leur destruction, dès lors ils luttent avec férocité pour garder le pouvoir entre leurs mains et leurs têtes sur leurs épaules. De temps à autre, j’entends les Musulmans s’exprimer oralement et par écrit de façon très dure à l’encontre des Alaouites, mais jamais, je n’ai pu percevoir la peur qui étreignait les Alaouites, la peur d’être massacrés par les Musulmans, si ces derniers en avaient un jour l’opportunité.
    La Syrie moderne naquit dans le giron du Mandat français, qui fut imposé à ce pays après la première guerre mondiale et se termina en 1943. Comme c’est le cas avec d’autres états arabes du Moyen- Orient, la Syrie souffre de nombreuses maladies « génétiques », qui trouvent leurs origines dans les erreurs commises par les pays chargés d’exercer leurs mandats, à savoir la France et la Grande Bretagne. L’Italie, qui contrôlait la Libye, est responsable, dans une certaine mesure, du chaos qui règne dans ce pays.
    La principale erreur commise par les nations européennes au Moyen-Orient, fut de créer des Etats qui regroupèrent des peuples d’ethnies différentes, composés de tribus, de minorités religieuses et laïques, les unes opposées aux autres, dans l’espoir qu’un jour tous ces groupes antagonistes se retrouveraient autour d’un feu de bois, entonnant joyeusement des chants patriotiques dans une parfaite harmonie. Ce beau rêve ne se réalisa pas, ne se réalise pas aujourd’hui et est loin de se réaliser demain.
    Les 30 août dernier, une conférence eut lieu au Conseil de Sécurité des Nations Unies avec comme thème la guerre civile qui ravage la Syrie, responsable de la mort de 5 000 personnes rien qu’en ce mois d’août 2012.
    Parmi les participants à la conférence, il y avait le Ministre des Affaires Etrangères, Laurent Fabius et le représentant syrien aux Nations Unies, Bashar al-Jafari. Le représentant syrien critiqua les pays occidentaux et notamment la France pour son soutien aux rebelles. Le ministre français lui rétorqua : « Vous parlez de façon négative du Mandat français, mais j’aimerais vous rappeler que le grand-père de votre président actuel demanda à la France de ne pas quitter la Syrie et de ne pas lui accorder son indépendance. Ce document officiel, signé par le grand-père de Monsieur el-Assad, se trouve dans nos archives, au Ministère de l’Intérieur, et je peux vous donner une copie. »
    Fabius se référait à une lettre, que des Chefs Alaouites, parmi lesquels Suleiman el-Assad, le grand père de l’actuel président syrien, écrivirent et envoyèrent au Premier Ministre socialiste de l’époque, Léon Blum. La date de réception, qui figure sur le document, est celle du 15 juin 1936.
    A cette époque, il y avait des négociations en cours entre le gouvernement français et un groupe d’intellectuels syriens, qui croyaient en la possibilité de créer un grand état syrien, regroupant des communautés différentes, comme en Europe. Cette lettre fut publiée par le journal libanais al-Nahar et dans le journal égyptien al-Ahram, mais elle ne fit pas la une des journaux.
    Ce document devrait être lu en gardant à l’esprit les évènements tragiques qui se déroulent actuellement en Syrie.

    « Cher Monsieur Léon Blum, Premier Ministre de France,

    A la lumière des négociations actuelles entre la France et la Syrie, nous, les chefs Alaouites de Syrie, attirons respectueusement votre attention et celle de votre parti socialiste sur les points suivants :
    1. La nation Alaouite, qui a su, avec zèle et courage, préserver son indépendance au cours des années, au prix de nombreuses pertes humaines, est une nation différente des nations musulmanes sunnites, dans sa foi, ses coutumes et son histoire. Jamais la nation Alaouite, qui vit dans la montagne, sur la côte occidentale de la Syrie, n’a été dirigée par les Musulmans, qui règnent sur les villes à l’intérieur du pays.
    2. La nation Alaouite refuse d’être annexée à la Syrie musulmane, car la religion islamique est censée être la religion officielle du pays et la nation Alaouite sera dès lors considérée comme hérétique par la religion islamique. Dès lors, nous vous prions de prendre en considération le destin terrible qui frapperait les Alaouites s’ils étaient forcés à s’annexer à la Syrie musulmane, à la fin du mandat français. Les Musulmans auront alors le pouvoir d’instaurer leurs lois religieuses. (L’Hérétique dans l’islam a le choix entre se convertir ou être exécuté. Les Alaouites appartiennent à une secte chiite hétérodoxe, une branche du chiisme, qui s’écarte de la « doctrine », ils sont donc considérés comme hérétiques par les Musulmans sunnites.)
    3. Accorder l’indépendance à la Syrie et annuler le mandat constituerait un bon exemple de l’application des principes socialistes en Syrie, mais cela signifierait aussi la prise de contrôle de la nation Alaouite par quelques familles musulmanes en Cilicie, à Askadron (la bande d’Alexandretta, que les Français ont enlevé à la Syrie et annexé à la Turquie) et dans les montagnes d’Ansariyya (dans la partie occidentale de la Syrie, la continuation topographique des montagnes libanaises).
    Même le fait d’avoir un parlement et un gouvernement constitutionnel ne garantira aucune liberté individuelle. Le contrôle parlementaire n’est qu’une façade, sans aucune valeur réelle et la vérité dans cette histoire, c’est qu’il sera contrôlé par des fanatiques religieux, qui persécuteront les minorités.
    Est-ce l’objectif des responsables français de voir les musulmans contrôler la nation Alaouite et de la précipiter dans la misère ?
    4. L’esprit de fanatisme et l’étroitesse d’esprit, dont les racines sont profondément ancrées dans le cœur des Musulmans arabes envers tous les non Musulmans, est l’état d’esprit qui nourrit continuellement la religion islamique, et dès lors, il n’existe aucune espoir pour que la situation change.
    Si le mandat est annulé, les menaces de destruction et de mort s’abattront sur les minorités en Syrie, même si l’annulation du Mandat sera suivie d’un décret autorisant la liberté d’expression et la liberté de culte.
    Aujourd’hui encore, nous voyons les habitants musulmans de Damas exiger des Juifs, qui vivent sous leur domination, qu’ils signent un document leur interdisant d’envoyer de la nourriture à leurs frères juifs en Palestine, victimes d’une situation terrible (NDT: c’était l’époque de la grande révolte arabe). La situation désastreuse des Juifs en Palestine illustre de façon concrète toute l’importance du problème religieux chez les Arabes musulmans envers quiconque n’appartient pas à l’islam.
    Ces braves Juifs, qui ont apporté la civilisation et la paix aux arabes musulmans et ont répandu richesse et prospérité en Palestine, n’ont fait de mal à personne, n’ont rien pris par la force, et malgré cela, les musulmans leur ont déclaré la guerre sainte et n’ont pas hésité à massacrer leurs enfants et leurs femmes, en dépit de la présence de l’Angleterre en Palestine et de la France en Syrie.
    Dès lors, un avenir des plus sombres attend les Juifs et les autres minorités si le mandat est annulé et si la Syrie musulmane est unifiée à la Palestine musulmane. Cette union est le but ultime des Arabes musulmans. (NDT : et l’actualité montre qu’ils n’ont pas abandonné ce but)
    5. Nous apprécions votre générosité d’esprit de vouloir défendre le peuple syrien et votre volonté de leur accorder l’indépendance, mais la Syrie est loin du noble objectif auquel vous aspirez pour elle, car elle est toujours emprisonnée dans son esprit religieux féodal. Nous refusons de croire que le gouvernement français et le Parti Socialiste français marqueront leur accord à l’indépendance syrienne, car cela signifierait l’assujettissement de la nation Alaouite et la mise en danger de mort de son peuple.
    Nous ne pouvons pas croire que vous accédiez à la requête de la Syrie nationaliste d’annexer la nation Alaouite à la Syrie, au nom de nobles principes. Si les Alaouites soutiennent l’idée de la liberté, ils n’accepteront jamais qu’une nation (la Syrie musulmane) essaye de voler la liberté à une autre nation (l’Alaouite) en la forçant à l’annexion.

    SUITE CI-DESSOUS:
    Dernière modification par choucha, 08 décembre 2014, 23h05.

