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Maroc : Vers une légalisation de l'avortement ?

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  • Maroc : Vers une légalisation de l'avortement ?

    600 avortements clandestins par jour, à quand une loi plus souple ?

    1 000 grossesses non désirées par jour, 600 avortements, forcément clandestins en raison de la rigueur de la loi qui n’autorise l’interruption volontaire de grossesse que dans le cas où la santé de la mère est menacée. Or, malformations fœtales, grossesse consécutive à un inceste ou à un viol sont souvent à l’origine de drames sociaux. Aujourd’hui, plusieurs personnalités militent pour un assouplissement de la loi.

    Le Maroc est-il prêt à libéraliser la pratique de l’avortement ? Le sujet reste très sensible dans un pays où les tabous pèsent de tout leur poids et où l’interpétation des préceptes religieux est souvent restrictive.

    D’ailleurs, la loi laisse peu de marge de manœuvre : si la santé de la femme n’est pas menacée, l’avortement est tout simplement interdit et sévèrement puni (voir encadré en page suivante).

    On l’aura compris, la loi vise avant tout un objectif d’ordre moral, celui d’éviter les avortements pour des raisons de confort personnel. Elle vise également à éviter ce qu’elle considère comme un crime: l’avortement pratiqué au-delà d’une certaine durée de développement de l’embryon humain. Car une question reste en suspens, comme dans d’autres sociétés, du reste : à quel moment un embryon devient-il un être humain ?

    Quoi qu’il en soit, bien encadré, l’avortement permettrait de faire face à de nombreuses situations délicates, notamment en cas de grossesse suivant un viol, de malformation du fœtus ou, tout simplement, de grossesse non désirée, survenant par accident, et rendant insupportables les charges pesant sur les familles les plus démunies.

    Certains pays proches du Maroc, comme la Tunisie ou la Turquie, ayant compris les avantages de la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), l’ont autorisée il y a belle lurette.

    Avortement clandestin : de 1 000 à 15 000 DH,à la tête du client
    Avec des restrictions aussi sévères, le Maroc, lui, est, naturellement, le théâtre de dérives inquiétantes en matière d’IVG. Les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), divulguées par la presse il y a quelques semaines, et l’enquête scientifique menée par l’Association marocaine de planification familiale (AMPF) en 2007, donnent froid dans le dos.

    35% des grossesses au Maroc, qu’elles soient le fruit de relations sexuelles hors ou dans le cadre du mariage, ne sont pas programmées. Sur ces 35%, il y a 1 000 grossesses par journon désirées.

    Le plus grave : 600 femmes au moins recourent quotidiennement à l’avortement clandestin - non autorisé par la loi - médicalisé ou non. Autre chiffre inquiétant : selon l’OMS, 13% des cas de mortalité maternelle sont en relation avec l’avortement, sachant que cette mortalité, touche globalement 228 femmes pour 100 000 naissances au Maroc, un taux parmi les plus élevés au monde.

    Signe de la préoccupation grandissante quant à ce fléau, la position de quelques gynécologues courageux qui commencent à s’inquiéter, à oser dénoncer ouvertement la pratique clandestine et à grande échelle de l’avortement, avec son cortège de drames médicaux, sociaux et psychologiques.

    Pire, la clandestinité de l’acte abortif fait grimper son prix: entre 1 000 et 15 000 DH, selon les cas. Pour le Pr Chakib Chraibi, chef de service gynéco-obstétrique à la maternité des Orangers, à Rabat, «ce prix monte ou baisse selon le risque présenté par la femme, son âge, son statut social, l’âge de la grossesse. Si l’avortement était autorisé, le prix ne dépasserait pas 1000 ou 1500 DH. C’est un marché lucratif dont profitent nombre de médecins en début de carrière.»

    Le Dr Chraibi, qui a vu un très grand nombre de cas «insoutenables» dans sa carrière, en est révulsé. Celui de cette jeune femme de 19 ans, par exemple, admise dans son service avec le col de l’utérus déchiré par l’introduction d’un objet contondant dans le vagin. Quasi exsangue et atteinte d’une grave infection, elle décédera 48 heures plus tard, d’un choc septique.

    Ou encore celui de cette autre femme, admise pour hémorragie génitale : «A l’examen du vagin, on retrouve des sphacèles vaginales [NDLR : morceaux de tissus nécrosés] à l’emporte-pièce dues à la mise en place de comprimés de permanganate de potassium.

    Son traitement nécessitera une réanimation intensive et une intervention de plusieurs heures. Elle s’en sortira avec une synéchie [NDLR : adhérences pouvant provoquer une stérilité définitive] vaginale totale».

    On peut citer deux autres cas. B.S, 20 ans, est admise aux urgences de l’hôpital Avicenne pour tétanos. L’examen révèle des plaies vaginales en rapport avec l’utilisation d’instruments souillés.

    Elle en meurt 48 heures plus tard. R.T., elle aussi reçue aux urgences d’Avicenne, mais pour intoxication aigüe, est en détresse respiratoire et insuffisance hépatique aigüe. L’interrogatoire finit par révéler la consommation de produits abortifs conseillés par la voisine.

