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    La contradiction

    Pour justifier pourquoi il a au final renoncé à la consultation populaire pour son projet de révision constitutionnelle, Bouteflika a développé l'argument que les correctifs qu'ils escompte opérer étant limités, ils se suffisent de l'approbation parlementaire. Constitutionnellement, sa démarche n'est pas attaquable car expressément prévue par la loi fondamentale.
    Ce qui est contradictoire toutefois avec l'affirmation exprimée par le Président que les constitutions «sont l'expression de la volonté des peuples à un moment précis de leur histoire». Si cela était réellement conviction chez lui, Bouteflika aurait dû alors passer par cette volonté populaire pour la révision, peu importe l'ampleur des correctifs en question.
    Les inconditionnels du dessein présidentiel rétorqueront qu'en tant que représentation nationale élue, le Parlement est habilité à exprimer cette volonté populaire. Sauf qu'il se trouve que cette représentation nationale actuelle, quoique légitime en regard des textes et de la loi, est totalement discréditée parce qu'issue d'un scrutin dans lequel les deux tiers de l'électorat se sont abstenus. Peut-elle dans ces conditions avaliser le projet de révision constitutionnelle sans s'inquiéter que son aval ne reflète pas forcément le point de vue de ces deux tiers de l'électorat ? Soumis, transformé en chambre d'enregistrement et conditionné par les privilèges qui lui ont été généreusement octroyés, le Parlement n'est taraudé par aucun problème de conscience. Il lui suffit que le pouvoir réel soit satisfait.

    Cela étant, Bouteflika ne «viole»pas la Constitution avec son projet de révision, comme l'en ont accusé ses détracteurs faute d'arguments. Ce qu'on peut dénoncer dans sa démarche, c'est la défiance qu'elle exprime à l'égard de «cette volonté des peuples» à laquelle Bouteflika se réfère. En tenant le peuple à l'écart de cette révision de la Constitution, Bouteflika n'a-t-il pas fait ainsi aveu de méfiance vis-à-vis de la réponse populaire à son projet ? Pour un homme d'Etat imbu de la légitimité populaire qui lui a été conférée et bardé de la certitude que la majorité du peuple lui est acquise et est favorable à ses desseins, c'est une dérobade qui ne grandit pas sa stature. Il est vrai qu'en politique, seul le résultat compte.
    Bouteflika aura donc sa révision constitutionnelle, il sera candidat à un troisième mandat et l'on ne voit personne dans notre classe politique le mettre en difficulté à l'occasion. Ce n'est pas pour autant la façon qu'il a choisie pour parvenir à ses fins qui le fera rentrer dans l'histoire par la «grande porte». Pour le pays, elle est signe que sous une façade de démocratie formelle, il est bel et bien ancré à ce monde où le pouvoir se prend et se garde par la force, au mieux masquée par des subterfuges donnant un semblant de respect des principes démocratiques.
    Quotidien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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