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Mexique La gauche bloque l'ouverture du secteur pétrolier aux investisseurs étrangers

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    La gauche mexicaine bloque l'ouverture du secteur pétrolier aux investisseurs étrangers
    LE MONDE | 29.10.08 | 14h13 MEXICO CORRESPONDANTE

    Ragaillardi par la crise de l'économie mondiale, le chef de file du "Mouvement de défense du pétrole" mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador, ancien candidat de la gauche à la présidence de la République, s'est employé à dénigrer une réforme du secteur énergétique qui intègre la majorité de ses propositions, et dont les législateurs de son parti ont négocié durant six mois chaque virgule.

    Comme causes du problème, le responsable politique a aussi évoqué, devant le Parlement mexicain, la corruption du personnel surveillant, et l'absence d'une mise en oeuvre d'une politique d'insertion.

    Mardi 28 octobre, celui que la droite a surnommé "Don Contreras" (M. Contre) a emmené 4 000 fidèles jusqu'à la Chambre des députés, afin d'empêcher une "grande offense au peuple mexicain" : l'adoption d'un texte jugé peu incitatif par les investisseurs potentiels, mais où il soupçonne un "piège" préparant une privatisation du patrimoine national. "Je préfère être "Don Contreras" qu'un traître", a-t-il lancé lors d'un rassemblement à Mexico.

    Le président de la Chambre, César Duarte, membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre-gauche), a laissé M. Lopez Obrador exposer durant 45 minutes ses arguments sur la faillite des dogmes libéraux et la "voracité" des possédants.

    Ensuite, la réforme a été adoptée à la majorité des voix, malgré le baroud d'honneur d'une vingtaine de députés de gauche qui ont occupé la tribune jusqu'à la fin du vote.

    Dans la foule éparpillée autour du Congrès, on voyait des pancartes rappelant la phrase du général Lazaro Cardenas, lorsque, excédé par la mauvaise foi des compagnies américaines et britanniques, celui-ci décida de nationaliser les hydrocarbures, en 1938 : "Un gouvernement, ou un individu, qui livrent les ressources nationales à des entreprises étrangères sont des traîtres à la patrie." Les partisans de M. Lopez Obrador sont convaincus que lui seul a le courage de s'opposer aux compromissions des politiciens.

    "GROUPES DE PROFITEURS"

    "Tout ce que nous avons gagné avec les politiques néolibérales mises en place depuis vingt-cinq ans, c'est le pillage du pays par de petits groupes de profiteurs", remarque Agustin Galindo, 69 ans, ancien ouvrier de l'industrie du ciment de Guadalajara (Centre-Ouest). "Ce qui nous reste, c'est le pétrole. Alors, nous n'allons pas le lâcher !", prévient-il.

    Afin de compenser le déclin rapide de la production nationale, l'équipe du président Felipe Calderon - un conservateur auquel M. Lopez Obrador dénie toute légitimité - espérait faire passer dès avril un texte permettant une participation des entreprises privées, mexicaines ou étrangères, notamment dans l'exploration de gisements en eaux profondes, le raffinage ou le transport des carburants. Ces velléités ont vite été bloquées par la levée de boucliers du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), la formation à laquelle appartient M. Lopez Obrador, mais aussi par le PRI, qui compte bien regagner la première place au Congrès lors des élections législatives de 2009.

    "Si tu maintiens ce projet, tu le fais président !", aurait averti un dirigeant du PRI au cours d'une entrevue avec M. Calderon, en allusion à l'ambition de M. Lopez Obrador, battu de très peu à l'élection présidentielle de 2006, d'être une nouvelle fois le champion de la gauche en 2012.

    Remanié sous la pression du PRD, le texte accorde une autonomie financière à la société nationale de pétrole, la Pemex, et l'autorise à coopérer avec des entreprises privées sur une base contractuelle, excluant le partage des risques comme des bénéfices.

    Le Mexique se démarque ainsi de pays tels que Cuba et le Venezuela, qui ont ouvert l'exploration pétrolière à des partenaires étrangers. "Nous n'allons pas vendre notre territoire par petits morceaux", a répété M. Lopez Obrador.

    Tandis que le président Calderon félicitait les législateurs pour "une réforme où nous sommes tous gagnants", M. Lopez Obrador a annoncé que son mouvement allait s'élargir à la "défense de l'économie populaire".

    Joëlle Stolz
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