Ce jardin historique à la végétation luxuriante et au patrimoine architectural remarquable est une des curiosités d’Alger. La Ville de Paris coopère depuis 2005 avec la ville d’Alger pour le réhabiliter. L’objectif est de redonner au Jardin d’Essai sa splendeur d’autrefois tout en valorisant le patrimoine naturel et culturel algérien.
Depuis 2002, la Ville de Paris mène de nombreux projets de coopération décentralisée, notamment avec des grandes villes d’Afrique du Nord. Ainsi, depuis 2005, dans le cadre de projets pilotés par la Délégation Générale aux Relations Internationales, le Jardin botanique et la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement participent à la réhabilitation du Jardin d’Essais de Rabat, et à celle, beaucoup plus significative, du Jardin d’Essai du Hamma à Alger.
L’accord de coopération et d’amitié signé en janvier 2003 entre la Wilaya d’Alger (« préfecture ») et la Ville de Paris a été le point de départ de ce projet. Lors de la visite du Maire de Paris à Alger en avril 2005, différents projets de coopération ont été définis dont la création d’une Ecole de la propreté, une démarche de sensibilisation citoyenne au tri sélectif, et la réhabilitation du Jardin d’Essai (58 ha).
Un patrimoine exceptionnel
Le Jardin d’Essai du Hamma a été créé en 1832 afin d’introduire des espèces animales ou végétales en Algérie. Ce jardin est un peu l’équivalent du Jardin d’Acclimatation de Paris. Fermé pendant de nombreuses années, il avait perdu de son prestige et nécessitait une réhabilitation de grande ampleur. Le projet couvre 38 ha de jardin et un arboretum de 20 ha. Le jardin est structuré autour d’allées magnifiques portant le nom des espèces qui les bordent : platanes (plantés en 1845), dragonniers (1847), ficus (1863), bambous et yuccas.
Il existe deux pôles importants : le jardin français, à l’ouest du jardin, dont la perspective ouvre sur la baie d’Alger et le jardin anglais avec ses 2 bassins, au sud-est. Le reste de la superficie est occupé par les serres d’exposition, les serres de multiplication, les carrés des collections, l’école d’horticulture et son ancien internat et le parc zoologique. Les bâtiments administratifs et scientifiques abritent quant à eux, une banque de semences, un herbarium et un laboratoire de culture in vitro…
La dimension scientifique et naturelle du jardin est importante, mais sa valeur culturelle l’est tout autant : le jardin est bien connu des Algériens et de toutes les personnes ayant vécu en Algérie.
Un projet ambitieux
Permettre une réouverture rapide du jardin au public a été la priorité. Les travaux de sécurisation ont été conduits tout en respectant l’histoire du site. On s’est appuyé pour cela sur des documents anciens. Les matériaux et les compétences locales ont été utilisés et valorisés afin de limiter les importations et d‘utiliser des techniques répondant aux critères du développement durable. Les choix techniques ont aussi pris en compte un entretien minimal dans le futur.
Le bitume des allées a été retiré pour être remplacé par un matériau local drainant. Les canalisations ont été refaites ainsi que les seguias, méthode traditionnelle d’irrigation. Certaines serres ont dû être abattues et seront reconstruites, d’autres ont été rénovées en respectant l’architecture originale. La signalétique, les clôtures, le mobilier de jardin, l’éclairage ont été entièrement recréés dans cet esprit. Une école de la nature ainsi qu’une station de compostage ont été créées. Une gestion différenciée, c’est-à-dire adaptée à chaque espace, a été mise en place sur l’ensemble du site.
Un enrichissement mutuel
Le projet démontre à quel point il est nécessaire de développer les coopérations décentralisées. Il illustre l’avantage qu’ont les jardins botaniques à travailler en réseaux nationaux et internationaux. Ces échanges leur permettent d’enrichir leurs compétences et leur savoir-faire, dans un respect mutuel, pour le bénéfice de tous les citoyens.
Pour le Jardin d’Essai, les experts de la Ville de Paris ont apporté leur savoir-faire technique tout en s’appuyant sur les compétences et le savoir-faire de leurs partenaires algériens afin qu’ils prennent les décisions les plus pertinentes. Pour la mise en place d’une organisation du Jardin, des propositions juridiques ont été formulées, comme l’acquisition d’une personnalité morale propre, la proposition d’un statut, d’un conseil scientifique et d’administration et d’un organigramme.
La gestion des collections suivra un schéma directeur. Celui-ci permettra la valorisation et la conservation des ressources génétiques algériennes. Différents biotopes algériens seront présentés aux visiteurs du jardin, en collaboration avec les parcs naturels nationaux. La banque des semences est riche de taxons locaux collectés cette année. Les plantes médicinales et leurs usages traditionnels seront valorisés.
Le projet entre actuellement dans sa seconde phase. La formation et la gestion des collections seront prioritaires dans les mois à venir.
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