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Le cataclysme financier qui va anéantir l'Euro

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  • Le cataclysme financier qui va anéantir l'Euro

    La crise financière qui se répand comme une traînée de poudre dans tout l’ex-bloc soviétique menace de déclencher une deuxième crise bancaire en Europe de l’Ouest, encore plus dangereuse, entraînant l’ensemble du continent dans un véritable marasme économique.

    La solidité des monnaies est testée jusqu’à la rupture à la périphérie de Union Monétaire Européenne, durant cette tourmente qui rappelle celle de l’effondrement du serpent monétaire européen en 1992.

    « C’est la plus grande crise monétaire que le monde ait jamais vu », déclare Neil Mellor, analyste à la banque Mellon.

    Les experts craignent que ce chaos ne puisse bientôt déclencher une réaction en chaîne au sein de la zone euro elle-même. Le risque réside en une augmentation brutale de la fuite des capitaux quittant l’Autriche et des pays du « Club Med » qui tablent sur les financements de l’étranger pour couvrir les énormes déficits de leurs balances des comptes courants.

    Les données les plus récentes de la Banque des Règlements Internationaux montrent que les banques d’Europe occidentale ont dans leurs livres la quasi-totalité de l’exposition au risque né du dégonflement de la bulle sur les marchés émergents.

    Elles détiennent les trois-quarts du total 4 700 milliards des prêts bancaires octroyés en Europe de l’Est, en Amérique Latine et dans les pays émergents d’Asie lors du dernier boom mondial du crédit. Cette somme dépasse largement les montants de la débâcle des crédits hypothécaires US.

    L’Europe a déjà eu un premier avant-goût de ce que cela pourrait signifier. Les mésaventures de l’Islande lui a coûté 74 milliards de dollars. Les Allemands ont perdu 22 milliards.

    Stephen Jen, responsable du secteur des devises chez Morgan Stanley, affirme que le crash des marchés émergents est un risque largement sous-estimé. Il menace de devenir « le deuxième épicentre de la crise financière mondiale », qui concernerait cette fois-ci l’Europe et non plus les USA.
    L’exposition des banques autrichiennes sur les marchés émergents est égale à 85% du PIB - avec une forte concentration en Hongrie, en Ukraine et en Serbie - qui tous, avec la Biélorussie, se pressent à la porte du FMI pour obtenir des prêts pour leur sauvetage.

    Le montant de cette exposition au risque représente 50% du PIB en Suisse, 25% en Suède, 24% au Royaume-Uni, et 23% en Espagne. Aux États-Unis elle n’est que de 4%. L’Amérique restera spectatrice durant ce nouvel épisode.

    Les banques espagnoles ont prêté 316 milliards de dollars à l’Amérique latine, près de deux fois le montant accordé par l’ensemble des banques américaines ( 172 milliards) à ce qui était autrefois le pré carré des États-Unis. D’où les doutes croissants qui s’expriment sur la santé du système financier espagnol - déjà en situation de stress en raison de la crise de l’immobilier - au moment où l’Argentine se rapproche d’un nouveau défaut de paiement, et où la devise, les obligations et les actions Brésiliennes sont en chute libre.

    D’une manière générale, les États-Unis et le Japon se sont tenus à l’écart du boom du crédit dans les marchés émergents. Cette fête du crédit a été un jeu européen - souvent en utilisant des fonds en dollars, ce qui ajoute encore à l’aspect terrible du « deleveraging, » ce processus de liquidation mondial, qui propulse le dollar vers des sommets. Nulle part ailleurs ce phénomène n’a été plus extrême que dans l’ex-bloc soviétique.

    La région a emprunté 1 600 milliards de dollars, euros et francs suisses. Quelques propriétaires qui ont pris de gros risques en Hongrie et Lettonie ont souscrit des crédits hypothèques libellés en yens japonais. Ils ont tout simplement subi une hausse de 40% de leur dette depuis juillet. Personne ne les avait mis en garde contre ce qui pouvait se passer lorsque le carry trade [1] avec le Japon connaîtrait une inversion brutale, comme c’est le cas avec ce retournement de cycle.

    Les experts du FMI avaient rédigé un rapport il y a deux ans, intitulé « Asie 1996 et l’Europe de Est 2006 - la réédition du Déjà vu ? », qui avertissait que cette région était le théâtre des plus dangereux excès financiers dans le monde.

