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Barack Obama après l'obamania

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  • Barack Obama après l'obamania

    Il fallait le dire: l'élection - triomphale - de Barack Obama est une grande et bonne nouvelle. Pour l'Amérique, qui, en portant à sa tête cet homme jeune, charismatique et incroyablement doué, fait une fois encore la démonstration de son extraordinaire vitalité. Pour le monde, dont l'équilibre ne pouvait durablement s'accommoder du discrédit moral, de la panne politique et diplomatique de ce grand pays qui reste, et pour longtemps encore, la première puissance économique et militaire de la planète - et sa première démocratie.

    Il fallait le dire : en confiant le destin de leur nation à un Noir, les Américains ont accompli un acte historique. Les Etats-Unis, ce n'est pas qu'une expression, changent de visage. Cinquante ans après, le rêve de Martin Luther King devient réalité. L'Amérique de l'esclavage, de la ségrégation et des affrontements interraciaux solde symboliquement les comptes du passé pour redonner sens aux valeurs universelles qui depuis toujours ont fait sa force et son succès.

    Il fallait le dire. On l'a beaucoup dit, et fort justement dit...

    Mais est-il permis de dire aussi, sans encourir les foudres de la police de la pensée, que ce déluge d'hyperboles, ce déferlement de louanges qui, depuis le 4 novembre, font à Barack Obama un pieux cortège d'adulation ont quelque chose d'assez ridicule et, pour la suite, de vaguement inquiétant ?

    Obama ? Un saint de vitrail, doublé d'un magicien ! C'est la chanson universelle qu'entonne chez nous le chœur des partis politiques, des communistes à l'UMP. Obama ? Il va éradiquer la misère, vaincre le racisme et les inégalités ! Supprimer la pollution, le chômage et, cela va de soi, établir un monde en paix ! Encore un peu, et il guérira les écrouelles... Gare ! Ces balivernes, lancées dans l'enthousiasme communicatif des élections, sont grosses de désillusions.

    Car nos bobos-gogos qui aujourd'hui opposent le « gentil » Obama au « méchant » McCain (un peu moins depuis qu'il a sportivement reconnu sa défaite) et au « super- méchant » Bush risquent fort de déchanter lorsqu'ils découvriront que le nouveau Président, favorable à la peine de mort, opposé au mariage gay, n'est pas exactement tel qu'ils l'avaient rêvé. Et quand l'élu de leur cœur devra en rabattre sur ses généreuses promesses de campagne au motif - bien réel - que l'Amérique n'a plus d'argent ? Brûleront-ils ce qu'ils ont adoré ?

    Pour les gouvernements européens, qui accueillent avec des cris de joie ce « partenaire » dont ils attendent qu'il les aide à « refonder » le système financier international, le retour au réel menace aussi d'être brutal. Dès le sommet du G20, samedi prochain, ils pourraient découvrir que pour la nouvelle Amérique comme pour l'ancienne la « régulation » ne va pas de soi. Tout démocrate qu'il soit, Obama n'en est pas moins profondément attaché au système libéral. Elu des minorités, des campus et de Hollywood, il est aussi celui de Wall Street : les milieux d'affaires ont contribué au financement de sa campagne dans des proportions jamais atteintes. Une chose est sûre : il ne fera rien ni ne laissera rien faire qui lui semblerait contraire aux intérêts économiques de son pays.

    Il ne faut, en effet, pas s'y tromper: la priorité d'Obama (et celle de ses électeurs) n'est pas le monde, mais l'Amérique, sa finance et son industrie. Avec l'Asie, le nouveau Président n'aura pas le choix : il lui faudra bien témoigner aux bailleurs de fonds des Etats-Unis toute la considération qu'un débiteur doit aux créanciers qui le maintiennent sous perfusion. Mais avec l'Europe ? Protectionniste assumé - on se souvient qu'il avait pris fait et cause contre le contrat passé par l'US Air Force avec Airbus au nom de la défense de Boeing et des travailleurs américains -, Obama pourrait se révéler un partenaire commercial particulièrement exigeant.

    Il n'y a pas jusqu'au big bang diplomatique prophétisé par les obamaniaques (en fait, par-delà un changement de style et de ton, la continuité devrait l'emporter) qui ne semble devoir apporter son lot de difficultés. Comme Bush à la fin de son mandat, Obama veut quitter l'Irak, où l'Amérique est seule, pour renforcer le dispositif en Afghanistan, où nous sommes présents avec lui. Joli dilemme en perspective : quand le « gentil » Obama, auréolé de son prestige tout neuf, demandera à ses alliés leur part de renforts, nous devrons bien lui répondre...

    Obamania ? Ne soyons pas naïfs. Pour nous, Français et Européens, la victoire du candidat démocrate est d'abord un défi. Barack Obama sera peut-être - c'est évidemment ce qu'on souhaite à son pays et au monde - un grand président. Mais il sera avant tout un président... américain.

    Le Figaro

  • #2
    Barack Obama sera obligé de tenir ses promesses électorables sinon la punition en 2012 sera à la hauteur du soutien qu'il a eu en 2008. S'il ne remet pas l'économie américaine en marche dans les deux ans, il risque de perdre la majorité au congrès en 2010, ce qui préparera son échec en 2012. S'il ne veut pas être humilié et expulsé de la Maison blanche avec un seul mandat (même le stupide George Bush a eu 2 mandats), il a intérêt à afficher des résultats concrets avant l'été 2010.

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