  • #2
    SUITE :

    6. Vous pensez certainement que les droits des Alaouites et des autres minorités seront protégés par les clauses d’un traité (le traité franco-syrien qui définit les relations entre les États) mais nous insistons sur le fait que les contrats n’ont aucune valeur pour les musulmans syriens. Nous avons pu le constater par le passé avec le pacte signé par l’Angleterre avec l’Irak, qui interdisait aux Irakiens de massacrer les Assyriens et les Yazidis.
    La nation Alaouite, que nous, soussignés représentons, supplie le gouvernement français et le parti socialiste français de garantir sa liberté et son indépendance dans ses frontières. La nation Alaouite, amie fidèle de la France, qui lui a rendu de grands services, et qui se trouve aujourd’hui sous la menace de la destruction et de la mort, remet son sort entre les mains des leaders socialistes français, certaine de trouver auprès d’eux un soutien fort et loyal. »

    Signés par : Aziz Agha al-Hawash, Mahmud Agha Jadid, Mahmud Bek Jadid, Suleiman Assad (le grand père de Bashar), Suleiman al-Murshid, Mahmud Suleiman al-Ahmad.

    Cela conclut le document qui fut écrit il y a 78 ans, mais qui aurait aussi bien pu être écrit hier. Ce document décrit tous les maux dont souffrent les peuples au Moyen Orient : fanatisme religieux, violence, marginalisation de quiconque n’appartient pas au groupe dominant, stéréotypes qui déterminent la manière dont il faut penser, maux aggravés par l’ignorance occidentale et sa naïveté à l’encontre des problèmes régionaux et la façon de les résoudre.
    Avec tout le respect que je dois aux signataires de ce document, les Alaouites ne sont pas non plus exempts de problèmes. Malgré le fait qu’ils soient arabes et parlent arabe, ils se différencient des arabo-musulmans et de la scène arabe et se définissent comme la nation alaouite, parce qu’ils sont membres d’une religion différente. Les Alaouites forment des tribus distinctes des tribus arabes, vu qu’ils se considèrent comme les habitants de souche des montagnes de la Syrie occidentale, par opposition aux arabo-musulmans qui envahirent la région au VII siècle, en provenance de la péninsule arabique, et s’y imposèrent par le sabre du second calife musulman Umar bin al-Khattab, qui força les peuples conquis à se soumettre à l’islam.
    Sans aucun doute, les Alaouites tirèrent les conclusions appropriées de ce qui fut écrit dans ce document et dirigèrent les Musulmans depuis 1966 avec une cruelle poigne de fer, car ils étaient conscients de ce qui les attendraient si les Musulmans devaient un jour les dominer.
    Un détail important à noter est le fait que l’empire Ottoman n’est pas du tout mentionné, dans la lettre, même s’il essaya d’islamiser les Alaouites et les obligea à construire des mosquées dans leurs villages. Peut-être ne firent-ils aucune allusion aux Turcs afin de protéger la minorité alaouite qui vivait en Turquie, et par crainte d’une vengeance des Turcs sur leurs frères, s’ils avaient mentionné les Turcs d’une façon négative.
    Mais le détail le plus surprenant fut la façon élogieuse dont ils parlèrent des Juifs dans la terre d’Israël.
    Qui sait, peut-être qu’à l’avenir, les Alaouites seront forcés de fuir les villes musulmanes syriennes pour échapper à leur sort funeste, comme décrit dans cette lettre de 1936, et éviter d’être décapités. Ils établiront leur état indépendant dans les montagnes d’Ansariyya et alors, cette minorité persécutée, dans une nouvelle ironie de l’histoire, essayera de s’unir aux Sionistes, qui, aux yeux des Arabes et des Musulmans, demeure toujours une Entité illégitime et méprisée »
    Les Arabo-musulmans, aveuglés par leur idéologie pseudo-religieuse, restent fidèles à eux-mêmes quelle que soit l’époque : violence, oppression, conversion forcée des minorités et/ ou mise à mort. Partout où l’islam domine, c’est le chaos, la misère, l’injustice, le crime.
    En fait, la crainte des Alaouites de tomber sous la domination musulmane les rend féroces et elle rejoint en quelque sorte la nôtre – sans la férocité. Eux s’accrochent au pouvoir, car ils savent quel avenir leur réserveront les Arabo-musulmans, s’ils venaient à le perdre.
    Nous devons empêcher que les Musulmans ne prennent un jour le pouvoir en Occident et fassent de nous les minorités à soumettre, à humilier, à exterminer.
    Mais l’internationale socialiste, leurs alliés écologistes, et les partis traditionnels de droite ne semblent pas le réaliser et ils s’enfoncent jour après jour dans le déni de la réalité du danger islamiste, malgré les clignotants d’un rouge qui devient de plus en plus écarlate.

    Source : Assad’s Grand father’s 1936 letter Predicts Muslim slaughter of Minorities, Praises Zionists” by Dr Mordechai Kader – The Jewis Press.com/Elder of Zyion 01.09.2013. (traduit, adapté et commenté par Rosaly)

    upjf.org



    La Lettre du grand-père de Bashar El Assad à Léon Blum - Premier Ministre socialiste de l'époque en 1936
    Dernière modification par choucha, 07 décembre 2014, 15h38.

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    • #3
      un document historique d'une réalité encore prégnante , à l'honneur du gouvernement BLUM qui était très soucieux de l'état des colonies de l'Empire

      jeune, j'entends mon père me parler de son "ami" VIOLETTE et de ses regrets de ne pas avoir vu se réaliser le projet avait conçu avec BLUM. Accorder, nous étions dans les années du Front Populaire , la nationalité française à tous les Algériens. En cherchant dans les archives , nous retrouverons bien trace des correspondances qu'avaient eu mon père et les élus algériens de l'époque avec le gouvernement BLUM...Des visionnaires maltraités par les gros propriétaires terriens de leur époque et oubliés par les nouveaux colonisateurs de l'Algérie .

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      • #4
        Le texte de cette lettre :


        نص الوثيقة
        إلى ليون بلوم، رئيس الحكومة الفرنسية
        بمناسبة المفاوضات الجارية بين فرنسا وسوريا، نتشرّف، نحن الزعماء العلويين في سوريا أن نلفت نظركم ونظر حزبكم إلى النقاط الآتية:

        1- إن الشعب العلوي الذي حافظ على استقلاله سنة فسنة، بكثير من الغيرة والتضحيات الكبيرة في النفوس، هو شعب يختلف بمعتقداته الدينية وعاداته وتاريخه عن الشعب المسلم السني. ولم يحدث في يوم من الأيام أن خضع لسلطة مدن الداخل.

        2- إن الشعب العلوي يرفض أن يلحق بسوريا المسلمة، لأن الدين الإسلامي يعتبر دين الدولة الرسمي، والشعب العلوي، بالنسبة إلى الدين الإسلامي، يعتبر كافراً. لذا نلفت نظركم إلى ما ينتظر العلويين من مصير مخيف وفظيع في حالة إرغامهم على الالتحاق بسوريا عندما تتخلص من مراقبة الانتداب ويصبح في إمكانها أن تطبق القوانين والأنظمة المستمدة من دينها.

        3- إن منح سوريا استقلالها وإلغاء الانتداب يؤلفان مثلا طيبا للمبادئ الاشتراكية في سوريا، إلا أن الاستقلال المطلق يعني سيطرة بعض العائلات المسلمة على الشعب العلوي في كيليكيا وإسكندرون (لواء الإسكندرون تم سلخه في 1939 عن سوريا وإلحاقة بتركيا) وجبال النصيرية.

        أما وجود برلمان وحكومة دستورية فلا يظهر الحرية الفردية. إن هذا الحكم البرلماني عبارة عن مظاهر كاذبة ليس لها قيمة، بل يخفي في الحقيقة نظاما يسوده التعصب الديني على الأقليات. فهل يريد القادة الفرنسيون أن يسلطوا المسلمين على الشعب العلوي ليلقوه في أحضان البؤس؟

        4- إن روح الحقد والتعصب التي غرزت جذورها في صدر المسلمين العرب نحو كل ما هو غير مسلم هي روح يغذيها الدين الإسلامي على الدوام. فليس هناك أمل في أن تتبدل الوضعية. لذلك فإن الأقليات في سوريا تصبح في حالة إلغاء الانتداب معرضة لخطر الموت والفناء، بغض النظر عن كون هذا الإلغاء يقضي على حرية الفكر والمعتقد.
        وها نلمس اليوم كيف أن مواطني دمشق المسلمين يرغمون اليهود القاطنين بين ظهرانيهم على توقيع وثيقة يتعهدون بها بعدم إرسال المواد الغذائية إلى إخوانهم اليهود المنكوبين في فلسطين. وحالة اليهود في فلسطين هي أقوى الأدلة الواضحة الملموسة على أهمية القضية الدينية التي عند العرب المسلمين لكل من لا ينتمي إلى الإسلام.

        فإن أولئك اليهود الطيبين الذين جاؤوا إلى العرب المسلمين بالحضارة والسلام، ونثروا فوق أرض فلسطين الذهب والرفاه ولم يوقعوا الأذى بأحد ولم يأخذوا شيئا بالقوة، ومع ذلك أعلن المسلمون ضدهم الحرب المقدسة، ولم يترددوا في أن يذبحوا أطفالهم ونساءهم بالرغم من أن وجود إنكلترا في فلسطين وفرنسا في سوريا.