    Ce texte, inexplicablement, n’a jamais été publié, bien que des copies non officielles aient circulé. Peu de choses ont été faites pour tenter de refroidir la croissance du crédit, ou pour mettre fin à une dépendance mortelle à des capitaux étrangers. La semaine dernière, les discrets auteurs de ce document ont tenu lors revanche, lorsque l’Europe de l’Est est partie en vrille.

    La Hongrie a stupéfié le marché en augmentant les taux de 3% pour les porter à 11.5% en une dernière tentative pour défendre le cours du Florin vis-à-vis de la monnaie européenne.

    Les requins des hedges funds sont attirés par l’odeur du sang et voient se former une liste de devises qui sont leurs victimes potentielles. « L’économie n’est pas assez forte pour supporter le choc, donc on sait que ce n’est pas viable », avertit Simon Derrick, spécialiste des devises à la Banque Mellon.

    La Roumanie a multiplié par 9 son taux au jour le jour pour tenter d’endiguer la fuite des capitaux, rappelant ainsi les mesures désespérées prises par les banques Scandinaves dans les derniers jours de la crise du SME en 1992 - décisions qui avaient transformé en catastrophe la crise bancaire des pays nordiques.

    La Russie est également dans l’oeil du cyclone, en dépit de sa richesse énergétique - ou à cause d’elle. Le coût de l’assurance sur la dette de l’Etat russe, par le biais de contrats de Credit-Defaut Swaps (CDS), a bondi à 12% la semaine dernière, a un niveau plus élevé que celui qu’avait atteint la dette Islandaise, avant que Reykjavik ne subisse son « Crépuscule des Dieux. »

    Les marchés ne croient plus que la structure du budget et des dépenses de l’État russe soient viables maintenant que le pétrole menace de plonger à moins de 60 dollars le baril. La dette extérieure de l’oligarchie (530 milliards de dollars) dépasse le niveau des réserves en devises du pays. 47 milliards de dollars doivent être remboursé au cours des deux prochains mois.

    Les courtiers suivent la situation avec une attention particulière au moment où la contagion passe de la périphérie au cœur de la zone euro. Ils suivent l’évolution des différentiels de taux entre les bons du trésor à 10 ans de l’Italie et de l’Allemagne, qui fournissent un baromètre du stress auquel est soumis l’union monétaire.

    Cet écart a atteint 93 points de base, soit 0,93%, la semaine dernière, plus haut niveau observé depuis la création de l’Union Monétaire. Personne ne sait où se situe le point de rupture, mais une valeur supérieure à 100 serait considérée comme une alarme rouge. Le marché a pris bonne note que ce vendredi, les plus grandes banques portugaises, Millenium, BPI, et Banco Espirito Santo se sont préparées à accepter en urgence les garanties de crédit offertes par l’Etat.

    Hans Redeker, responsable du secteur devise à BNP Paribas, écrit qu’il existe un danger imminent que les parités des devises de l’Europe de l’Est soient rompues si les autorités de l’UE ne prennent pas une pleine conscience de la gravité de la menace, ce qui à son tour provoquerait une dangereuse crise pour l’Union Monétaire elle même.

    « Le système est paralysé, et il commence à ressembler à celui du mercredi noir de 1992. J’ai bien peur que cela ait un effet déflationniste sur l’économie de l’Europe occidentale. Il est pratiquement garanti que l’offre de monnaie dans la zone euro soit sur le point d’imploser », estime-t-il.

    Léger réconfort pour les lecteurs britanniques : les banques du Royaume-Uni n’ont pratiquement pas d’exposition sur l’ex-bloc communiste, à l’exception de la Pologne, qui est l’un des Etats les moins vulnérables.

    La menace pour la Grande-Bretagne réside dans les pays émergents d’Asie, où les banques ont accordé 329 milliards de dollars de prêts, presque autant que les Américains et les Japonais réunis. Que vous le sachiez ou pas, votre fonds de pension coule en même temps que les obligations des entreprises vietnamiennes et les prêts octroyés à des magnats indiens de l’acier. Personne ne vous l’avait dit ?

    Par Ambrose Evans-Pritchars, The Telegraph, 26 octobre 2008
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