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La santé ne peut être que publique en Algerie!

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  • La santé ne peut être que publique en Algerie!

    La santé, autant que l'éducation et la justice, ne peut être que publique!

    Cette sentencieuse vérité est du Dr Ammar Benadouda, vieux routier des services de la santé publique.

    Qui mieux que lui pouvait asséner cette assertion non démentie d'ailleurs, pour avoir abandonné son cabinet de Belcourt et rejoint El-Madania sur les hauteurs d'Alger. Il créait ainsi le premier noyau de l'Institut national de santé publique (INSP), haut lieu de l'acte de santé. D'autres adeptes le rejoindront, les Docteurs Kadi, Mammeri, Guessabi, Aroua dont beaucoup ne sont plus de ce monde. Ils étaient rejoints plus tard, par les jeunes loups, M. Ladjali, B. Hadj Lakehal, Mokhtari, Les Benhabylès, N. Djelloul, A. Soukehal, le défunt A. Ouchefoun, G. Farès, A. Chakou et d'autres encore. La seule évocation du nom de chacun d'eux, renvoie ceux qui ont vécu cette glorieuse épopée, à un programme de santé publique.

    En dépit de leurs nombreuses charges, de nombreux hospitalo-universitaires, rejoignaient cette ruche sans quitter pour autant leurs services hospitaliers. Le défunt Pr O. Boudjellab qui prenait les commandes du département, secondé par le défunt Djelloul Bakhti Nemiche, imprimait une dynamique à l'acte de santé, que la communauté nationale devrait inscrire en lettres d'or sur le registre de la reconnaissance. Les premières lignes étaient constituées des pneumo-phtisiologues et des pédiatres. La tuberculose faisait, bon an mal an, des dizaines de milliers de cas annuellement, pour une population de 12 pillions d'habitants. Les diarrhées et les infections respiratoires aiguës constituaient, à elles seules, 80% des causes de décès chez l'enfant. La mortalité infantile, véritable tragédie silencieuse, emportait 160 sur 1.000 enfants de moins d'un an.

    Le décret 96/69 venait consolider les acquis de la campagne nationale de vaccination indiscriminée au B.C.G de 1968. Le premier coup de boutoir était ainsi donné à la tuberculose. Il rendait la vaccination obligatoire et gratuite à la naissance ainsi que le traitement antituberculeux. Le dépistage et le traitement standardisé, donnaient un autre coup d'arrêt aux sources d'infections constituées par les malades cracheurs. La poliomyétique avait, elle aussi, son lot de victimes; elle subissait le rouleau compresseur de la première campagne nationale de 1972.

    La volonté politique, clairement affirmée, plaçait notre pays à l'avant-garde des pays sanitairement émergents. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconise jusqu'à l'heure actuelle, à quelques détails près, le standard algérien de lutte antituberculeuse. Les pneumo-phtisiologues d'Alger, d'Oran et de Constantine menaient de front un combat inégalé jusqu'à présent et que peu de pays, ont pu mener avec un tel brio. Mesdames les professeurs Boulahbal et Aït Khaled, sont de ces battantes, qui ont mené avec leurs collègues masculins cette belle aventure.

    Les chirurgiens quant à eux, avaient fort à faire avec les séquelles de la poliomyélite, de la tuberculose osseuse et du kyste hydatique. Il y a lieu, ici, d'évoquer de grands noms de cette discipline. Les Pr El-Okbi, Mentouri, Bendali Mansouri, Abou-Lola, Bekkat et bien d'autres. Le trachome endémique sévissait à grande échelle, ces séquelles oculaires étaient le «pain quotidien» des ophtalmologistes. D'illustres praticiens ont eu l'insigne privilège de faire reculer cette pathologie de la pauvreté. Le Pr Kebouche qui consacrait sa vie à l'épidémiologie de cette maladie, les Pr Djennas, Aouchiche, Lazreg, Chibane et d'autres ont donné ces lettres de noblesse à cette pratique. La faculté de médecine d'Alger, faisait école au Maghreb et même au-delà de la Méditerranée. La dermatologie spécialité ingrate remportait de grandes victoires, sur les maladies vénériennes, syphilis et urétrites gonococciques et sur les parasitoses dermiques, teignes et gale qui tenaient le haut du pavé.

    Les professeurs Smail Dahlouk et Hamrakrouha sont les seuls noms, que la mémoire défaillante d'un sexagénaire au crépuscule de sa vie, a pu retenir. La psychiatrie autre spécialité frustrante à laquelle se greffaient les séquelles de la guerre de Libération nationale, eut aussi ses heures de gloire. Le défunt Pr Benmiloud ouvrait la voie aux Ridouh, Bakiri et autres Kacha. D'autres précurseurs dans leurs spécialités, les Toumi, Laliam venaient à peine de quitter le maquis qu'ils investissaient un autre; celui de la maladie et de la déchéance sociale.

