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A la City, le pire est pour demain

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  • A la City, le pire est pour demain

    LA CITY C'EST FINI, fini le champagne et les bons restos

    62 000 suppressions de postes à la City d'ici à la fin 2009
    Chaque jour, week-end compris, 85 banquiers du Square Mile perdent leur travail.

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    It's the end of the world as we know it" (c'est la fin du monde tel que nous le connaissons). Dans la salle des marchés actions de Lehman Brothers, ce lundi 15 septembre, où la banque a annoncé sa faillite, les traders écoutent la chanson de R.E.M. en boucle. Avant d'aller fêter au champagne la fin d'une époque au All Bar One, en bas de la tour verre et acier du siège européen de cette institution américaine vieille de cent cinquante-huit ans.

    "Il y a eu de l'élégance dans la décadence", confie Alex, un trader de feu Lehman Brothers. Le jeune homme - bronzé, costume gris foncé et cravate rouge, dix ans de trading à son actif - a eu "la larme à l'oeil", le lundi matin, à 5 h 30, quand il a allumé son Blackberry et appris que "sa maison" avait sombré. Pas question pour autant de se laisser submerger par l'émotion. Les financiers de la City sont souvent psychologiquement structurés et solides. Ils ont toujours su qu'une crise pouvait dévaster leurs repères. Il y en a eu d'autres avant, il y en aura d'autres après. Entre-temps, ils en auront bien profité.

    Personne ne sait aujourd'hui à quoi ressemblera le secteur financier dans dix ans. Mais une chose est certaine, la faillite de Lehman Brothers a brutalement mis fin à quinze ans d'euphorie qui ont vu la place de Londres, largement dérégulée, devenir le centre financier du monde, devant New York. Combien de fois Gordon Brown s'en est-il félicité. En juin 2007, quelques jours avant de succéder au premier ministre Tony Blair, celui qui est encore chancelier vante cette "époque que l'histoire retiendra comme le début d'un nouvel âge d'or pour la City de Londres" devant des banquiers en smoking réunis à Mansion House, la résidence du Lord Major de la City. Depuis, le premier ministre, chantre d'une régulation "à petite dose", a dû nationaliser plus ou moins totalement Northern Rock, Bradford & Bingley, Royal Bank of Scotland, Halifax Bank of Scotland, et Lloyds TSB.

    Devant la Banque d'Angleterre, à Londres, on a pu voir pendant quelques jours, suspendue à un poteau, une couronne mortuaire "à la mémoire du boom économique". Indéniablement, les mois qui viennent seront difficiles pour la capitale britannique, qui a fait de la finance sa mère nourricière. Les services financiers stricto sensu représentent un cinquième de son activité (et 10 % de l'économie britannique). Si on y ajoute les activités annexes (comptabilité, droit, consulting), le chiffre dépasse 30 % (14 % pour l'ensemble du Royaume). Sans compter les restaurants hors de prix, les bars à cocktails branchés, ou les concessionnaires de Ferrari et autres voitures de luxe qui vendent d'abord à cette population de banquiers largement rémunérés. Ni tous ces métiers qui sont nés de leurs besoins d'hommes et de femmes pressés : massages au bureau, promeneurs de chiens, traiteurs...

    Pour les banques, l'heure est au désendettement. C'est ce capital, si peu cher et si facile à trouver pendant toutes ces années, qui est désormais roi. Les établissements financiers font donc l'inventaire de leurs activités et de leurs équipes, pour définir leur visage de demain. Goldman Sachs et Morgan Stanley envisagent de devenir des banques de dépôt. Non que ces banques d'affaires pur jus aient l'intention d'entretenir des réseaux comme BNP Paribas ou Barclays. Mais en prenant en charge les dépôts de leurs riches clients, elles mettront la main sur du capital bon marché et bienvenu en ces temps d'argent rare.

    "Les banques vont se replier sur leur marché national et sur leur corps de métier", juge un banquier d'une grande banque américaine installée à Londres. A coup sûr, la titrisation et les financements subordonnés, au coeur de la crise des subprimes, vont se raréfier. Le conseil aux entreprises, qui ne consomme pas de capital, devrait résister. Les six prochains mois vont voir le paysage bancaire se reconfigurer, se redimensionner. Et ce sera à la baisse, même si de nouveaux acteurs, comme la banque japonaise Nomura qui a racheté les activités européennes de Lehman Brothers, vont apparaître. Tout ça dans un environnement plus régulé et plus contrôlé par les Etats.

    Le Centre for Economic and Business Research (CEBR) prévoit 62 000 suppressions de postes à la City d'ici à la fin 2009 (dont 34 000 en 2009). Chaque jour, week-end compris, 85 banquiers du Square Mile perdent leur travail. Il prévoit aussi que les bonus à la City en 2008 s'élèveront à 3,6 milliards de livres, contre 8,8 milliards en 2006. Et qu'il faudra dix ans à la City pour se remettre.

    Le pire est donc à venir, même si le pire a déjà commencé. Tous les jours, il y a des licenciements. Souvent expéditifs. "On nous a convoqués le matin pour nous dire que le soir nos badges seraient démagnétisés", raconte un ancien de Lehman Brothers. En septembre, la Grande-Bretagne a compté 42 % de chercheurs d'emplois en plus dans le secteur financier. Les fortunes virtuelles, accumulées par les banquiers sous formes d'actions de leur employeur, ont fondu avec l'effondrement des Bourses. Ceux de Lehman ont tout perdu. "C'est pire qu'un divorce. J'ai perdu la moitié de ma fortune et ma femme est toujours là", plaisante un trader anglais.

    Bref, l'heure est aux économies. La nanny, version Mary Poppins, à 40 000 livres par an n'est plus indispensable. Pas plus que l'école privée hors de prix, les croquettes bio pour chiens, ou les résidences secondaires. Dans le Devon, où les financiers de la City avaient leurs habitudes pour le week-end, les saisies immobilières connaissent des records. La construction de deux gratte-ciel à Londres a été suspendue.

    Tout est allé tellement vite, les annonceurs n'ont pas eu le temps de s'adapter à cette nouvelle donne qui a vu la City frôler la catastrophe. "Canary Wharf, fameux pour les affaires, fabuleux pour le shopping", dit encore la publicité dans le métro pour le centre commercial huppé de ce quartier de Londres qui abrite feu Lehman Brothers, mais aussi Barclays ou Morgan Stanley. Les "Desperate Citywives", comme les appellent la presse anglaise, iront sûrement faire leurs courses ailleurs dans les prochains mois.

    Virginie Malingre
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    il y a des victimes dont on ne parle que très peu

    ce sont ces villes de la finance London, Newyork,
    qui vont voir leur ressources fondre comme neige vue les taxes qu'ils prelevaient des banques et autres organismes financiers
    .
    .
    ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
    Napoléon III

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