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Les PME fragilisées par la récession en France

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  • Les PME fragilisées par la récession en France

    Multiplication des faillites, resserrement du crédit, incertitude économique.

    En France les 2,9 millions d'entreprises de moins de 250 salariés souffrent. Le plan de soutien et la création d'un fonds d'investissement doivent leur permettre de respirer.

    Olivier Siboni pourrait se frotter les mains. La crise profite largement à son entreprise, Mercure Finances, une PME spécialisée dans le recouvrement et la gestion des litiges. Pensez donc : cette année, Mercure Finances devrait traiter 10 000 dossiers de créances, pour 8 000 en 2007. « Nos clients ont des problèmes de trésorerie de plus en plus graves », commente Siboni.

    A Matignon comme à Bercy, les pouvoirs publics sont préoccupés par la santé des 2,9 millions de sociétés de moins de 250 employés. En jeu, 60 % du produit intérieur brut et 9 millions de salariés. 2009 devrait voir un nombre accru de faillites. Jusqu'où ? Personne ne le sait. Mais les experts sont - presque - tous d'accord : le triste record de 2008 (53 000 faillites attendues, pour 49 000 en 2007) sera enfoncé. Après des années de stabilisation des défaillances, celles-ci se sont accélérées depuis l'été.

    Allongement des délais de paiement, difficultés à financer des stocks de matières premières toujours coûteux et à verser les salaires... Thierry Million, responsable des études du groupe Altares, note la propagation de la crise : « Les toutes jeunes sociétés, créées à la fin des années 1990, ont été les premières à souffrir. Et, aujourd'hui, même des entreprises nettement plus chevronnées ont des vapeurs. »

    La crise financière est venue aggraver le marasme né - pour les plus fragiles - au début de 2008. A court de liquidités, les banques ont réagi en resserrant les conditions de crédit. Quand elles n'ont pas, purement et simplement, supprimé les découverts, qui sont devenus, pour les patrons les plus exposés, leur seule façon de gérer au quotidien.

    Demande de cofinancement, durcissement des conditions de prêt et remise en question des facilités : 1 entreprise sur 3 a ressenti, selon la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME), une nette détérioration de ses relations avec les organismes bancaires.

    Aussi, pour les petits patrons asphyxiés, le plan de soutien décidé, début octobre, par Hervé Novelli, secrétaire d'Etat chargé de ces entreprises, est une véritable bouffée d'oxygène .

    Un financier, anonyme, tempère : « Il faudra vérifier que les aides sont disponibles rapidement et que les prêteurs ne décident pas eux-mêmes de qui en bénéficiera ou pas. » C'est pour cette raison que Nicolas Sarkozy a annoncé, le 23 octobre, la création de la fonction de médiateur du crédit pour les entreprises, confiée à René Ricol. Celui-ci, ancien président de la Fédération internationale des experts-comptables, « suivra, département par département, la façon dont les prêts sont accordés par les banques ».

    Au-delà, les pouvoirs publics et les experts croisent les doigts. Une fois assurée leur survie quotidienne, les PME devront faire face à bien plus dévastateur : la récession économique, qui a déjà commencé à frapper l'immobilier, le bâtiment, l'automobile, le textile et l'emballage. Karine Berger, directrice des études d'Euler Hermes, analyse : « Il faut, maintenant, trouver les moyens de relancer la consommation et de débloquer les investissements. » Plus facile à dire qu'à faire. Face à un avenir incertain, la plupart des patrons sont sur la défensive.

    A ce titre, l'annonce, par le chef de l'Etat, de la suppression (jusqu'à la fin de 2009) de la taxe professionnelle sur les investissements nouveaux a été très bien accueillie. Les équipes d'Hervé Novelli planchent, également, sur la mise en place (d'ici à la fin de l'année) d'un Small Business Act (SBA) à la française : cette discrimination positive assurerait aux PME un pourcentage significatif des marchés publics. Encore faudra-t-il convaincre Bruxelles, très méfiant, qu'il ne s'agit pas d'une ruse pour injecter des aides publiques dans un secteur malade. Même si les Vingt-Sept ont adopté, en juin 2008, un SBA européen qui vise à rendre la législation communautaire plus favorable aux petites entreprises.

    Toutes ces mesures, cependant, ne régleront pas le problème n° 1 des PME : leur manque crucial de fonds propres. « Quand les délais de paiement s'allongent et que les crédits se restreignent, la seule solution est de muscler le capital des entreprises », souligne Grégoire Sentilhes, président d'Aurel NextStage. Cet expert écouté par les pouvoirs publics souligne le scandale français : 180 milliards d'euros d'épargne privée par an, dont 2 milliards seulement irriguent les PME.

    La création du Fonds stratégique d'investissement national, piloté par la Caisse des dépôts, a, certes, réchauffé les coeurs. Mais ce fonds, destiné à apporter des capitaux aux entreprises fragilisées, ne sera pas opérationnel avant une analyse pointue - secteur par secteur - des sociétés que l'Etat entend soutenir et protéger. D'évidence, il n'aura pas vocation à sauver tout le monde.

    Il faudra faire vite. Les fonds d'investissement d'origine familiale - des petits Wendel - ont commencé à regarder où ils pourraient planter leurs dents. Leurs cibles : des PME innovantes mais sous-capitalisées et fragilisées par la crise. En bref, celles que le fonds stratégique se propose de tenir hors de l'eau. Un expert commente : « Même les sociétés les plus performantes peuvent se trouver à genoux en quinze jours. Alors céder aux sirènes extérieures ou disparaître, le choix sera tôt fait. »

    99 % des entreprises

    L'opinion publique assimile souvent les PME à l'entreprise du coin de la rue. Mais cette appellation regroupe aussi bien les charcutiers traiteurs que des sous-traitants automobiles.

    Un univers disparate...

    En 2007, les 2,9 millions de petites et moyennes entreprises de 0 à 249 salariés représentaient 99 % des sociétés françaises. 60 % d'entre elles n'ont aucun salarié. Près de 1 sur 3 offre des services aux particuliers et 1 sur 6 aux entreprises.

    et créateur d'emplois.


    En 2004 (derniers chiffres parus), les PME employaient 8,9 millions d'actifs, soit 55 % de la population active du secteur privé. De 2005 à 2007, elles ont créé 250 000 emplois nets. En 2008, les défaillances (enregistrées) d'entreprises devraient être supérieures à celles de 2007. Mais nul ne sait combien disparaissent sans laisser de traces. (Source : Oseo.)

    Un plan de secours annoncé par l'Elysée, le 2 octobre, le plan de soutien au financement des PME comprend trois volets pour un montant global de 22 milliards d'euros.

    1. Oseo. 5 milliards d'euros ont été mis à la disposition de cet établissement financier public. Ils lui permettront d'accroître ses capacités de cofinancement et de garantie des prêts distribués par les banques classiques. Les patrons en difficulté peuvent appeler un n° Azur : 08-10-00-12-10.

    2. Banques privées. Celles-ci pourront mobiliser jusqu'à 17 milliards d'euros prélevés sur les livrets réglementés (livret de développement durable et livret d'épargne populaire). Ces nouvelles lignes de crédit font l'objet d'une convention avec l'Etat.

    3. Procédure de sauvegarde. Le comité des créanciers d'une entreprise en difficulté pourra décider, à la majorité, de transformer les créances bancaires en actions. Ce qui allégera d'autant l'endettement de la société, mais limitera aussi son indépendance.


    Par l'Express
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