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Les compagnies aériennes aggravent leur déficit

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  • Les compagnies aériennes aggravent leur déficit

    Le transport aérien s'en remettra mais, pour l'instant, il va mal : les résultats de Lufthansa chutent, la petite compagnie danoise Sterling Airways à capitaux islandais vient de se déclarer en faillite. Même Air France, qui s'enorgueillit de n'avoir affiché aucun exercice déficitaire au cours des dix dernières années, a prévenu qu'"il lui sera très difficile d'atteindre son objectif initial, qui était d'afficher un résultat d'exploitation de 1 milliard d'euros pour l'exercice 2008-2009". Outre-Atlantique, l'emblématique Southwest Airlines, pionnière parmi les compagnies low cost, vient d'enregistrer sa première perte trimestrielle en dix-sept ans.

    Ces quelques exemples illustrent la dernière note de conjoncture rendue publique fin octobre par l'Association internationale du transport aérien (IATA) - elle regroupe 230 transporteurs - qui est pour le moins alarmante. Pour la première fois depuis 2003, le trafic aérien a baissé, à la fois sur les passagers et sur le fret. Le trafic passagers a baissé, au mois de septembre, de 2,9 % par rapport à la même période en 2007, tandis que le fret, sur la même période, affiche un recul de 7,7 %.

    Giovanni Bisignani, le directeur général de l'IATA, est catégorique : "La rapidité et l'étendue de la dégradation du trafic sont alarmantes. Nous n'avons pas connu de tel déclin du trafic passagers depuis la crise du "SRAS" (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003."

    Même la baisse des cours du pétrole n'y change rien : "La bonne nouvelle concernant la baisse du prix du pétrole, qui a été divisé par deux depuis le pic du mois de juillet, n'est pas suffisante pour compenser la baisse de la demande. A ce stade, les pertes pour cette année devraient être encore plus importantes que les prévisions de 5,2 milliards de dollars (4 milliards d'euros) que nous avions faites", prévient le patron de l'IATA.

    Selon l'étude de l'association, les réductions de capacités engagées par les compagnies des deux côtés de l'Atlantique n'ont pas réussi à apporter une réponse à la baisse de la demande : d'un point de vue général, les coefficients d'occupation sur les routes internationales ont baissé en moyenne de 4,4 points à 74,8 % en septembre. Avec des écarts très contrastés suivant les régions. En Amérique du Nord, le taux d'occupation moyen a baissé de 4,6 %, alors qu'il chutait de 11,1 % au Moyen-Orient.

    L'ASIE ET LE PACIFIQUE AUSSI

    Jusqu'au mois d'août, la baisse du trafic international de passagers était un phénomène isolé touchant les compagnies de la région Asie-Pacifique. Les économies des deux principaux marchés en croissance de la région - Chine et Inde - ont ralenti. La croissance chinoise est passée sous la barre symbolique des 10 % et celle de l'Inde devrait être ramenée à 7 % cette année. La croissance du trafic passagers Asie-Pacifique qui était de 33 % au premier semestre 2007 est passée à 7,5 % au premier semestre 2008 avant de tomber dans le rouge à l'été.

    L'Inde, qui a vu au cours des dernières années l'émergence d'un grand nombre de transporteurs privés, a même débuté un mouvement de consolidation qui ne dit pas son nom : à la mi-octobre, les deux premières compagnies aériennes privées indiennes, Jet Airways et Kingfisher, ont scellé une alliance commerciale pour mettre en commun leurs dépenses en carburant et leurs activités au sol ou encore partager leurs équipages.

    Le trafic international de fret a nettement plus reculé que le trafic passager. Le recul de 7,7 % au mois de septembre est la pire chute qu'ait connue le fret depuis 2001, c'est-à-dire après les attentats du 11-Septembre et après l'éclatement de la bulle Internet. Il s'agit du quatrième mois consécutif de baisse pour le fret aérien, qui représente un peu plus du tiers de la valeur du fret total dans le monde, avec des biens particulièrement coûteux et de haute technologie. Là encore, c'est la région Asie-Pacifique qui souffre le plus. En septembre, le recul y atteint 10,6 % par rapport à septembre 2007.

    Auparavant particulièrement dynamique, cette zone représente en gros la moitié des parts de marché du fret aérien. Avec les deux grands ateliers du monde, la Chine et l'Inde, "elle n'exporte plus car les grands consommateurs, Europe et Etats-Unis, n'achètent plus", déplore Giovanni Bisignani.

    S'exprimant la semaine dernière au dixième World Air Transport Forum (WAF), à Paris, Robert Crandall, ancien président d'American Airlines, a lancé une mise en garde. Selon lui, "la corrélation entre trafic et croissance économique est vouée à disparaître, du moins momentanément". Le secteur va devoir se préparer à une longue crise a-t-il répété, prédisant que "les difficultés financières mondiales vont être bien pires que ce que la majorité d'entre nous veut bien le penser".

    Des difficultés qui ont déjà entraîné la faillite de 30 compagnies aériennes depuis le début de l'année, selon les statistiques de l'IATA, et mis une vingtaine d'autres dans une situation critique. Les transporteurs vont devoir une nouvelle fois réduire leurs coûts, fusionner ou disparaître

    Par le Monde
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