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Les pays musulmans gardent peu leurs scientifiques

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  • Les pays musulmans gardent peu leurs scientifiques

    Un article de Denis Sergent - La Croix 03 novembre 2008

    Si les pays de tradition islamique ne parviennent pas encore à retenir leurs meilleurs chercheurs, c’est surtout à cause des conditions de travail et parfois en raison de problèmes politiques

    «Qu’est-ce qui ne va pas dans la science musulmane ? », s’interrogeait Francis Gilles dans la revue Nature en 1983. Réponse : « À son apogée, il y a environ mille ans, le monde musulman contribua d’une façon remarquable à la science, notamment à la mathématique et à la médecine. Bagdad, au faîte de sa gloire, et l’Andalousie construisirent des universités où af fluèrent les étudiants par milliers : les gouvernants s’entourèrent de scientifiques et d’artistes. Un esprit de liberté permit aux juifs, chrétiens et musulmans de travailler côte à côte. Tout cela n’est plus qu’un souvenir aujourd’hui. Même la richesse récente apportée par les exploitations pétrolières n’a pas changé grand-chose… »

    « Critique sévère, mais en grande partie réaliste et méritée », confirmait en 1988 Abdus Salam, dans son livre Idéal et réalité. Ce commentaire est loin d’être anodin, car ce physicien pakistanais n’est pas n’importe qui : musulman pratiquant, spécialiste de la structure intime de la matière, prix Nobel en 1979, il fut un artisan inlassable de la formation de jeunes scientifiques dans les pays musulmans.

    Après des études en Grande-Bretagne, il rentre enseigner les mathématiques à l’université de Lahore et tente de faire de la recherche au pays. Mais, se sentant très isolé dans la région « la plus sous-développée d’un pays sous-développé », il revient en Occident enseigner à Londres et Princeton. Cette expérience personnelle jouera un rôle important dans son engagement en faveur des jeunes scientifiques musulmans. Il n’aura de cesse de harceler les agences de l’ONU, l’Organisation de la Conférence islamique et les pays occidentaux pour obtenir de l’aide.
    Le centre de Trieste est un peu l’arbre qui cache le désert
    Ces efforts ont été récompensés par la création en 1964 du Centre international de physique de Trieste (ICTP), qu’Abdus Salam dirigera pendant trente ans, grâce à l’aide de l’Unesco, de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) et du gouvernement italien.

    La vocation de ce centre est d’accueillir de jeunes scientifiques des pays en voie de développement, notamment de la cinquantaine de pays islamiques, du Maghreb à l’Indonésie en passant par le Golfe et l’Afrique noire. Plus de 2 000 y sont accueillis chaque année, généralement pour des séjours d’un an ou de quelques mois.

    Mais le centre de Trieste est un peu l’arbre qui cache le désert. Dans les années 1980, on estime qu’il y a environ 45 000 chercheurs et ingénieurs engagés dans la recherche et le développement dans les pays islamiques, contre 1,5 million en URSS, 400 000 au Japon et 35 000 en Israël. Abdus Salam se battra également pour obtenir la création d’une Fondation scientifique musulmane, semblable à la Fondation Ford. Toute sa vie durant, le physicien déplorera que les pays islamiques n’investissent pas davantage dans la jeunesse scientifique.

    De fait, malgré l’action et le charisme du prix Nobel pakistanais, de nombreux jeunes d’origine musulmane devinrent de brillants scientifiques… hors de leur pays natal. Chacun à sa manière, trois exemples en témoignent. Ahmed H. Zewail, né en 1946 en Égypte, obtient son master de chimie à Alexandrie avant de rejoindre les États-Unis.

    Doctorat à l’université de Pennsylvanie, post-doctorat à Berkeley, embauche au Caltech University et, en 1999, consécration suprême : il reçoit le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le mécanisme des réactions chimiques par spectroscopie laser ultrarapide, travaux qui ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives en chimie, en biologie et en pharmacologie pour la mise au point de réactions plus performantes et plus sélectives.

