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Sahara occidental : Mur de metal ou de sable

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  • Sahara occidental : Mur de metal ou de sable

    S’il est des murs célèbres dont l’existence indigne l’opinion publique, il en est d’autres dont on parle si peu qu’ils finissent par paraître « acceptables ». Ils sont pourtant depuis des décennies la cause de bien des drames. Entre Gibraltar et la Mauritanie, par exemple.


    Des miliciens du Polisario à proximité du « Mur de Défense » dressé par le gouvernement marocain du nord au sud du Sahara occidental. Bir Lahlou, octobre 2005. © AFP/Fayez

    Au nord du Maroc, face à Gibraltar, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont cernées de barrières sur une longueur de 19 Km. Ces territoires, vestiges de la reconquête chrétienne contre les Maures au XVIe siècle, toujours revendiqués par le Maroc, sont d’une grande importance stratégique. Mais ils sont aussi, pour ceux de tous les coins d’Afrique qui tendent d’échapper à la misère, la première destination vers un lieu de passage pour atteindre l’Espagne et l’Union européenne. Car pénétrer dans l’une de ces enclaves, c’est pénétrer à l’intérieur de l’espace Schengen.

    Sous prétexte de se protéger, l’Europe a donc érigé une double barrière. La première est couverte de barbelés et truffée de capteurs électroniques pour déceler les tentatives de passage ; l’autre, haute de 3 mètres, est en métal. Entre les deux circulent régulièrement des véhicules d’intervention. Tout le long de cette muraille se pressent des centaines, des milliers de migrants. Ils vivent là, dans un total dénuement, dans les forêts voisines de Nador, près de Ceuta, à Belyounech, près de Melilla, s’abritant tant bien que mal dans des cabanes de bois ou de carton. Pendant des mois, parfois des années, ils guettent l’occasion « de passer ». La garde civile espagnole les refoule, la police marocaine fait des rafles fréquentes, détruisant les abris précaires, tabassant hommes, femmes, enfants. En octobre 2005, plusieurs centaines de migrants, poussés au désespoir, prennent d’assaut les grillages. Débordées, les polices espagnole et marocaine tirent, faisant des morts et de nombreux blessés. Enquêtes et rapports n’ont amené aucun changement à la situation. Ainsi se protège la forteresse Europe.

    Au Sahara occidental, c’est d’abord en sable que se construira un mur. Ce territoire de 250 000 km2, colonie espagnole jusqu’en 1975, est ensuite partagé entre le Maroc et la Mauritanie. Le Maroc, qui revendique la souveraineté sur l’ancien Sahara espagnol, va se heurter au Polisario (Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro) qui réclame depuis 1970 l’indépendance de cette région désertique, cependant riche en phosphate et autres ressources naturelles. Dans le même temps, des habitants du nord du royaume migrent vers le sud, c’est la célèbre « Marche verte » voulue par le roi Hassan II. Soutenu par l’Algérie, le Polisario établit sa base dans le sud-ouest algérien. Mais entre-temps, le Maroc a érigé un mur de sable pour protéger le territoire annexé. Ce mur sera construit de 1980 à 1987 en six étapes. Long de 2 720 Km, protégé par 160 000 soldats armés, 249 batteries d’artillerie lourde, plus de 20 000 Km de barbelés et plus de 6 millions de mines antipersonnel interdites par les Conventions internationales, il divise tout ce territoire depuis un quart de siècle.

    Qui sont les Sahraouis ? Il s’agit de populations semi-nomades d’origine berbère ou arabe, qui n’ont jamais été consultées lors du partage du territoire. Si un projet de référendum a bien été évoqué en 1988, il n’a pas abouti. Le mur de sable coupe en deux ce peuple dont une partie se trouve en territoire marocain tandis que l’autre vit dans des camps de réfugiés au sud-ouest de l’Algérie. La plupart des Sahraouis ont de la famille de part et d’autre du mur et après trois décennies passées dans les camps de réfugiés, la majorité des jeunes n’ont jamais connu leur pays.

    Une mission des Nations unies a pour objectif de permettre à certains de visiter leurs familles par-delà le mur, mais depuis 2004, moins d’un tiers des 20 000 inscrits au programme de ces visites a bénéficié de cette mesure. Tout récemment, le 22 mars 2008, près de 2 000 personnes venues de plusieurs pays européens ont formé une chaîne humaine pour demander le démantèlement de ce « symbole de la colonisation », mais les manifestants n’ont pu s’approcher du mur à moins de 5 Km en raison des mines antipersonnel enfouies le long de cet ouvrage militaire.Ils ont d’ailleurs fustigé le rejet par le gouvernement marocain du déminage des terrains proposé par l’ONU lors des négociations de Manhasset (États-Unis) avec le Polisario, qui se sont achevées le 18 mars dernier. Le nombre des victimes des mines dépasse les 1 000 morts et des milliers de blessés depuis le début du conflit en 1975.

    source amnesty internationnal
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