PowerPoint
Tout le monde connaît ce sigle «.ppt», désignant le logiciel «Power Point» permettant d’illustrer des exposés. Il est partout. Sur vingt minutes de conférence, on en perd déjà cinq pour le brancher et encore trois pour ouvrir la bonne icône. Ensuite, notre conférencier essaie de lire de loin les trois lignes écrites sur chaque diapositive. Et c’est fini. Des questions? Vous avez remarqué: il y en a peu et encore moins qui aillent au coeur du sujet. Pourquoi? Tout simplement parce que la mise en scène du «.ppt» absorbe à elle seule une bonne partie de notre attention. A se demander si «.ppt» n’est pas fait, justement, pour limiter nos capacités d’évaluation et donc de critiques.
Que ce serait-il passé si notre conférencier avait distribué deux feuilles format A4, avec ses cinquante lignes de texte? Sans doute y aurions-nous noté, au fur et à mesure de son discours, nos remarques, lesquelles auraient alimenté un débat réel.
Evidemment, ce n’est pas l’outil qui est en cause, c’est la manière de s’en servir.
Il y a plus navrant.
Les présentations «.ppt» se sont répandues dans notre gouvernement comme le virus de la grippe. Aucun ministre ne s’en prive: ça fait moderne et branché… et surtout cela a le même résultat sur l’équipe gouvernementale que sur n’importe quel auditeur: le PowerPoint coupe court aux discussions de fond.
C’est ainsi que nous avons eu de multiples versions du plan Emergence… sans qu’on se pose de question sur la formation professionnelle des employés et des cadres qui devaient le servir. Même constat pour le tourisme, etc. Plus fort encore: «.ppt» dispense de réaliser ce qu’il annonce. Ainsi a-t-on fait un beau PowerPoint, il y a deux ans pour la mise à niveau de Casablanca, devant Sa Majesté lui-même et tout le Maroc économique et politique. Plus la peine de se mettre au travail. Même constat pour la politique énergétique.
Il est vraiment magique, ce PowerPoint!
Nadia SALAH
L'econmiste
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