    Ces actions médico-sanitaires de masse, de portée socio-économique indéniable, étaient communément désignées par le générique: médecine sociale. Ses bâtisseurs en faisaient un objet de fierté, le vent ayant tourné, ses détracteurs en ont fait la médecine des démunis ou la médecine de l'Administration.

    Les services de santé naissant, se dotaient alors d'un système de notification d'information sanitaire, que beaucoup de pays parmi ceux dits développés, n'avaient pas réussi à instaurer. Il s'agissait des maladies à déclaration obligatoire (M.D.O). Treize maladies étaient placées sous surveillance, si mes souvenirs sont bons; elles portaient chacune un numéro de code. Tout praticien quelque que soit son régime d'exercice, était tenu de notifier aux services de santé territorialement compétents, chaque cas dépisté ou suspect.

    On innovait en lançant en 1982, le carnet à souches qui rendait la tâche aisée pour les notificateurs. Malheureusement, des esprits indigents, ne réimprimaient plus les carnets à leur épuisement. Ils pensaient à tort que les articles de prévention ne relèvent que du seul budget du département ministériel. Il en était de même pour les vaccins qui étaient fournis gratuitement aux structures sanitaires. Hélas! que d'intentions généreuses étaient sacrifiées sur l'autel de l'indigence intellectuelle. Le certificat de décès à trois volets détachables, renseignait sur la maladie initiale, les complications éventuelles et enfin sur la cause probable du décès. Deux volets partaient de chez le certificateur, l'un pour le service d'état civil et l'autre pour les services de santé. L'état de morbidité et de mortalité établi par wilaya, parvenait à l'administration centrale. Cet état de morbidité codé au début, selon la classification de l'Organisation mondiale de la Santé, était tout de même servi mensuellement en dépit du sous-encadrement médical, technique et administratif. Cette oeuvre avait pour artisans les épidémiologistes. La masse de renseignements qui parvenaient régulièrement des 31 wilayas d'avant 1984, était traitée, analysée et exploitée par une petite sous-direction des statistiques que tenait pratiquement seul, monsieur Si Ahmed. L'épidémiologie cette spécialité discrète est à la santé publique, ce qu'est l'anatomie est aux sciences médicales. Elle dissèque, observe et identifie la problématique. Nous n'en avons pas fait grand-chose; nous l'avons cantonnée dans le service d'épidémiologie et de médecine préventive, appellation qui ne va pas plus loin que l'intention. Confinée dans un service démuni de moyens opérationnels, elle lutte pour la survie.

    Que pouvait-on tirer de cette information sanitaire? On pouvait tout en tirer; de l'état de santé de la population, aux taux de mortalité hospitalière, à la prévalence des maladies dont les transmissibles, aux tranches d'âges concernées, etc. Cette information statistique orientait la planification sanitaire dans sa quête de pertinence, plaçant ainsi les moyens à mettre en oeuvre pour résoudre la problématique, en interface avec les effets attendus. Notre pays qui relevait, à l'époque, du bureau régional de l'O.M.S de Copenhague, relève actuellement de celui de Brazzaville. Il est tout à fait naturel que l'on relève de cet ensemble géopolitique qu'est le continent africain, mais ce «déclassement» est révélateur d'une dépréciation notable en matière d'avancée sanitaire. Notre maintien au niveau «Europe» ou «Moyen-Orient, Afrique du Nord» aurait pu constituer un stimulateur bénéfique pour l'acte de santé national. Des instances internationales telles que les organisations onusiennes, le G8 et des personnalités et non des moindres, telles que Bill Gates, les Clinton se sont inscrits résolument dans la lutte contre le SIDA. L'on ne peut évoquer la lutte contre le SIDA sans y inclure la tuberculose et le paludisme. C'est dire, tout l'intérêt qu'accordent les plus hautes instances dans le monde, pour venir à bout de la détresse humaine, engendrée par les maladies. La maladie génère des pertes de revenus à beaucoup de pays dont le système de santé est inopérant, au même titre que la récession économique. Qu'est-il observé, aujourd'hui, dans notre pays? Un retour de maladies réémergentes qu'on croyait avoir réduites. Le secteur libéral jadis, peu développé s'inscrivait, résolument, dans la stratégie nationale. Astreint à l'exercice à mi-temps journellement dans les structures sanitaires, il s'acquittait honorablement de sa mission. Prévenant le conflit d'intérêt, il lui était confié les tâches de santé publique: lutte antituberculeuse, protection maternelle et infantile, hygiène scolaire, enseignement paramédical, etc. Certains de ces praticiens dits libéraux assuraient, en plus de la pratique médicale, des fonctions administratives, telles que celle de directeur de santé de wilaya, à l'instar des Drs M. Kebaili à Médèa et Bensounna à Tiaret. L'on considérait à l'époque que ces actions de santé publique, ne pouvaient relever que du corps médical national.

    On confiait volontiers la consultation médicale et la cure hospitalière aux membres de la coopération étrangère. Décidément les temps ont bien changé depuis lors.

    - Le Quotidien d'Oran
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