        لذلك فإن مصيرا أسود ينتظر اليهود والأقليات الأخرى في حالة إلغاء الانتداب وتوحيد سوريا المسلمة مع فلسطين المسلمة. هذا التوحيد هو الهدف الأعلى للعربي المسلم.

        5- إننا نقدر نبل الشعور الذي يحملكم على الدفاع عن الشعب السوري وعلى الرغبة في تحقيق الاستقلال، ولكن سوريا لا تزال في الوقت الحاضر بعيدة عن الهدف الشريف الذي تسعون إليه، لأنها لا تزال خاضعة لروح الاقطاعية الدينية. ولا نظن أن الحكومة الفرنسية والحزب الاشتراكي الفرنسي يقبلان بأن يمنح السوريون استقلالا يكون معناه عند تطبيقه استعباد الشعب العلوي وتعريض الأقليات لخطر الموت والفناء.

        أما طلب السوريين بضم الشعب العلوي إلى سوريا فمن المستحيل أن تقبلوا به، أو توافقوا عليه، لأن مبادئكم النبيلة، إذا كانت تؤيد فكرة الحرية، فلا يمكنها أن تقبل بأن يسعى شعب إلى خنق حرية شعب آخر لإرغامه على الانضمام إليه.

        6- قد ترون أن من الممكن تأمين حقوق العلويين والأقليات بنصوص المعاهدة، أما نحن فنؤكد لكم أن ليس للمعاهدات أية قيمة إزاء العقلية الإسلامية في سوريا. وهكذا استطعنا أن نلمس قبلا في المعاهدة التي عقدتها إنكلترا مع العراق التي تمنع العراقيين من ذبح الآشوريين واليزيديين.

        فالشعب العلوي، الذي نمثله، نحن المتجمعين والموقعين على هذه المذكرة، يستصرخ الحكومة الفرنسية والحزب الاشتراكي الفرنسي ويسألهما، ضمانا لحريته واستقلاله ضمن نطاق محيطه الصغير، ويضع بين أيدي الزعماء الفرنسيين الاشتراكيين، وهو واثق من أنه وجد لديهم سنداً قوياً أميناً لشعب مخلص صديق، قدّم لفرنسا خدمات عظيمة مهدد بالموت والفناء.

        عزيز آغا الهواش، محمود آغا جديد، محمد بك جنيد، سليمان أسد، سليمان مرشد، محمد سليمان الأحمد.




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        • #5
          Oui les francais ne quittent pas sans implanter un cancer derrière eux. Faut trouver nos alaouite chez nous en algerie sinon le sort de la syrie nous attends.

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          • #6

            Commentaire


            • #7
              Le berger ignorant et tyran sanguinaire Saddam Hussein al-Majid al-Tikriti a mené son pays vers la ruine et la destruction, ses paroles n'ont aucune valeur.

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              • #8
                Lettre du grand-père de Bashar El Assad à Léon Blum

                Source:
                upjf.org

                upjf ts'est donné quatre missions : lutter contre la mal-information, lutter contre les violences antisémites, développer les partenariats économiques avec Israël .


                Mission
                Les objectifs de l'UPJF sont les suivants :
                Devenir une force de proposition politique, interlocuteur des pouvoirs publics et de la société civile, sur des sujets tels que :
                La lutte contre l'antisémitisme
                La défense de l'image d'Israël en France
                Les problématiques économiques touchant les chefs d'entreprises
                Lutter contre la désinformation en organisant des campagnes de communication, des conférences et des tables rondes.
                Favoriser le développement des relations économiques entre les PME françaises et israéliennes.
                Description de l’entreprise
                L'Union des Patrons et Professionnels Juifs de France a été créée en 1997.

                Parce que notre judaïsme est une composante déterminante de notre identité.
                Parce que notre statut de chefs d'entreprises et de professionnels nous confère un rôle actif dans la vie économique et sociale de notre pays.
                Parce que la communauté juive de France est à nouveau l'objet d'attaques visant son intégrité morale et physique.
                Parce que nous pouvons être à la fois des citoyens français attachés à notre pays et afficher notre soutien à l'Etat d'Israël.
                Parce qu'il est du devoir de la communauté juive de France de devenir une véritable force de proposition auprès des pouvoirs publics.

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                • #9
                  merci choucha pour cet article très intéressant
                  beaucoup de similitudes entre l'algérie et la syrie dans leur création. pure création coloniale ces deux pays monté de toutes pièces par des régions par ci par la, des peuples différents qui n'ont rien demandé se retrouvent condamné à cohabiter et perdre leur souveraineté pour certains.
                  je ne peux m'empêcher de voire des similitudes entre cette communauté alaouite et les kabyles même s'ils ont eu des fortunes diverses dans leur "états" respectif
                  j'épouse et je comprend parfaitement les appréhensions des alaouite de l'époque,
                  "Win yeččan tayazit' n Iflissen, iheggi-d tin-is"

                  Commentaire


                  • #10
                    La religion alaouite est secrète

                    EXTRAITS DE LA THÈSE DE DOCTORAT INTITULÉE :
                    « LES ALAOUITES, L’ESPACE ET LE POUVOIR DANS LA RÉGION CÔTIÈRE SYRIENNE : UNE INTÉGRATION NATIONALE AMBIGUE
                    PAR FABRICE BALANCHE
                    UNIVERSITÉ FRANCOIS RABELAIS DE TOURS (France) DEC 2000
                    PAGES 70 A 75


                    La doctrine alaouite ou nosaïri, du nom de son fondateur Muhammad Bni Nusayr Al Namiri, est apparue en Irak au XIème siècle. Comme tous les shi’ites, les Alaouites vénèrent Ali, au point qu’ils le considèrent comme Dieu :
                    « Chez les Alaouites, la transfiguration du personnage est poussée à ses extrêmes limites : il cesse d’être un homme pour devenir une émanation divine, si pure et si proche de la divinité ineffable elle-même, qu’elle se confond avec elle, il en est le sens, le Ma’âna. » (129)

                    Le Prophète Mohamed n’occupe qu’une place secondaire : il n’est que le voile, qui masque « le sens » incarné par Ali. Le troisième personnage de la trilogie alaouite est Salman, compagnon du Prophète, la « porte » de la connaissance. Ces trois personnages sont représentés par des symboles astraux : Ali est la lune, Mohamed le soleil et Salman le ciel.

                    L’existence d’une « Trinité », dans la religion alaouite, fit penser à Henri Lammens (130) que les Alaouites étaient des Chrétiens qui s’étaient réfugiés dans la montagne lors de la reconquête musulmane. En fait, d’après Louis Massignon (131), cette trilogie est issue de l’antique gnosticisme astral de l’Orient, qui s’est maintenu en dépit du Christianisme et de l’Islam dans certaines sectes.

                    L’originalité de la doctrine tient dans la croyance en la réincarnation :
                    « Le fond des doctrines nusayries est une cosmogonie du type gnostique : au début des temps, les âmes des Nusayris étaient des lumières qui entouraient Dieu en le louant ; puis elles se sont révoltées contre lui en doutant de sa divinité. Alors, elles ont été précipitées des hauteurs du ciel et exilées sur la terre, où elles sont enfermées dans des corps matériels et condamnées à la métempsycose, temporaire pour les élus, éternelle pour les condamnés » (132).

                    La religion alaouite est de type initiatique, comme chez les Druzes. Les adolescents mâles sont instruits par un cheikh qui devient leur père spirituel ; ils jurent de ne jamais révéler les secrets de la religion sous peine de mort (133). La religion populaire conserve des traces païennes, telle que la vénération des hauts lieux entourés d’arbres verts sous lesquels sont enterrés les grands cheikhs. Les Alaouites accordent de nombreuses vertus aux ziara-s, des marabouts dans lesquels sont placés les tombeaux des cheikhs : soigner la stérilité, faire en sorte que la moisson soit bonne … La population se rend dans ces hauts lieux le vendredi et lors des fêtes religieuses : (Achoura (134), 17 avril (135)…) Lors de ces rassemblements, des animaux sont sacrifiés à Dieu, la viande est consommée sur place ou distribuée aux pauvres par les cheikhs.

                    Leur croyance en la métempsycose, le caractère secret de la religion, l’absence de mosquée, la tolérance de l’alcool, le fait que les femmes ne soient pas voilées, sans oublier l’isolement et la pauvreté dans laquelle ils vivaient ont contribué à la diffusion de légendes infamantes :
                    « Le meurtre, le vol, le mensonge, la calomnie, la fornication et la pédérastie » (136).
                    La secte fut condamnée par les docteurs de l’Islam sunnite, tel Ibn Taymiyya, qui dans une célèbre fatwa, « jugea les Nusayyris plus infidèles encore que les idolâtres et déclara licite le Djihad contre eux » (137).