    Elle en meurt le jour même.
    De l’autre côté de la barrière, une dizaine de médecins se font écrouer chaque année pour IVG illégale, sachant que ceux qui offrent leurs services pour cet acte sont bien plus nombreux. Souvent, ceux que la justice repère, sont victimes d’une opération qui tourne mal, ou de conséquences plus tardives.

    Faire avorter une femme, affirme un gynécologue qui exerce depuis 25 ans à Casablanca, «est un acte à priori facile, mais qui peut se révéler dans la pratique extrêmement délicat, et cette gravité augmente avec l’avancement de l’âge de la grossesse. Les changements physiologiques de la femme sont très importants et une simple maladie comme le diabète peut entraîner des répercussions néfastes lors de l’IVG.

    L’opération doit se faire en principe sous anesthésie générale, ce qui veut dire qu’elle doit avoir lieu dans un milieu médical approprié, avec un anesthésiste. Souvent, les accidents lors de l’IVG sont dus à l’anesthésie ou à une hémorragie.»

    Or, au Maroc, bien souvent, les avortements ne se déroulent pas en milieu médical approprié, dans un bloc opératoire par exemple, ni en présence d’un anesthésiste. Les médecins qui y procèdent le font généralement dans leur cabinet, sans prendre (ou pouvoir prendre) les précautions nécessaires. Quand cela se passe sans anicroche, c’est «ni vu ni connu».

    Mais, pour peu que survienne un incident - hémorragie, mari qui dénonce l’acte, mutilation, décès... - la loi est très sévère. Faut-il préciser que toutes les Marocaines ne se font pas avorter par un médecin ? Celles qui n’en ont pas les moyens se rabattent sur les plantes abortives vendues chez les herboristes, sur les infirmières, les kablate (sages-femmes) ou encore sur des charlatans.

    On connaît les conséquences de ces produits sur la santé de la mère, et celle de l’enfant si la potion n’a pas fait son œuvre : conséquences sur le cœur, les reins, sur l’équilibre psychologique de la femme... C’est le cas de cette femme, qui ne pourra jamais oublier son avortement. Après avoir ingéré une décoction de plantes, elle n’a ressenti aucun effet sur le champ, ni au cours des semaines suivantes.

    C’est seulement cinq mois après qu’elle s’est retrouvée, seule dans un garage, à expulser son fœtus morceau par morceau. C’est Aïcha Ech-chenna, la première femme au Maroc à avoir courageusement ouvert les bras aux femmes ayant accouché d’enfants non désirés, qui nous raconte cette histoire.

    Pour se convaincre de la tartufferie des faiseurs de morale, il suffit de faire un tour du côté de son association, Solidarité féminine : les témoignages de petites filles violées et de grossesses incestueuses sont légion. Ils ont fait l’objet d’un livre, sorti en 2005, signé par les deux sociologues Soumia Naâmane et Chakib Guessous.

    Le nombre relevé de cas d’inceste est impressionnant. Et ce sont, avaient expliqué les deux auteurs à La Vie éco à la sortie du livre, «les grossesses les plus dramatiques, où tous les repères sont perdus : une fille qui porte le bébé de son père, de son oncle ou de son frère, c’est plus qu’un traumatisme. La victime est irrécupérable sur le plan psycho-affectif.»

    Un autre cauchemar guette les femmes enceintes hors-mariage lorsqu’elles conduisent leur grossesse à terme : des enfants abandonnés dans les hôpitaux ou dans les rues, des orphelinats qui ne désemplissent pas.

    A l’instar de K.S., cette mère célibataire, de niveau universitaire, qui accouche en septembre 2007 à la maternité des Orangers de Rabat de triplés qu’elle abandonne. Ou encore de M.N. qui, un mois plus tard (octobre 2007), accouche dans le même service de jumeaux qu’elle abandonne également.

    Que faire pour sortir de cet engrenage ? Libéraliser l’avortement ? Dans certains cas, martèle le Pr Nadia Kadiri, professeur de psychiatrie et praticienne au CHU Ibn Rochd, à Casablanca, «l’avortement est une délivrance. Notamment pour les grossesses survenues dans des conditions dramatiques, où la femme enceinte ne se sent ni socialement ni psychologiquement prête à accueillir le bébé. Les conséquences de ces

    grossesses sont terribles pour la femme, exclue de la société, et pour le bébé qui sera désigné sous les termes de ould lahram».

    Suite

    Jaouad mdidech
    Publié le : 07/11/2008

  • #2
    Bonsoir Jawzia,

    Je me suis juste contenter du titre, mais dis moi. Ce sujet, méritait-il d'être posté dans la section internationale ?

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    • #3
      J'ai procédé par élimination. Surement pas en "Actualités algerie" et pas assez economique. J'ai pensé qu'il méritait la même rubrique que celle qui a traité de la moudawana (~ le code de la famille).