    Autre exemple : Elias Zerhouni, né en Algérie en 1951, arrive jeune marié, à 24 ans, aux États-Unis, à l’université biomédicale Johns-Hopkins de Baltimore, muni d’une bourse de 369 dollars. Diplômé en radiologie, il dépose entre 1985 et 1998 huit brevets d’invention dans le domaine de la radiologie et de l’IRM. En 2002, il est nommé par le président Bush directeur des National Institutes of Health (NIH, équivalent de l’Inserm en France).
    « La science n’est pas du tout antinomique avec l’islam »
    Cheick Modibo Diarra enfin. Malien né en 1952, diplômé d’ingénierie à l’université Pierre-et-Marie-Curie de Paris, il part se spécialiser en aérospatiale aux États-Unis et est engagé comme ingénieur à la Nasa, où il participe aux programmes d’exploration de Vénus, Jupiter et Mars.

    Puis, travaillant à mi-temps à la Nasa, il crée une fondation pour l’éducation et le développement en Afrique. Prenant un congé sabbatique, il monte en 2002 un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire à Bamako. En 2005, il est un des fondateurs de l’Université numérique francophone mondiale et, en 2006, devient président de Microsoft Afrique.

    « Ces exemples montrent simplement que les sociétés musulmanes produisent des compétences scientifiques qui atteignent un niveau international au bout de trois à cinq ans et sont ensuite happées par l’Occident », commente Ahmed Djebbar, professeur de mathématiques et historien des sciences à l’université de Lille.

    « La science n’est pas du tout antinomique avec l’islam », ajoute le neurobiologiste Jean-Didier Vincent, membre de l’Université numérique francophone. Mais les « sciences dures » (physique, chimie, biologie) sont moins courues : « Sauf quelques exceptions comme Ogabara Doumbo, directeur du Centre de recherche et de formation sur le paludisme à Bamako, les jeunes musulmans africains sont plutôt attirés par les “sciences molles” parce que c’est la porte de la politique », poursuit-il.
    Des éléments de changement s’annoncent à l’horizon
    Quand bien même un pays en développement décide de soutenir la formation scientifique, il favorise le plus souvent les sciences ou les technologies ayant un lien direct avec les priorités économiques. « En Algérie, par exemple, priorité a été donnée aux écoles d’ingénieurs et de techniciens orientées vers le pétrole et la pétrochimie », explique Ahmed Djebbar. En Irak et au Pakistan, c’est la physique nucléaire, y compris avec son volet militaire, qui a fait l’objet des soins attentionnés des gouvernants.

    Toutefois, des éléments de changement s’annoncent à l’horizon. Ainsi, depuis quelques années, près d’un tiers des étudiants en doctorat d’informatique et de mathématiques que forme l’Institut national de la recherche informatique et en automatique (Inria) sont des ressortissants des trois pays maghrébins.

    Finalement, conclut Ahmed Djebbar, « ce qui pèche, ce n’est pas tellement la formation théorique en sciences, généralement acquise dans les pays occidentaux, mais surtout la mise en pratique de ce savoir scientifique, la poursuite de recherches une fois revenu au pays, ainsi que les conditions de vie et parfois le contexte politique, comme l’apparition du terrorisme en Algérie dans les années 90 ».

    Du coup, insiste cet universitaire algérien installé depuis quarante ans en France, « il faut franchir un seuil critique en hommes, équipements, moyens financiers et surtout continuité politique, pour gérer ces intelligences et éviter la fuite des cerveaux ».

    Repères : principaux apports des sciences islamiques ( avis perso - je trouve la formulation idiote : j'aurais plutôt parlé de scientifiques musulmans...)

    Les sciences et techniques islamiques se sont développées au Moyen Âge et ont connu leur âge d’or du VIIe au XIVe siècle.

    L’alchimiste Ibn Hayyân (721-815) découvre les acides chlorhydrique et nitrique, la distillation et la cristallisation.