                    Du fait de leurs croyances et des accusations qui étaient portées contre eux, les Alaouites n’étaient pas reconnus comme Musulmans par les sunnites et les chiites duodécimains. Il fallut attendre une fatwa de circonstance(138), en juillet 1936, prononcée par une des plus hautes autorités sunnites de l’époque, le mufti de Palestine - l’imam Hajj Amin Al Husayni – pour que les Alaouites obtiennent officiellement leur reconnaissance comme musulmans.

                    En 1973, sur l’insistance du Président Hafez El Assad auprès de l’Imam shi’ite du Liban (139), Musa al Sadr, les Alaouites furent enfin reconnus comme membres de la communauté shi’ite.


                    128 DUSSEAUD René : Histoire et religion des Nosairis, Paris, 1900, 211 p.
                    129 WEULERSSE Jacques : op. cit., 1940, p. 55.
                    130 LAMMENS Henri : « Les Nosairis. Notes sur leur histoire et leur religion », Etudes religieuses, Paris, 1899, n°461.
                    131 MASSIGNON Louis : « Nusairï », in Encyclopédie de l’Islam, tome III, Paris, 1936, p. 1030.
                    132 HALM H. : « Nusayris », in Encylopédie de l’Islam, tome VIII, Paris 1993, p. 150.
                    133 Souleiman Efendi, un Alaouite d’Adana, converti au protestantisme, fut assassiné par ses coreligionnaires en 1863 pour avoir écrit un livre révélant les secrets de la doctrine alaouite.
                    134 L’Achoura est, pour les Chiites, la fête commémorant l’assassinat des enfants d’Ali : Husseyn et Hassan.
                    135 L’anniversaire de l’évacuation des troupes françaises en 1945 correspond curieusement avec la fête du printemps des Alaouites.
                    136 WEULERSSE Jacques : op. cit., 1940, p. 57
                    137 HALM H. : art. cit., 1993, p. 149
                    138 Face à l’occupation française et anglaise, les autorités musulmanes prêchaient la réconciliation des diverses sectes pour lutter plus efficacement contre l’envahisseur. En 1936, l’intégration de l’Etat des Alaouites à la Syrie, exigée par les nationalistes syriens fut mal acceptée par l’aristocratie alaouite. Cette dernière préférait l’indépendance ou le rattachement au Liban. La reconnaissance de leur appartenance à la communauté musulmane devait pourtant, aux yeux des nationalistes, inciter les Alaouites à accepter leur intégration à la Syrie,
                    ce qui fut réalisé le 9 septembre 1936. En outre il s’agissait de mettre un terme au prosélytisme des Jésuites qui tentaient depuis 1933 de convertir les Alaouites au christianisme.
                    139 Lors de la promulgation de la Constitution syrienne de 1973, des émeutes éclatèrent, car il n’était pas précisé que le Chef de l’Etat devait être musulman. Certes, ce n’était qu’un prétexte pour combattre l’hégémonie des Alaouites, mais, pour désamorcer la crise, Hafez El Assad fut obligé de préciser que l’Islam était la religion du Chef de l’Etat. L’opposition sunnite s’empressa de contester l’appartenance des Alaouites à l’Islam. Assad fit valoir à l’imam chiite du Liban les bénéfices politiques qu’il pourrait retirer d’une fatwa de complaisance. KRAMER Martin : « Syria Alawis and Shi’ism », in KRAMER Martin, Shi’ism, Resistance, I.B. Tauris, Londres, 1990, p. 237 – 253.
                    Dernière modification par choucha, 09 décembre 2014, 18h23.

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                    • #11
                      La conquête alaouite du pouvoir en Syrie

                      par Daniel Pipes
                      Middle Eastern Studies
                      1989

                      Version originale anglaise: The Alawi Capture of Power in Syria

                      Adaptation française: Anne-Marie Delcambre de Champvert

                      Pendant de nombreux siècles, les Alaouites ont été les gens les plus faibles, les plus pauvres, les plus campagnards, les plus méprisés, les plus arriérés de la Syrie. Or ces dernières années, ils se sont transformés en l'élite dirigeante de Damas. Aujourd'hui, les Alaouites dominent le gouvernement, détiennent les postes militaires clés, profitent d'une part disproportionnée des ressources pédagogiques, et sont en train de devenir riches. Comment ce changement spectaculaire s'est-il produit? Quand les Alaouites ont-ils réussi à sortir de leur enfermement traditionnel, et comment s'explique leur ascension?

                      Les Sunnites et les autres qui sont hostiles au régime d'Assad répondent à cette question en accusant les Alaouites d'une conspiration élaborée et à long terme pour prendre le pouvoir en Syrie. Annie Laurent suggère que «déterminés à prendre leur revanche » après l'échec d'un chef rebelle, Sulayman Murshid, « les Alaouites mirent en œuvre une stratégie de mise en place de cellules dans l'armée et dans le parti Baâth, et cela leur permit de gagner le pouvoir à Damas. »Les tenants de cette vision des choses font remonter l'ascension alaouite à 1959, l'année où le Comité Militaire du Parti Baâth a été formé. Pourquoi, demandent-ils, les dirigeants de ce groupe ont-ils gardé son existence secrète : loin de l'administration du parti? Ce caractère secret suggère que le Comité militaire depuis le début avait un programme lié à la secte des Alaouites. Matti Moosa a fait valoir qu '«il est presque certain que les agents ont agi non pas comme baâthistes, mais comme Nusayris* (Noseïris) [Alaouites], avec l'intention d'utiliser le Baâth et les forces armées pour accéder au pouvoir en Syrie. La formation du Comité Militaire fut le début de leur plan pour une future prise de pouvoir du gouvernement. "


                      Cette hypothèse est confirmée par la réunion clandestine de 1960 de leaders religieux et d' officiers alaouites (y compris Hafez el-Assad) qui aurait eu lieu à Qardaha, village natal d'El-Assad. « L'objectif principal de cette réunion était de planifier la façon de faire passer des officiers Noseïris dans les rangs du Parti Baâth. Ils pourraient alors tirer parti de cela en en faisant un moyen d'arriver au pouvoir en Syrie. » Trois ans plus tard, une autre réunion des Alaouites à Homs, aurait, dit-on, suivi les initiatives antérieures. Parmi d'autres mesures, on eut recours à la mise en place de plus d'Alaouites dans le parti Baâth et dans l'armée. D'autres réunions secrètes de leaders Alaouites semblent avoir eu lieu plus tard dans les années 1960.

                      Des analystes mieux disposés envers Assad ont tendance à ne pas tenir compte seulement de ces réunions et d'une conduite des choses préméditée en vue du pouvoir, mais de tenir compte du facteur sectaire, de façon plus générale. John F. Devlin, par exemple, nie que la disproportion des Alaouites dans l'armée implique la domination alaouite de la Syrie. Il est contre le fait de voir « chaque désaccord interne en termes de conflit sunnite-alaouite. » Pour lui, le fait que des Alaouites soient au pouvoir est essentiellement fortuit: « Le Baâth est un parti laïc, et les minorités pèsent lourd» Alasdair Drysdale appelle «réductionniste» le fait de mettre l'accent sur l'appartenance ethnique, faisant valoir qu'il s'agit d'un des nombreux facteurs- géographique, classe, âge, éducation, profession - qui définissent l'élite dirigeante. Selon. Yahya M. Sadowski, «La loyauté à l'appartenance religieuse jouer un rôle insignifiant dans le Baâth, et même les obligations confessionnelles ne sont qu'un des nombreux moyens par lesquels le népotisme s'étend. »
                      La vérité se situe entre complot et caractère fortuit. Les Alaouites ne planifièrent pas pour « prendre le pouvoir dans le futur» des années à l'avance, et ce n'est pas non plus un pur hasard si dans le parti Baâth « les minorités ont pesé lourd ». " Le pouvoir alaouite a été la conséquence d'une transformation non prévue, mais religieuse de la vie publique en Syrie. Michael van Dusen explique: «De 1946 à 1963, la Syrie a assisté à l'érosion progressive du pouvoir politique national et finalement même en dessous du national, de l'élite traditionnelle, non pas tant par l'émergence d'élites nouvelles et particulièrement dynamiques, mais plutôt par un conflit interne ». Traduit du jargon de la science politique, ce que van Dusen dit c'est que les divisions internes ont conduit les civils sunnites non-Baâthistes à perdre le pouvoir. Cela a donné une ouverture que les officiers Baâthistes d'origine alaouite ont exploitée.

                      Comment ce processus est survenu est le sujet que je traite ici. Mais d'abord, quelques informations de base sur le contexte des Alaouites et leur place dans la société syrienne traditionnelle, suivi d'une esquisse de leur ascension.

