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L’Algérie interpellée sur les violations dans les camps de Tindouf

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  • L’Algérie interpellée sur les violations dans les camps de Tindouf

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    Des dizaines de milliers de Marocains sont séquestrés depuis trente trois ans à Tindouf dans l’indifférence générale.

    Mustapha Sehimi

    C’est tout de même curieux que la situation de dizaines de milliers de réfugiés -de séquestrés plus exactement- dans les camps de Lahmada, près de Tindouf (Algérie) perdure depuis plus de trois décennies. Curieux en effet que les pétitionnaires professionnels d’Europe par exemple -surtout en France et en Espagne- considèrent pratiquement que ce dossier n’est ni brûlant ni urgent; qu’il n’est donc pas prioritaire par rapport au Darfour ou à l’exode des millions d’Irakiens ou de Palestiniens; et qu’au final les instances internationales régionales ou autres se distinguent, elles aussi, sur cette même ligne, par une discrétion plutôt embarrassée.
    Qui sont-ils? Combien sont-ils? Que faire pour mettre fin à ce drame collectif à nos frontières et dans une région faisant l’objet de plus en plus d’une plus grande visibilité géostratégique ne serait-ce que du fait de la sanctuarisation de l’espace sahélien par des bandes et des réseaux terroristes derrière le paravent de l’Islam et de l’islamisme.
    Précision
    Qui sont-ils? C’est au milieu des années soixante-dix que ce phénomène migratoire a commencé, pour prendre des dimensions particulières. Des raisons économiques, tout d’abord, ont poussé dans ce sens, liées à la famine qui sévissait alors dans le Sahel; des raisons historiques sont venues se surajouter; celles induites par la répression de l’occupant espagnol dans l’ex-Sahara occidental lors des menées ourdies par les autorités de Madrid; sans oublier des nomades transfrontières sédentarisés malgré eux du fait de ce contexte particulier.
    Combien sont-ils aujourd’hui? Depuis des lustres, l’Algérie et ses représentants au-dehors reprennent à l’envi cette assertion: le nombre des réfugiés serait de 135.000 personnes. Ce chiffre a encore été repris voici quatre semaines à peine, à Genève, lors des travaux de la 59ème session du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire pour les réfugiés par Idriss Jazaïry, ambassadeur algérien.
    Ce qui lui a valu une ferme réplique de son homologue marocain, Mohamed Loulichki, qui a rappelé que la commission d’identification n’avait identifié officiellement que 45.000 personnes dans les provinces du sud et 34.000 seulement dans les camps de Tindouf. Il a jugé utile de préciser qu’il connaissait bien ce dossier puisqu’à l’époque il était justement le coordinateur du gouvernement marocain avec la MINURSO.
    Enfin, il a expliqué que le chiffre de 135.000 était une estimation tout à fait approximative des Nations Unies, laquelle a multiplié le nombre des 34.000 personnes se trouvant dans les camps de Tindouf par un coefficient de 4 personnes en moyenne par famille. C’est d’ailleurs sur la base de ces considérations-là que le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont retenu, depuis 2005, le chiffre de 90.000 personnes qui est ainsi pris en compte pour les besoins de l’assistance humanitaire.
    Précision
    Que faire alors pour régler cette douloureuse question? Identifier de nouveau ces populations, puisque le dernier pointage remonte à près d’une quinzaine d’années, au moment où le principe d’un référendum était l’une des options. Or, ce recensement-là, l’Algérie n’en veut pas. L’on est en face d’une violation des instruments internationaux pertinents en la matière, en l’occurrence la Convention relative au statut des réfugiés adoptée le 28 juillet 1951 et entrée en vigueur le 22 avril 1954 à laquelle il faut ajouter le Protocole relatif au statut des réfugiés, adopté le 31 janvier 1967 et entré en vigueur le 4 octobre 1967.
    Ces textes imposent en effet le recensement des populations pour en cerner tous les traits: total, pays de départ, possibilité d’intégration dans le pays d’accueil ou ailleurs… Ce que les autorités d’Alger refusent obstinément parce qu’elles ont instrumentalisé la notion de “peuple” sahraoui qui aurait fui pour se réfugier dans un pays voisin tellement hospitalier! Mais, poussant plus loin, celles-ci lient les obligations pesant sur elles quant au recensement desdites populations à l’application d’un plan de règlement. Plan que les Nations Unies ont déclaré inapplicable et même pratiquement caduc par suite de la nouvelle dynamique du processus enclenché par la proposition marocaine d’autonomie interne validée par le Conseil de Sécurité et par les grandes instances internationales, telle l’Union européenne.


    Abdelaziz Bouteflika chez le Polisario à Tindouf.
    Nous ne sommes pas en face d’hommes libres.

    C’est de séquestration qu’il faut bel et bien parler. Les opérations de relations publiques orchestrées régulièrement par les séparatistes du Polisario ne trompent plus personne dans la mesure où elles ne présentent que certains clichés de nature à émouvoir les bonnes âmes -enfants, mères… Or les camps sont soumis à un double cordon sécuritaire et militaire, le premier autour de chaque camp et le second entre les camps. Aucune liberté de circulation; les contacts sont surveillés.
    Les professionnels des droits de l’Homme, si remuants ici et là, devraient mesurer que la dignité n’est pas respectée, la population vivant dans des conditions inacceptables; que les droits de l’Homme fondamentaux ne sont pas protégés; que les réfugiés -présentés comme tels en tout cas- sont privés de leurs droits de mouvement, de circulation et d’expression; qu’ils font l’objet de sanctions, de brimades, d’emprisonnement, de disparition forcée et même d’assassinat; que la majorité des enfants et des femmes souffrent de maladies et de malnutrition. Le statut éligible aux droits de l’Homme universellement reconnus est tellement battu en brèche que les Sahraouis dans ces camps ne disposent pas de documents d’identité pouvant éventuellement leur servir au-delà de ce périmètre.
    C’est le règne du non-droit et du déni de liberté. Nous ne sommes pas en face d’hommes libres et de citoyens mais d’une sorte de catégorie sociale et humaine s’apparentant aux serfs de l’époque médiévale.
    Si l’on y ajoute la déportation de milliers d’enfants à Cuba, qui subissent un endoctrinement et qui pâtissent d’un véritable déracinement affectif et culturel, comment ne pas s’inquiéter de toutes ces dérives? Ce volet humain ne peut être ignoré ni minoré au moment où les Nations Unies, d’ici le mois d’avril 2009, vont évaluer de manière conséquente les avancées enregistrées sur le dossier du Sahara marocain.
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