    Le mathématicien persan Al Khwârizmi (790-840) est un des inventeurs de l’algèbre (terme d’origine arabe), de l’analyse combinatoire et de la trigonométrie. Il précise que les « chiffres arabes » sont d’origine indienne.

    En 829, création à Bagdad du premier observatoire permanent au monde.

    Avicenne (980-1037), « prince des savants », écrit le Livre des lois médicales, dont l’influence durera jusqu’à la Renaissance. Les médecins perfectionnent l’anesthésie et l’analgésie, mettent au point la dissection et font progresser la pharmacopée.

    Le mathématicien et astronome persan chiite Al Biruni (973-1048) calcule le diamètre de la Terre et affirme, avant Copernic, que la Terre tourne sur elle-même.
    « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

  • #2
    Savez vous quel est l'arme secrete des USA disait Michio Kaku ?

    Ce n'est pas la bombe atomique ni une quelconque arme de destruction massive, c'est simplement un visa, nommé HBV visa je crois, c'est un visa destiné aux ressortissants étrangers doués en sciences ...


    Le professeur de Mathematique Ahmed Djebbar, si je ne me trompe, a été nommé par feu Mohammed Boudiaf ministre de l'Enseignement sup et de la recherche scientifique. Il s'est refugié en france après l'assasinat de feu Boudiaf et de la science par la main mafieuse d'alger.

    Quel gachis

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    • #3
      Merci Zakia pour le texte..
      helas, la situation empire au lieu de s'arranger...
      Quand la science ou l'universite sont politisees (par des incultes en plus) on ne peut pas s'attendre a autre chose !
      Dernière modification par MavericK, 17 novembre 2008, 15h01.

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      • #4
        C'est bien ça le drame

        Si on s'arrête juste au cas de l'Algérie, combien de scientifiques et d'universitaires de haut vol, éparpillés aux 4 coins de la planète, seraient infiniment plus heureux de contribuer au développement du pays si on leur en donnait les moyens?

        Je parie que la plupart rentreraient tellement vite que les pays qui les accueillent en auraient le tournis !

        Et si on étend ça à tout le monde arabo-musulman, il ne faudra pas 1 siècle pour qu'on retrouve notre faste et notre gloire !
        « N’attribuez jamais à la malveillance ce qui s’explique très bien par l’incompétence. » - Napoléon Bonaparte

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        • #5
          Bonjour,

          Mais le centre de Trieste est un peu l’arbre qui cache le désert. Dans les années 1980, on estime qu’il y a environ 45 000 chercheurs et ingénieurs engagés dans la recherche et le développement dans les pays islamique
          Même pour La Croix, il y a quand même une chose un peu bizarre dans cet article, le journaliste explique, au fond, qu'il n'y a pas d'opposition entre la science et l'islam (ok) et que la nature des problèmes seraient à chercher dans les moyens octroyés à la recherche dans ces pays. Pourtant tout en disant cela, son analyse porte quand même sur l'ensemble des pays islamiques (l'Algérie est comprise ?), comme unité; comme si l'Islam des habitants transcendait les différences politiques entre les pays.
          Les structures institutionnelles, les politiques éducatives du Pakistan, de l'Indonésie et du Maroc ont peu de choses en communs. Si on doit interroger le phénomène (ou l'événement si on est optimiste) ce serait du côté des spécificités législatives, économiques, sociologiques qu'il faudrait chercher...

          Pour donner un exemple du même type, c'est comme si "l'exil" des scientifiques français vers les USA ou l'Angleterre était analysé sous le prisme du dogme chrétien majoritaire dans un de ces pays: Ce ne serait pas un chercheur du CNRS qui touche des clopinettes avec des moyens de recherches "ridicules" qui irait au USA où une Université mettrait à sa disposition un labo: Non ce serait un catholique qui irait s'installer dans un pays protestant pour pouvoir effectuer ces recherches.

          En gros, il nous dit: l'Islam ne joue pas un rôle dans tout ça, mais quand même il le conditionne assez fortement pour que l'on puisse y voir une ligne de partage....
          Dernière modification par absent, 18 novembre 2008, 06h20.

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