                      L'HERESIE ALAOUITE JUSQU'EN 1920
                      Les gens et la religion


                      « Alaouites» est le terme que les Alawis (également appelés Alaouites) s'appliquent habituellement à eux-mêmes ; mais jusqu'en 1920 ils étaient connus du monde extérieur comme Nusayris ou Ansaris. Le changement de nom - imposé par les Français lors de leur prise de contrôle de la Syrie - a une signification. Considérant que « Nusayri», souligne les différences du groupe par rapport à l'islam », « Alawi » suggère un partisan d'Ali (le gendre du prophète Mahomet) et accentue les similitudes de la religion avec l'islam chiite. Par conséquent, les opposants au régime d'Assad ont l'habitude d'utiliser le premier terme, les partisans du régime, de faire usage du deuxième.

                      Les Alaouites aujourd'hui sont approximativement au nombre d'1,3 millions, dont environ un million vivent en Syrie. Ils constituent aux alentours de 12 pour cent de la population syrienne. Trois-quarts des Syriens alaouites vivent dans Latakié, une province au nord-ouest de la Syrie, où ils représentent près des deux tiers de la population.

                      Les doctrines alaouites datent du IXe siècle et sont issues de la branche des duodécimains ou imamites de l'islam chiite (la secte qui prédomine en Iran). Aux environs de 859 après J.-C., un Ibn Nusayr se déclara le Bab ("porte de la vérité"), un personnage clé dans la théologie chiite. Sur la base de cette autorité, Ibn Nusayr proclama une foule de nouvelles doctrines qui, pour faire court, firent de l'Alaouisme, une religion distincte. Selon Ibn Kathir (mort en 1372), là où les musulmans proclament leur foi avec la phrase "Il n'y a de divinité que Dieu et Mahomet est son prophète", les Alaouites affirment « Il n'y a pas de divinité à part Ali, pas de voile, mais Mohamed, et pas de bab sauf Salman ». Les Alaouites rejettent les grands principes de l'Islam; sous tous les angles, ils doivent être considérés comme non musulmans.

                      Certaines doctrines alaouites semblent provenir du paganisme phénicien, du Mazdéisme et du Manichéisme. Mais de loin la plus grande affinité est avec le Christianisme. Les cérémonies religieuses alaouites impliquent du pain et du vin ; en effet, boire du vin a un rôle sacré dans l'Alaouisme, car cela représente Dieu. La religion tient Ali, le quatrième calife, comme l'incarnation (comme Jésus) de la divinité. Elle a une sainte trinité, composée de Mahomet, Ali, et Salman al-Farisi, un esclave affranchi de Mahomet. Les Alaouites célèbrent de nombreuses fêtes chrétiennes, y compris Noël, le Nouvel An, l'Epiphanie, Pâques, la Pentecôte et le dimanche des Rameaux. Ils honorent de nombreux saints chrétiens: Sainte-Catherine, Sainte-Barbe, Saint-Georges, Saint-Jean-Baptiste, saint Jean Chrysostome et de Sainte-Marie-Madeleine. Les équivalents arabes de noms de personnes chrétiens comme Gabriel, John, Matthew, Catherine, et Hélène, sont d'usage courant. Et les Alaouites ont tendance à montrer plus de gentillesse pour les chrétiens que pour les musulmans.

                      Pour ces raisons, de nombreux observateurs - notamment des missionnaires - ont soupçonné les Alaouites d'un penchant secret pour les chrétiens. Même T.E Lawrence les a décrits comme « ces disciples d'un culte de la fécondité, purs païens, anti-étrangers, se méfiant de l'islam, assimilés par moments au christianisme par la persécution commune. » Le jésuite érudit Henri Lammens sans équivoque a conclu de ses recherches que «les Nusayris étaient chrétiens» et leurs pratiques combinent des éléments chrétiens avec des éléments chiites.

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                      Dernière modification par choucha, 09 décembre 2014, 18h28.

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                      • #12
                        SUITE :

                        Les détails de la foi alaouite sont cachés non seulement aux gens de l'extérieur, mais même à la majorité des Alaouites eux-mêmes. Contrairement à l'islam, qui est fondée sur des relations directes entre Dieu et le croyant, l'alaouisme permet seulement aux gens de sexe masculin nés de deux parents Alaouites d'apprendre les doctrines religieuses. Lorsqu'ils sont jugés dignes de confiance, ceux-ci sont initiés à quelques-uns des rites, à 16-20 ans; d'autres mystères sont révélés plus tard et seulement peu à peu. Le secret religieux est strictement maintenu, sous peine de mort et d'être incarné dans un vil animal. Si cette dernière menace est valable, les mortels ne peuvent pas en juger, mais la première l'est certainement. Ainsi, l'apostat le plus renommé de l'Alaouisme, Sulayman Efendi al-Adhani, a été assassiné pour avoir divulgué des mystères de la secte. Encore plus impressionnant, à un moment de tension sectaire dans le milieu des années 1960, la suggestion que les officiers alaouites qui dirigeaient le pays publient les livres secrets de leur religion a poussé Salah Jadid à répondre avec horreur, disant que, si cela était fait, les leaders religieux « nous écraseraient. »

                        Les femmes font la plupart des durs travaux ; elles sont appréciées « précisément à cause que le travail qu'elles font, les hommes ne le feraient pas sauf à contrecœur, trouvant cela incompatible avec leur dignité. » Les femmes ne sont jamais admises dans les secrets («Devrions-nous leur apprendre ce que nous utilisons, notre sainte foi ? »); En effet, leur malpropreté nécessite leur exclusion de tous les rituels religieux. Les femmes sont pensées pour conserver le culte païen des arbres, prairies et collines cultes, et n'ont pas d'âme. Dans l'ensemble, les femmes sont traitées abominablement, mais une conséquence de ce manque de respect, c'est qu'elles ne doivent pas être voilées et elles ont une plus grande liberté de mouvement que les femmes musulmanes.

                        Les femmes non voilées et plusieurs autres pratiques alaouites- en particulier, que la consommation de vin est autorisée, et que certaines cérémonies ont lieu la nuit – tout cela a longtemps dirigé les soupçons des musulmans sur le comportement des Alaouites. Puis aussi, l'obsession du secret inhérent à la religion a suggéré à de nombreux Sunnites que les Alaouites avaient quelque chose à cacher. Mais quoi? Au cours des siècles, l'imagination des sunnites a fourni une réponse très évocatrice: abandon sexuel et perversion.

                        Ainsi, le théologien al-Ash'ari (874-936) a jugé que l'Alaouisme encourageait la sodomie masculine et les mariages incestueux et le fondateur de la doctrine religieuse druze, Hamza ibn 'Ali (m.en 1021), a écrit que les Alaouites considèrent «le membre masculin entrant dans la nature féminine comme l'emblème de leur doctrine spirituelle ». En conséquence, les hommes alaouites partagent librement leurs épouses avec des coreligionnaires. Ces accusations et d'autres ont survécu intactes à travers les siècles et ont même circulé parmi les Européens. Un voyageur anglais du début des années 1840, qui était probablement en train de répéter des rumeurs locales, a écrit que «l'institution du mariage est inconnue. Quand un jeune homme grandit, il achète sa femme. » Même les Alaouites croyaient au «communisme conjugal» de leurs chefs religieux. De telles calomnies restent un des piliers de la propagande anti-Alaouite circulant dans la Syrie d'aujourd'hui.
                        Bien que les accusations soient fausses, les Alaouites rejettent la loi sacrée de l'Islam, la charia, et donc se permettent toutes sortes d'activités que la doctrine islamique interdit formellement. Les Alaouites ignorent les pratiques sanitaires, les restrictions alimentaires, les mœurs sexuelles, et les rituels religieux. De même, ils accordent peu d'attention au jeûne, à l'aumône, et aux cérémonies de pèlerinage de l'islam ; en effet, ils considèrent le pèlerinage à la Mecque comme une forme d'idolâtrie. Les «mariages spirituels» entre les jeunes (hommes) initiés et leurs mentors religieux se trouvent probablement à l'origine des accusations d'homosexualité.

                        Le plus frappant de tout, les Alaouites n'ont pas de prières ou de lieux de culte ; en effet ils n'ont pas de structures religieuses autres que les sanctuaires tombes. Les prières ont lieu dans des maisons privées, généralement celles des chefs religieux. Le voyageur du XIVe siècle, Ibn Battuta décrit comment ils ont répondu à un décret du gouvernement ordonnant la construction de mosquées : «Chaque village a construit une mosquée loin des maisons, dans laquelle les villageois n'entrent pas pour y rester. Ils y abritent souvent des bovins et des ânes. Souvent un étranger arrive et va à la mosquée pour réciter l'appel [islamique] à la prière, alors ils lui crient, «Arrêtez de braire, votre fourrage va venir. ». Cinq siècles plus tard une autre tentative a été faite pour construire des mosquées pour les Alaouites, cette fois par les autorités ottomanes ; malgré la pression officielle, celles-ci ont été désertées, abandonnées, même par les fonctionnaires religieux, et encore une fois utilisées comme étables.

