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Détournements dans l’indifférence
Il n’y a plus de doute, cela relève de la pathologie lourde. Des milliers de milliards partent en fumée sans que cela émeuve et choque personne.
Devant une telle apathie, les scandales financiers sont devenus de véritables compétitions. Des centaines de milliards à la pelle où se sont distinguées les Recettes des P et T, on est passé aux 1200 milliards détournés à la BNA il y a peu. Nous voilà aujourd’hui avec 7000 milliards à la Cnma. On a la nette impression que nos autorités, devant tous ces scandales, développent les mêmes sentiments que face aux accidents de la route. En vérité, la comparaison n’est pas juste car elles font semblant de réagir et évoquent tout et n’importe quoi pour désigner les causes des hécatombes de la route alors que pour les détournements, elles... détournent carrément la tête. Elles ne disent rien, ne font rien. Elles ne font même pas semblant de s’y intéresser.
Dans ces conditions, les escrocs, les malfaiteurs, les indélicats, les hors-la-loi, les brigands auraient tort de ne pas se lancer dans cette course de record des détournements de l’argent du Trésor. De plus, que risquent-ils? Quelque temps en prison? Foutaises! «La prison, c’est fait pour les hommes avec un grand H», se répètent-ils les uns aux autres. Le magot? Ils le retrouveront intact à la fin de leur petite peine. Leur «investissement» est là. Devenir milliardaires contre un peu de liberté. Le mur du son de l’irresponsabilité est franchi. Il ne nous reste plus qu’à attendre le prochain record d’argent détourné des caisses de l’Etat. Des caisses de l’Etat qui contiennent, en réalité, l’argent de tous les Algériens. Notre argent.
C’est ainsi que les citoyens honnêtes sont pris en sandwich entre des fonctionnaires véreux qui volent leur argent sans scrupule aucun et l’autorité publique qui se garde juste de ne pas applaudir. Jusqu’où nous mènera une telle situation? En quoi est-il difficile au législateur de mettre en place un dispositif efficace pour récupérer les biens mal acquis? Où se trouve la difficulté de confondre un salarié qui, subitement roule en carrosse et habite un château? Où se trouve la difficulté de confondre ses proches qui, sans avoir hérité de l’oncle d’Amérique, se retrouvent propriétaires «légaux» du carrosse et du château? Une épouse sans profession, propriétaire récente d’une maison de maître. Des gamins encore imberbes «transformés» par acte notarié en businessmen à la tête de florissantes affaires. Du cousin sans le sou ni formation qui, magiquement, un beau matin, se réveille patron d’usines. Sans compter les acquisitions à l’étranger.
On aura beau chercher les difficultés sérieuses qui empêcheraient de récupérer les butins, on n’en trouvera pas. Tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Alors c’est quoi ce laisser-faire? Et si vraiment nos autorités voulaient arrêter l’hémorragie, il est certain qu’ils feraient usage de l’arme de dissuasion par excellence: «Taper dans la poche et dans les passeports des voleurs.» Persister à ne pas l’utiliser, surtout en ces temps de crise financière et économique, grosse d’une récession qui ne tardera pas à s’abattre sur nous, c’est commettre plus qu’un délit. Car ce n’est plus de la «non-assistance à personne en danger» mais de celle de tout un «peuple en danger!»
Zouhir MEBARKI
L'Expression
Devant une telle apathie, les scandales financiers sont devenus de véritables compétitions. Des centaines de milliards à la pelle où se sont distinguées les Recettes des P et T, on est passé aux 1200 milliards détournés à la BNA il y a peu. Nous voilà aujourd’hui avec 7000 milliards à la Cnma. On a la nette impression que nos autorités, devant tous ces scandales, développent les mêmes sentiments que face aux accidents de la route. En vérité, la comparaison n’est pas juste car elles font semblant de réagir et évoquent tout et n’importe quoi pour désigner les causes des hécatombes de la route alors que pour les détournements, elles... détournent carrément la tête. Elles ne disent rien, ne font rien. Elles ne font même pas semblant de s’y intéresser.
Dans ces conditions, les escrocs, les malfaiteurs, les indélicats, les hors-la-loi, les brigands auraient tort de ne pas se lancer dans cette course de record des détournements de l’argent du Trésor. De plus, que risquent-ils? Quelque temps en prison? Foutaises! «La prison, c’est fait pour les hommes avec un grand H», se répètent-ils les uns aux autres. Le magot? Ils le retrouveront intact à la fin de leur petite peine. Leur «investissement» est là. Devenir milliardaires contre un peu de liberté. Le mur du son de l’irresponsabilité est franchi. Il ne nous reste plus qu’à attendre le prochain record d’argent détourné des caisses de l’Etat. Des caisses de l’Etat qui contiennent, en réalité, l’argent de tous les Algériens. Notre argent.
C’est ainsi que les citoyens honnêtes sont pris en sandwich entre des fonctionnaires véreux qui volent leur argent sans scrupule aucun et l’autorité publique qui se garde juste de ne pas applaudir. Jusqu’où nous mènera une telle situation? En quoi est-il difficile au législateur de mettre en place un dispositif efficace pour récupérer les biens mal acquis? Où se trouve la difficulté de confondre un salarié qui, subitement roule en carrosse et habite un château? Où se trouve la difficulté de confondre ses proches qui, sans avoir hérité de l’oncle d’Amérique, se retrouvent propriétaires «légaux» du carrosse et du château? Une épouse sans profession, propriétaire récente d’une maison de maître. Des gamins encore imberbes «transformés» par acte notarié en businessmen à la tête de florissantes affaires. Du cousin sans le sou ni formation qui, magiquement, un beau matin, se réveille patron d’usines. Sans compter les acquisitions à l’étranger.
On aura beau chercher les difficultés sérieuses qui empêcheraient de récupérer les butins, on n’en trouvera pas. Tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Alors c’est quoi ce laisser-faire? Et si vraiment nos autorités voulaient arrêter l’hémorragie, il est certain qu’ils feraient usage de l’arme de dissuasion par excellence: «Taper dans la poche et dans les passeports des voleurs.» Persister à ne pas l’utiliser, surtout en ces temps de crise financière et économique, grosse d’une récession qui ne tardera pas à s’abattre sur nous, c’est commettre plus qu’un délit. Car ce n’est plus de la «non-assistance à personne en danger» mais de celle de tout un «peuple en danger!»
Zouhir MEBARKI
L'Expression
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