      Mais si les modos veulent deplacer vers la rubrique "santé" ...pas de souci.

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      • #4
        jawzia cette question dramatique ne mérite pas de polémiques car cela doit étre semblable aussi bien en algérie que dans tout autre pays musulmans où l'avortement n'est pas autorisé.

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        • #5
          Un topic parle de place du Maroc dans l'industrie pharmaceutique. Je pense qu'il y a des efforts à faire dans la gamme des pilules et pilules de lendemain. Vraiment.

          Les chiffres rapportés sur une année donnent le frisson : 360.000 grossesses non désirées et plus de 200.000 avortements.

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          • #6
            Ce n'est pas pareil en Algérie?
            Je pense que ce sujet englobe tous les pays arabo musulmans, et devrait être traité de manière générale.
            La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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            • #7
              no way

              la constitution est claire, le roi l'est également

              c'est du même registre que la polygamie, sur parole du roi, ce qui est autorisé pas l'islam ne sera jamais prohibé et vice-versa

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              • #8
                Ce n'est pas pareil en Algérie?
                C'est tout ce que cela t'inspire ?

                Si le sujet de l'avortement est général, celui de l'ampleur du phénomène est marocain. Les 1000 et 600 (quotidiens) ramenés à l'échelle annuelle donnent 360.000 morts (potentiels) et 219.000 avérés. Une hécatombe !

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                • #9
                  "80.000 avortements chaque année en Algérie selon la gendarmerie nationale"

                  Je me demande ce que sera ce chiffre la si une journal independant (si ca existe biensure)mene sa propre enquete


                  Sinon c'est une vraie tragedie dans les pays arabo-muslmans. une realite amere a concevoire.

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                  • #10
                    legaliser l'avortement ?
                    je pense qu'on en est encore très loin, il faut que les mentalités évoluent.
                    notre societé n'est pas encore prete pour que ça soit officiel.

                    un bébé devrait être voulu, ça vaut mieux qu'une vie malheureuse.
                    même plusieurs, le bébé, la maman, la famille ....

                    on en est encore très loin.

                    Commentaire


                    • #11
                      merci jawzia, le sujet et en debat maintenant et tous les journaux marocain en palent depuis deja 2 mois. alors le faire ici sur la rebrique international et tous a fais normal surtous qu'il y a des marocains ici.

                      je crois qu'il faut legaliser l'avortement seulment quand la femme sera en danger ou quand il y a un probleme de sante. et pas plus.

                      Commentaire


                      • #12
                        legaliser l'avortement ?
                        je pense qu'on en est encore très loin, il faut que les mentalités évoluent.
                        notre societé n'est pas encore prete pour que ça soit officiel.
                        tu veux dire il faut que notre religion évolue
                        je vois
                        qu'est ce qu'il faut pas lire

                        Commentaire


                        • #13
                          moi je connais une fille qui vient d'avorter il y' quelques mois au maroc , les docteurs ont refusé de le faire en belgique , alors elle a du descenre au Bled pour le faire

                          perso, ca reste pour moi une decision propre à chaque personne , et si je puis me le permettre , il vaut mieux legaliser l'avortement et eviter des drames de gosses sans parents que persister dans cette interdiction et pousser ces filles dans la clandestinité et l'illégalité de surcroit ....
                          " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

                          Commentaire


                          • #14
                            et si je puis me le permettre , il vaut mieux legaliser l'avortement et eviter des drames de gosses sans parents que persister dans cette interdiction et pousser ces filles dans la clandestinité et l'illégalité de surcroit ....
                            Tout à fait d'accord avec toi...
                            Mais dans un pays musulman, je reconnais que c'est une question très délicate.

                            Commentaire


                            • #15
                              jawzia

                              C'est tout ce que cela t'inspire ?

                              Si le sujet de l'avortement est général, celui de l'ampleur du phénomène est marocain. Les 1000 et 600 (quotidiens) ramenés à l'échelle annuelle donnent 360.000 morts (potentiels) et 219.000 avérés. Une hécatombe !
                              jawzia renseigne-toi, c'est universel. en france «sur 30% des grossesses non prévues (soit 350 000 à 400 000) chaque année, la moitié fait l’objet d’une IVG», pour une population double mais une natalité beaucoup plus faible. même en france, pays en pointe en la matière, presque une grossesse sur trois est accidentelle et donc une grossesse sur six est interrompue soit environ 200 000 par an. je ne sais pas ce qu'il en est pour l'algérie, et à la limite ce n'est pas le sujet mais je suis sur que tu serais surpris si on avait des statistiques.

                              pour en revenir au maroc, si on légalise (sujet ô combien épineux) est-ce que ça augmentera le passage à l'acte, ou est-ce que ça permettra juste de le faire dans des conditions décentes ? et est-ce qu'en améliorant l'éducation sexuelle, le planning familial ainsi que l'info sur la contraception (notamment dans les campagnes) on peut parvenir à limiter sensiblement les grossesses non-désirées, et donc l'avortement clandestin ?

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