                        Au-delà des divergences spécifiques, la non-conformité à la charia signifie que la vie alaouite suit son propre rythme, fondamentalement différente de celles des musulmans. Les Alaouites n'agissent pas comme des musulmans sunnites, avec lesquels il y aurait seulement des légères différences, mais plutôt, ils ressemblent à des chrétiens et des juifs dans leur manière de vivre totalement distincte. Matti Moosa fait remarquer que, «comme les autres chiites extrémistes... les Nusayris avaient un mépris total pour les obligations religieuses musulmanes." Ignaz Goldziher le résume succinctement: «Cette religion n'est l'Islam qu'en apparence. » Il est important de rendre ce point très clair: « Les Alaouites n'ont jamais été des musulmans et ne le sont pas maintenant ».

                        Pourtant, comme le compte-rendu d'Ibn Battuta le laisse entendre, il y a une incohérence permanente dans le souhait alaouite d'être considéré comme musulman. Dans le cas qu'il cite, des mosquées furent construites et négligées, d'autres fois il s'agit de l'adoption en demi-teinte des façons islamiques. Les Alaouites ont une longue histoire de revendiquer l'Islam quand cela convient à leurs besoins et de l'ignorer à d'autres moments. En bref, comme d'autres sectes d'origine chiite, les Alaouites pratiquent la taqiya (dissimulation religieuse). Cela peut signifier, par exemple, prier côte à côte avec les musulmans sunnites, mais en silence en maudissant les califes sunnites. L'apostat alaouite, Sulayman Efendi al-Adhani, a raconté avoir dû jurer de dissimuler les mystères de sa religion. Un Alaouite explique le sentiment derrière la taqiya: «Nous sommes l'organisme et les autres sectes ne sont que les vêtements. Toutefois, l'habit ne change pas l'homme. Donc nous restons toujours des Nusayris, même si à l'extérieur nous adoptons les pratiques de nos voisins. Celui qui ne... dissimule pas est un imbécile, car aucune personne intelligente va nue sur le marché. » Une autre phrase alaouite exprime ce sentiment de façon succincte:« La dissimulation est notre guerre juste! " (al-kitman jihadna).

                        Un voyageur anglais a observé en 1697 que les Alaouites sont d'un caractère étrange et singulier. Car c'est leur principe de n'adhérer à aucune religion définie, mais comme un caméléon, ils ont pris la couleur de la religion, quelle qu'elle soit, qui se reflète sur eux à partir des personnes avec lesquelles ils conversent.... Personne n'a jamais été capable de découvrir ce qu'ils étaient vraiment au fond d'eux-mêmes. Tout ce qui est certain à leur sujet, c'est qu'ils font beaucoup de vin et du bon vin, et que ce sont de grands buveurs.

                        Cent cinquante ans plus tard, Benjamin Disraeli a décrit les Alaouites dans une conversation dans le roman de Tancrède:

                        "Sont-ils Moslimine ?" [musulmans]
                        « Il est très facile de dire ce qu'ils ne sont pas, et c'est dû à toute la connaissance que nous avons d'eux ; ils ne sont pas Moslimine, ils ne sont pas chrétiens, ils ne sont pas druzes, et ils ne sont pas juifs, et certainement pas Guèbres [zoroastriens]. »

                        Sulayman Efendi al-Adhani a expliqué cette flexibilité de l'intérieur :
                        Ils prennent les pratiques de l'extérieur de toutes les sectes. S'ils rencontrent des musulmans [sunnites], ils leur disent sous la foi du serment: «Nous sommes comme vous, nous jeûnons et nous prions». Mais ils jeûnent mal. S'ils entrent dans une mosquée avec des musulmans, ils ne récitent aucune prière, mais au lieu de cela, ils s'inclinent et se relèvent comme les musulmans, tout en maudissant Abu Bakr, 'Umar,' Uthman, et d'autres [figures majeures de la tradition sunnite].

                        La taqiya a permis aux Alaouites d'aller dans le sens du vent. Lorsque la France a gouverné, eux-mêmes se sont dépeints comme des chrétiens perdus. Lorsque le panarabisme a été en faveur, ils sont devenus des Arabes fervents. Plus de 10.000 alaouites vivant à Damas ont fait semblant d'être sunnites dans les années précédant l'arrivée d'Assad au pouvoir, ne révélant leur véritable identité que lorsque cela est devenu politiquement utile. Durant la présidence de Assad, des efforts concertés ont été faits pour dépeindre les Alaouites comme des chiites duodécimains.


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                          Relations avec les Sunnites

                          La majorité des musulmans, sunnites comme chiites, traditionnellement ne prennent pas en considération les efforts des Alaouites pour se dissimuler ; ils ont vu les Alaouites comme au-delà des bornes de l'Islam – comme des non-musulmans. Hamza ibn Ali, qui a vu l'attrait de la religion résider dans sa perversité, a énoncé clairement ce point de vue: « La première chose qui favorise les méchants Nusayris est le fait que toutes les choses normalement interdites à l'homme - assassiner, voler, mentir, calomnier, forniquer, être pédéraste- cela est autorisé à celui ou celle qui accepte [les doctrines alaouites] ». Abu Hamid al-Ghazali (1058-1111), le Thomas d'Aquin de l'Islam, a écrit que les Alaouites « apostasient en matière de sang, d'argent, de mariage, et de boucherie, c'est donc un devoir de les tuer. »


                          Ahmad ibn Taymiya (1268-1328), l'écrivain sunnite d'origine syrienne encore très influent, a écrit dans une fatwa (décision religieuse) que «les Nusayris sont plus infidèles que les juifs ou les chrétiens, encore plus infidèles que de nombreux polythéistes. Ils ont causé plus de préjudice à la communauté de Mohamed que les infidèles belligérants comme les Francs, les Turcs, et d'autres. Aux musulmans ignorants ils prétendent être chiites, bien qu'en réalité ils ne croient pas en Dieu, en Son prophète ou à Son livre. " Ibn Taymiya a averti du mal que leur hostilité peut faire: « Chaque fois qu'ils le peuvent, ils font couler le sang des musulmans. Ils sont toujours les pires ennemis des musulmans ». En conclusion, il a soutenu que "la guerre et le châtiment contre eux, conformément à la loi islamique sont parmi les plus grands actes de piété et les obligations les plus importantes" pour un musulman. Depuis le XIVe siècle, les sunnites ont utilisé le terme «Nusayri» pour signifier paria.

                          Les Alaouites n'ont pas eu de position reconnue dans le système confessionnel (millet) de l'Empire ottoman. Un décret ottoman de 1571 note qu'une «ancienne coutume » exigeait des Alaouites qu'ils paient des impôts supplémentaires aux autorités et justifiait cela au motif que les Alaouites « ne pratiquent pas le jeûne [du Ramadan], ni les prières rituelles, et ne respectent aucun des préceptes de la religion islamique ». Les Sunnites ont souvent vu les denrées alimentaires produites par les Alaouites comme impures, et ne les mangeaient pas. Selon Jacques Weulerrse, "Aucun Alaouite n'oserait entrer dans une mosquée musulmane. Autrefois, aucun de leurs chefs religieux n'était en mesure d'aller à la ville le jour de la prière publique [vendredi], sans risque d'être lapidé. Toute manifestation publique de l'identité distincte des communautés était considérée comme un défi [par les sunnites]. "

                          Les sunnites ne furent pas seuls à comprendre les Alaouites comme hors de l'islam. – le courant majoritaire chiite a fait de même. Et les Alaouites, à leur tour ont vu les deux groupes comme ayant des manques.

                          Les spécialistes des hérésies sunnites ont condamné les croyances alaouites et vu les Alaouites comme des mécréants (kuffar) et des idolâtres (mushrikun). Les hérésiographes chiites duodécimains étaient seulement légèrement moins virulents et considéraient les Alaouites comme ghulat, "ceux qui dépassent" les limites dans leur déification de Ali. Les Alaouites, à leur tour, ont qualifié les chiites duodécimains de muqassira, "ceux qui sont loin" de sonder la divinité d'Ali.

