Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La gestion de la crise économique ne peut pas attendre l'investiture

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La gestion de la crise économique ne peut pas attendre l'investiture

    Alors que les Etats-Unis mènent deux guerres, en Irak et en Afghanistan, et sont menacés d'une dépression économique, le nouveau président peut-il attendre 77 jours - temps séparant l'élection du 4 novembre de l'inauguration du 20 janvier - pour prendre des décisions ? Le sortant, George Bush, dont le niveau d'approbation, dans les sondages, est le plus bas jamais enregistré, peut-il rester seul à agir ? Tout en continuant à dire qu'il ne peut y avoir "qu'un président à la fois", Barack Obama a reconnu, le 29 octobre, sur la chaîne ABC, que les électeurs sont en droit d'attendre que l'élu "se mette en route rapidement".

    Le démocrate Christopher Dodd, qui préside la commission bancaire du Sénat et a été l'un des artisans du plan de sauvetage des banques, conseille à M. Obama de désigner rapidement son secrétaire au Trésor. Celui-ci ne pourrait pas exercer la fonction avant que le président lui-même ait entamé son mandat et que le Sénat ait confirmé ses nominations, mais il serait en mesure d'orienter les décisions du gouvernement sortant dans la gestion de la crise financière. Le ministre des finances actuel, Henry Paulson, a fait savoir que ses adjoints s'étaient engagés à rester à leurs postes jusqu'au 20 janvier.

    Ce sera le cas, notamment, de Neel Kashkari, chargé d'administrer le fonds de 700 milliards de dollars (539 milliards d'euros) voté par le Congrès pour sauver le système bancaire du naufrage. Si M. Obama désignait son successeur, il pourrait être intégré dans l'équipe.

    L'autre dossier urgent relevant du secrétariat au Trésor est l'éventualité d'un nouveau plan de soutien à l'économie. Le sénateur Charles Schumer, président de la commission économique conjointe du Sénat et de la Chambre des représentants, estime que le Congrès, qui arrive en fin de mandat, devrait se réunir dès ce mois-ci pour voter un premier train de mesures. M. Obama est favorable à un plan de 175 milliards de dollars (135 milliards d'euros), comprenant des travaux d'infrastructure et des remboursements d'impôts pour les ménages. Le problème est que George Bush est opposé à un nouveau plan de soutien, après celui déjà adopté.

    La menace d'une dépression économique crée une situation inédite pour le président élu et pour les dirigeants démocrates du Congrès. En 1932, quand Franklin Roosevelt avait remporté l'élection présidentielle contre le président républicain, Herbert Hoover, ce dernier lui avait proposé de participer aux décisions qu'il fallait prendre pour faire face à la crise économique pendant la période de transition. Le démocrate avait refusé de partager la responsabilité de la politique de son adversaire. M. Obama se trouve dans une situation similaire. Il n'a pas dévoilé ses intentions, sinon pour laisser entendre qu'il ne participera pas au sommet international organisé par M. Bush, le 15 novembre, à la demande des dirigeants européens.

    L'un des enjeux importants des élections était le Sénat, où les démocrates espéraient atteindre les soixante sièges, sur cent, qui les mettraient à l'abri d'une obstruction républicaine. L'obstruction avait été utilisée efficacement par les sénateurs républicains, en 1993, pour faire échouer le plan de création d'une assurance maladie universelle que Bill Clinton avait confié à son épouse, Hillary Clinton. Faute de disposer d'une majorité aussi ample, M. Obama devra tenter de composer avec les républicains modérés.

    L'entrée au gouvernement de Chuck Hagel, qui n'a pas sollicité le renouvellement de son mandat de sénateur du Nebraska, pourrait donner au président un lien avec cette composante du Parti républicain, que représente aussi le général Colin Powell, ancien secrétaire d'Etat.

    La majorité renforcée des démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants peut limiter la liberté d'action du président, en l'obligeant à tenir compte de la volonté des responsables parlementaires, avec un avantage possible pour les plus dogmatiques. M. Obama a expliqué, dans des entretiens avec des journalistes, qu'il avait mené sa campagne avec l'objectif de gagner, bien sûr, mais aussi avec le souci de construire un leadership. Celui-ci va être très vite mis à l'épreuve par la situation économique et par les choix qu'elle va l'obliger à faire avant même d'entrer à la Maison Blanche.

    Par le Monde
Chargement...
X