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Crise: Le Maroc passera bien le cap

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    Crise: Le Maroc passera bien le cap

    Entretien avec Jean-Paul Betbèze, directeur des études économiques de Crédit Agricole France · Le pays résistera, mais avec moins de croissance

    · Grâce au double accrochage du dirham à l’euro et au dollar


    Comment «sortir plus fort de la crise»? Une question cruciale à laquelle le Pr. Jean-Paul Betbèze, chef économiste, directeur des études économiques et membre du comité exécutif de Crédit Agricole France a répondu.
    C’était hier à Casablanca, lors d’une conférence organisée en marge de la participation du Crédit du Maroc à France Expo 2008, sur invitation de Pierre-Louis Boissière, président du directoire du CDM.


    - L’Economiste: Cette crise concerne-t-elle le Maroc?

    - Jean-Paul Betbèze: Elle concerne les Etats-Unis d’abord. Ensuite l’Europe et ses voisins. Le Maroc aussi puisqu’il sera affecté….

    - A quel degré?

    - Rien n’est sûr, mais les choses pourraient se compliquer. Si vous voulez, dans l’ordre il y a eu une crise américaine, qui a eu des effets en Europe, ensuite la périphérie européenne est touchée, les pays de l’Est et puis maintenant les pays du pourtour méditerranéen.

    - En clair, on y est déjà…

    - Tout à fait! Il y a le ralentissement économique qui se met en place dans tous ces pays-là, des tensions se manifestent sur les taux d’intérêt et de change… Et une inquiétude mondiale est en train de s’installer.

    - Est-ce que ce ralentissement est perceptible au Maroc?

    - Il m’est difficile de me prononcer, car je ne vis pas au Maroc. Mais grosso modo, il y a un ralentissement économique qui va s’installer. Les premiers effets de cette crise sur le Maroc se feront ressentir dans le rythme des échanges extérieurs. Ensuite il y aura les effets de l’investissement international, qui est en train de se réduire un peu partout, et qui vont affecter le Maroc.

    - Quelle en sera l’intensité au regard des fondamentaux de l’économie marocaine?

    - Ecoutez, c’est une crise énorme qui touche plusieurs économies à travers le monde. Mais, il n’est pas impossible que des pays comme le Maroc, avec leurs ressources, puissent amortir le choc.

    - Que peut faire le Maroc pour réduire l’impact?

    - Il n’y a pas de remède miracle, à court terme en tout cas. Le mieux est de mettre en place des politiques régionales puissantes, en particulier dans le contexte européen et euroméditerranéen. En aucun cas il ne faut être protectionniste. Sachant que 2009 sera une très mauvaise année.

    - Quel pays du pourtour méditerranéen sera le plus touché et pourquoi?

    - Ce sera surtout la Turquie. Autrement dit, tous les pays qui sont très dépendants des investissements étrangers et pour lesquels ces derniers pèsent très lourd dans leur économie. Ce qui est moins le cas pour le Maroc.

    - Que faire pour résister à cette crise?

    - Ecoutez, on est face à une crise qui n’est pas conjoncturelle. Elle est longue et mondiale. Et la façon dont les grandes régions se mettront en place est décisive. En regardant ce qui se passe du côté de la zone européenne, l’on voit bien qu’il vaut mieux avoir des politiques de zone. Pour moi une approche euroméditerranéenne sera une stratégie très puissante, très efficace.

    - Le projet euroméditerranéen n’est pas encore appliqué…

    - Je suis d’accord. Mais dès qu’on commence à se rapprocher de cette stratégie, on voit à quel point cela peut être pertinent. Sachant que dans le court terme, il va y avoir un ralentissement de l’économie marocaine, qui sera accentué par le fait qu’il sera seul pour faire face. A noter que ralentissement pour le Maroc ne signifie pas récession. Mais, le moment est venu pour se renforcer et voir comment établir des liens avec d’autres pays, dans le cadre euroméditerranéen.

    - Si la crise venait à s’abattre sur nous, quels en seraient les premiers signes?

    - La crise est là mais elle n’est pas encore perçue. Là où elle est plus frappante c’est dans les pays qui ont affiché des signes d’inquiétude forte, notamment les banques. Ce qui n’est pas le cas pour les banques marocaines. Par ailleurs, la situation est en train de se dissiper partout, sauf dans certains pays d’Europe de l’Est. La deuxième caractéristique du Maroc, c’est un système bancaire solide en lien avec le système bancaire français, aussi très fort. Le fait d’être proche de l’Europe participe à cette solidité.

    - Peut-on imputer cette résistance à la non convertibilité du dirham marocain?

    - Pour la question de la monnaie marocaine, le dirham est bien soutenu et c’est pourquoi il tient bon. De plus il est accroché entre l’euro et le dollar, les deux monnaies les plus puissantes du monde.

    Propos recueillis par
    Bachir THIAM
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