                          Il y avait une exception à ce consensus que les Alaouites ne sont pas musulmans. Vers la fin du XIXe siècle, comme les missionnaires chrétiens ont commencé à considérer avec intérêt les Alaouites, les autorités ottomanes ont essayé de les mettre en Islam. Les Français avait déjà des attaches spéciales avec leurs concitoyens catholiques, Maronites, et les autorités à Istanbul ont craint qu'un lien semblable ne soit en cours de création avec les "Alaouites. Alors ils ont construit des mosquées dans les zones alaouites, construit des écoles pour enseigner l'islam, fait pression sur les leaders religieux alaouites pour adopter des pratiques sunnites, et ils ont généralement essayé de faire que les Alaouites agissent comme de vrais musulmans. Ce cas isolé a pris fin après quelques décennies et eut très peu d'impact sur le comportement des Alaouites.

                          La religion islamique garde une hostilité particulière envers les Alaouites. Comme les autres sectes post-islamiques (tels que les bahaïs et les Ahmadis), on voit qu'ils sont en contradiction avec le principe clé islamique que la dernière révélation de Dieu est allée à Mohamed, et les musulmans trouvent cela tout à fait inacceptable. La loi islamique reconnaît la légitimité du judaïsme et du christianisme, parce que ces religions ont précédé l'islam et, partant, les juifs et les chrétiens peuvent maintenir leurs croyances. Mais les Alaouites sont privés de ce privilège. En effet, les préceptes de l'Islam commandent que les apostats comme les Alaouites soient vendus comme esclaves ou exécutés. Au XIXe siècle, un cheikh sunnite, Ibrahim al-Maghribi, a émis une fatwa annonçant que les musulmans peuvent prendre librement la propriété et la vie des Alaouites ; et un voyageur britannique rapporte ce on dit, « ces Ansayriés, c'est mieux d'en tuer un que de prier toute une journée. »

                          Fréquemment persécutés, quelque 20.000 furent massacrés en 1317 et la moitié de ce nombre en 1516, les Alaouites se sont isolés géographiquement du reste du monde en restant dans leurs propres régions rurales. Jacques Weulersse a expliqué leur situation difficile :
                          Défaites et persécutées, les sectes hétérodoxes ont disparu ou, pour survivre, ont renoncé au prosélytisme .... Les Alaouites en silence se sont retranchés dans leurs montagnes .... Isolés dans une région accidentée, entourés par une population hostile, désormais sans communications avec le monde extérieur, les Alaouites ont commencé à vivre leur existence solitaire dans le secret et la répression. Leur doctrine, entièrement constituée, n'a pas évolué davantage.

                          E. Janot a décrit le problème: « persécuté par les Turcs, victime d'un ostracisme déterminé, rançonné par son propriétaire musulman, l'Alaouite osait à peine sortir de sa zone de montagne, où l'isolement et la pauvreté même l'ont protégé." Dans la fin des années 1920, moins de la moitié de un pour cent vivait dans les villes : seulement 771 Alaouites, sur une population de 176.285. En 1945, juste 56 Alaouites ont été enregistrés vivant à Damas (bien que beaucoup d'autres ont pu cacher leur identité). Pour une bonne raison, « le nom Nusayri est devenu synonyme de paysan. » Les quelques Alaouites qui vivaient loin de leur montagne ont couramment pratiqué la taqiya. Même aujourd'hui, les Alaouites dominent les zones rurales de Lattaquié, mais ne représentent que 11 pour cent des habitants de la capitale de cette région.

                          Des siècles d'hostilité ont fait des ravages sur le psychisme alaouite. En plus de prier pour la damnation de leurs ennemis sunnites, les Alaouites ont attaqué des étrangers. Ils ont acquis une réputation de gens de la montagne féroces et indisciplinés qui se sont opposés à payer les impôts qu'ils devaient aux autorités et ont souvent pillé les villageois sunnites dans les plaines. John Lewis Burckhardt a observé en 1812 que les villageois "tenaient les Anzeyrys [Ansaris] dans le mépris de leur religion, et les craignaient, parce que souvent ils descendent des montagnes dans la nuit, traversent l'Aaszy [la rivière Asi, ou Oronte], et volent, ou enlèvent de force, le bétail de la vallée. "

                          Les choses semblaient être encore pires en 1860, lorsque Samuel Lyde a ajouté que « cela est considéré comme rien qu'ils tuent un musulman comme un ennemi naturel, ou un chrétien comme une chose impure. » Ecrivant à peu près en même temps, un écrivain britannique guide de voyage a averti de la réception fraîche à laquelle il faut s'attendre de la part des Alaouites: « Ils sont une race sauvage et quelque peu féroce, enclin au pillage, et même avec effusion de sang, quand leurs passions sont excitées ou la suspicion réveillée. »Avec une magnifique litote, l'auteur guide a conclu, « leur pays doit donc être parcouru avec prudence. »

                          Les Alaouites se retirèrent dans les montagnes à cause des persécutions, puis ils restèrent là, à l'abri de l'ensemble du monde, faute de pouvoir politique au-delà des limites de leur région, loin des administrations plus importantes, presque en dehors des limites du changement historique. La survie dans le vingtième siècle de pratiques archaïques fait de la «région alaouite (pour utiliser l'expression de Jacques Weulersse) un« pays fossile ». Peu a changé dans ce pays parce que «ce n'est pas la montagne qui s'est humanisée; c'est plutôt l'homme qui est devenu sauvage » ; les Alaouites en ont souffert : « le refuge qu'ils avaient conquis est devenu une prison, bien que maîtres de la montagne, ils ne pouvaient pas la quitter. »

                          Les gouvernements ont eu des difficultés à dompter le territoire alaouite. En effet, il ne tombe sous contrôle ottoman qu'à la fin des années 1850. La pacification de la région a ensuite mené à des percées économiques sunnites et à la formation d'une sous-classe alaouite". Comme des paysans mal éduqués manquant d'organisation politique ou de force militaire, les Alaouites généralement ont travaillé dans des fermes appartenant à des propriétaires arabes sunnites, ne recevant qu'un cinquième de la production. Les agents ottomans ont souvent exigé le double ou le triple des impôts dûs dans la région de Lattaquié.

                          "Les Alaouites ont été tellement dans la gêne, après la Première Guerre mondiale, que beaucoup de jeunes ont quitté leur patrie pour aller travailler ailleurs. Les fils ont quitté pour trouver un travail de subalterne ou rejoindre les forces armées. Les filles sont parties à l'âge de sept ou huit ans pour travailler comme domestiques en milieu urbain pour les Arabes sunnites. Parce que beaucoup d'entre elles finirent comme maîtresses (une estimation tient qu'un quart de tous les enfants Alawi dans les années 1930 et 1940 avaient un père sunnite), les musulmans et les Alaouites ont vu cette pratique comme profondément honteuse. Dans certains cas, les filles étaient même vendues. Il n'est pas exagéré de dire, comme le fait un historien autochtone, que les Alaouites « furent parmi les plus pauvres de l'Orient » Le révérend Samuel Lyde est allé encore plus loin, écrivant en 1860 que «l'état de la société [alaouite] était un parfait enfer sur la terre. »

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                          Dernière modification par choucha, 10 décembre 2014, 10h13.

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                          • #14
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                            LA MONTEE EN PUISSANCE DES ALAOUITES, 1920-1970

                            L'ascension des Alaouites a pris un demi-siècle. En 1920, ils étaient encore la minorité humble qui vient d'être décrite ; en 1970, ils régissaient de main de maître la Syrie. Cette transformation étonnante a eu lieu en trois étapes: le mandat français (1920-1946), la période de domination sunnite (1946-1963), et l'ère de la consolidation alaouite (1963-1970).

                            Le mandat français, 1920-1946

                            Selon Yusuf al-Hakim, un éminent homme politique syrien, les Alaouites ont adopté une attitude pro-française, même avant la conquête française de Damas en juillet 1920. « Les Alaouites se voyaient dans un état de grâce après l'enfer ; en conséquence, ils se consacrèrent au mandat français et n'envoyèrent pas une délégation au Congrès [général] syrien. « Ils s'opposaient si intensément au Prince Faysal, le chef sunnite arabe de la Syrie en 1918-1920 qu'ils soupçonnaient de vouloir les dominer, qu'ils lancèrent une rébellion contre son régime en 1919, en utilisant des armes françaises. Selon un observateur bien informé, les Alaouites maudissaient l'islam et priaient « pour la destruction de l'Empire ottoman ». Le général Gouraud reçut un télégramme à la fin de 1919, émanant de 73 chefs Alaouites représentant différentes tribus, qui demandaient « la création d'un syndicat indépendant Nusayri sous notre totale protection. »
                            Deux ans plus tard, les Alaouites se rebellèrent contre la domination française sous la direction de Salih al-'Ali, un événement que le gouvernement Assad montre fièrement comme un des titres d'anti-impérialisme. Mais un examen attentif pousse à croire que la révolte avait plus à voir avec le fait que les Ismaéliens avaient pris parti pour la France et, compte tenu de l'état des relations Ismaéliens-Alaouites, cela a conduit à des hostilités entre les Alaouites et les Français. Dès que les autorités françaises ont accordé l'autonomie aux Alaouites, elles ont gagné le soutien alaouite.
                            En effet, l'établissement de la domination française après la Première Guerre mondiale bénéficia aux Alaouites plus qu'à toute autre communauté. Les efforts français pour coopérer avec les minorités signifiaient que les Alaouites accédaient à l'autonomie politique et échappaient au contrôle sunnite ; l'Etat de Lattaquié a été créé le 1er juillet 1922. Ils ont également acquis une autonomie juridique ; une décision de 1922 pour mettre fin au contrôle sunnite d'affaires judiciaires impliquant des Alaouites a transféré ces cas aux juristes alaouites. L'état alaouite a bénéficié d'imposition basse et d'une importante subvention française. Il n'est pas étonnant que les Alaouites aient accepté tous ces changements avec enthousiasme. Comme un historien anti-Alaouite a dit plus tard, « Au moment où des mouvements de résistance prenaient de l'ampleur contre le mandat français, alors que Damas, Alep, et le Hauran connaissaient des rébellions continues au nom de l'unité et de l'indépendance syriennes, les Nusayris bénissaient la division du pays en petits États minuscules.

