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Bouteflika président, plutôt trois fois qu’une

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  • Bouteflika président, plutôt trois fois qu’une

    Sonnez hautbois, résonnez musettes ! Mercredi 12 novembre, le Parlement algérien vote enfin la révision de la constitution qui permettra au président Bouteflika de briguer un troisième mandat.


    Tous en rang serré derrière Abdelaziz Bouteflika ! Spectacle de désolation politique qu’offre l’Algérie à la veille du jour où les parlementaires votent une révision « partielle et limitée » de la Constitution. Associations de femmes, scouts, Moudjahiddines (anciens combattants), syndicats… Toutes les structures d’encadrement des foules battent le rappel comme du temps de l’Algérie monolithique des années 70. Idem pour les partis politiques de l’Alliance présidentielle (FLN, RND et les islamistes bien élevés du MSP) qui se pâment devant l’audace de Bouteflika. « Au moins, en 1996, lorsque la Constitution a été amendée, il y a eu un débat politique. Aujourd’hui, le régime ne met même plus les formes » déplore, amer, ce journaliste algérien.


    Dans ce contexte, l’issue du vote des parlementaires ne devrait guère réserver de surprise et la révision à toutes les chances d’être votée haut la main. Au programme notamment des réjouissances : la fin de la limitation du nombre de mandats présidentiels qui permettra à Abdelaziz Bouteflika de briguer un troisième mandat.
    Cohabitation entre Bouteflika et le général Médiène

    Rusé renard, le président algérien aura attendu la dernière minute pour faire passer son projet de texte. Et Dieu sait qu’il commençait à y avoir urgence : la prochaine élection présidentielle a lieu en avril 2009 ! Mais, prudent, Boutef’ a laissé passer le Ramadan (habituellement sanglant en Algérie, relativement calme cette année) ainsi que la rentrée judiciaire de fin octobre. Sait-on jamais, le « camp d’en face » pourrait bien lui réserver un coup fourré judiciaire comme cela est déjà arrivé dans le passé. Et puis il fallait surtout que les « décideurs » et « faiseurs de présidents », qui fonctionnent sur la base de la collégialité, tombent tous d’accord sur la prolongation du bail de Bouteflika à El Mouradia, le palais présidentiel algérien.
    Il ne fait guère mystère que depuis 2004, date de la seconde élection de Boutef’, le pays vit au rythme capricieux d’un régime de cohabitation tendue entre le président et la puissante sécurité militaire (SM) incarnée par le général Mohamed Médiène, plus connu sous le pseudo de « Tewfic ». Une première dans un pays où la SM a successivement eu la peau des présidents Chadli, Boudiaf (assassiné) et Zéroual ! « Le président Bouteflika et le général Médiène se neutralisent mutuellement, entraînant un blocage du pays, un statu quo qui durera jusqu’à ce que l’un des deux ne chute ou décède » relève cette observatrice avertie du système algérien pour qui « Tewfic » est très soucieux de « sauver la maison SM » et lâche donc, par ricochet, la bride à Boutef’.
    Renvoi du barbu Belkhadem : tout le monde y a trouvé son compte

    A défaut d’être adoubé comme le mâle dominant par le système, les deux hommes seraient donc contraints de conclure des accords tacites et le renvoi, en juin 2008, du chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem en est une bonne illustration. Flash-back. La situation sécuritaire est alors exécrable et l’Algérie connaît une violente campagne d’attentats terroristes (ça va mieux depuis).
    L’islamo-conservateur assumé Belkhadem devient encombrant pour un Bouteflika qui redoute que le pouvoir exécutif apparaisse comme pactisant avec les islamistes et encourageant ainsi indirectement les attentats. En laïc convaincu, Tewfic se débarrasserait encore plus volontiers de Belkhadem. Un accord est possible… Le 23 juin 2008, Ahmed Ouyahia est nommé premier ministre (par téléphone dit-on) par Bouteflika, à la place de Belkhadem.
    Pour Boutef’, le docile Ouyahia a l’avantage de représenter l’aile pragmatique et moderniste du nationalisme algérien et, pour Tewfic, il ne veut pas de l’islamisme comme stratégie d’Etat contrairement à son prédécesseur. Et puis surtout, si le barbu Belkhadem n’est plus le chef du gouvernement, la sécurité militaire pourra rejeter tout le discrédit en cas de gros pépin sécuritaire sur sa bête noire : le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni, qui appartient au camp Bouteflika et qui est officiellement chargé de coordonner la lutte anti-terroriste. Une partie de billard à trois bandes en somme…
    Boutef’ le « bien » élu

    En ce qui concerne le troisième mandat du président Bouteflika que la révision de la Constitution ne manquera pas de rendre possible, la seule question reste au fond : quel score officiel obtiendra-t-il en avril 2009 ? Comme d’habitude, ce chiffre fera l’objet de tractations et indiquera le degré de confiance du système à l’égard d’un Boutef’ qui exige d’être « bien » élu. Un score à la soviétique comme en 1999 et en 2004 signifiera le statu quo pour l’Algérie.


    Source : Bakchich
    « la libération de l'Algérie sera l'œuvre de tous », Abane Ramdane 1955.
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