                            En échange, les Alaouites ont contribué à maintenir la domination française. Ils se sont déplacés en grand nombre lorsque la plupart des Syriens ont boycotté les élections parrainées par la France, de janvier 1926. Ils ont fourni un nombre disproportionné de soldats pour le gouvernement, formant près de la moitié des huit bataillons d'infanterie constituant les Troupes Spéciales du Levant, servant en tant que police, et fournissant des renseignements. Pas plus tard qu'en mai 1945, la grande majorité des Troupes Spéciales demeurait fidèle à leurs commandants français. Les Alaouites brisaient les manifestations sunnites, arrêtaient les grèves, et réprimaient les révoltes. Les Alaouites ont été ouvertement favorables à la poursuite de la domination française, craignant que le départ de la France ne conduise à une reprise du contrôle sunnite sur eux. Henri de Jouvenel, haut-commissaire français pour la Syrie (1925-1927), a cité un homme politique alaouite de premier plan lui disant: « Nous avons réussi en trois ou quatre ans à faire plus de progrès que nous n'avions fait en trois ou quatre siècles. Laissez-nous donc dans notre situation actuelle ».

                            Les sentiments pro-français ont été exprimés de façon particulièrement claire en 1936, quand l'incorporation temporaire de l 'État alaouite dans la Syrie a suscité de vives protestations. Une pétition de mars 1936 parla de l'union avec les Sunnites comme d'un « 'esclavage». Le 11 juin 1936, un leader alaouite écrivit une lettre au Premier ministre de la France, Léon Blum, lui rappelant « la profondeur de l'abîme qui nous sépare des Syriens [sunnites], »et lui demandant« d'imaginer la catastrophe désastreuse qui suivrait » l'incorporation.

                            Quelques jours plus tard, six notables alaouites (y compris Sulayman Assad, qui serait, dit-on, le grand-père de Hafez al-Assad) envoyèrent une autre lettre à Léon Blum dans laquelle ils faisaient plusieurs remarques : les Alaouites diffèrent des Sunnites religieusement et historiquement; les Alaouites refusent d'être rattachés à la Syrie , car c'est un État sunnite et les Sunnites les considèrent comme des non-croyants (kafirs); la fin du mandat exposerait les Alaouites à un danger mortel; « l'esprit de féodalité religieuse » rend le pays inapte à l'autonomie ; par conséquent, la France devrait assurer la liberté et l'indépendance des Alaouites en restant en Syrie.

                            Une note alaouite au gouvernement français en juillet 1936 demandait : " Est-ce que les Français aujourd'hui sont ignorants que les croisades auraient réussi si leurs forteresses avaient été dans le nord-est de la Syrie, dans la terre des Nusayris ?.... Nous sommes les personnes les plus fidèles à la France. « Encore plus fermement formulée fut la pétition de septembre 1936, signée par 450.000 Alaouites, Chrétiens et Druzes, dans laquelle on lit :
                            Les Alaouites croient qu'ils sont des êtres humains, pas des bêtes prêtes à l'abattage. Aucune puissance au monde ne peut les forcer à accepter le joug de leurs ennemis traditionnels et héréditaires en étant leurs esclaves pour toujours ... Les Alaouites regretteraient profondément la perte de leur amitié et de leur attachement fidèle à la noble France, qui jusqu'à présent a été tant aimée, admirée et adorée par eux.

                            Bien que Lattaquié ait perdu son statut autonome en décembre 1936, la province a continué de bénéficier d'un « régime administratif et financier particulier »"

                            La résistance alaouite au pouvoir sunnite a pris un nouveau tournant en 1939 avec le lancement d'une rébellion armée menée par Sulayman al-Murshid, la « mi-sinistre, mi-ridicule figure du « dieu », obèse, illettré, thaumaturge». Murshid, un bandit qui se proclamait lui-même divin, a contesté la règle sunnite avec des armes françaises et quelque 5.000 partisans alaouites. Selon les mots d'un rapport consulaire britannique de 1944 : « Les dirigeants locaux Alaouites, dont la conception du nouvel ordre en Syrie est un gouvernement nationaliste qui va les traiter à la manière des Français, confirmant leur autorité et fermant les yeux sur leurs excès, font de leur mieux pour tout combiner, et le mouvement semble être soutenu par les Français. » Murshid réussi à maintenir l'autorité de Damas hors des territoires alaouites.

                            Jusqu'à l'indépendance, les dirigeants alaouites ont continué de présenter des pétitions aux Français pour que le mécénat français continue. Par exemple, un manifeste signé par douze chefs de file en mars 1945 a appelé tous les soldats alaouites à rester sous le commandement français et l'arbitrage français des différends entre le gouvernement alaouite et Damas.

                            Prédominance sunnite, 1946-1963

                            Ce furent les Sunnites, et spécialement l'élite sunnite urbaine, qui héritèrent du gouvernement lorsque le mandat français prit fin en 1946. Même après l'indépendance, les Alaouites continuèrent à s'opposer à la soumission au gouvernement central. Sulayman al-Murshid mena une seconde révolte en 1946, se terminant par son exécution. Un troisième soulèvement manqué, dirigé par le fils de Murshid eut lieu en 1952. L'échec de ces efforts conduisit les Alaouites à envisager la possibilité de rattacher Lattaquié au Liban ou à la Transjordanie - tout pour éviter l'absorption dans la Syrie. Ces actes de résistance ternissaient encore plus, parmi les Sunnites, la réputation déjà lamentable des Alaouites.

                            Quand ils arrivèrent au pouvoir, les dirigeants sunnites à Damas ne ménagèrent aucun effort pour intégrer Lattaquié dans la Syrie (en partie parce que cette région offre le seul accès à la mer). Surmontant la résistance armée, ils ont aboli l 'Etat alaouite, les unités militaires alaouites, les sièges des Alaouites au parlement, et les tribunaux qui appliquaient les lois alaouites de statut personnel. Ces mesures ont eu un certain succès ; les Alaouites se réconcilièrent avec la citoyenneté syrienne après l'écrasement de la révolte druze en 1954 et, désormais, abandonnèrent l'idée d'un Etat séparé. Ce changement de perspective, qui semblait être une question d'importance relativement mineure à l'époque, en fait a inauguré une nouvelle ère de la vie politique syrienne: l'ascension politique des Alaouites.

                            Une fois qu'ils eurent reconnu que leur avenir était au sein de la Syrie, les Alaouites commencèrent une rapide ascension vers le pouvoir. Deux institutions clés, les forces armées et le parti Baâth, eurent une importance particulière dans leur transformation.
                            Même si les circonstances particulières qui les avaient amenés dans l'armée devenaient caduques avec le départ des Français, les Alaouites et d'autres minorités continuèrent après l'indépendance à être surreprésentés dans l'armée. De vieux soldats restèrent en service et de nouveaux continuèrent à venir. Etant donné l'attitude sunnite envers les Alaouites, la persistance d'un grand nombre d'Alaouites dans les forces armées est surprenante. Cette anomalie résulte de plusieurs facteurs. Tout d'abord, l'armée conservait sa réputation de place pour les minorités. Patrick Seale a fait observer que les familles de l'aristocratie terrienne sunnite, «étant principalement nationalistes, méprisaient l'armée comme profession : la rejoindre en cas de guerre était servir les Français. Homs [l'Académie militaire] était à leurs yeux un endroit pour les paresseux, les rebelles, les arriérés sur le plan universitaire, ou sur le plan social des gens quelconques. » Cependant pour les non-sunnites, Homs a été une chance pour les ambitieux et talentueux.
                            Dernière modification par choucha, 13 décembre 2014, 08h13.

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