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Algérie, la tragédie démocratique

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  • Algérie, la tragédie démocratique

    C’est un président malade qui règne sur un pays qui l’est tout autant. Un président vieilli à qui l’on vient d’offrir la possibilité de régner jusqu’à sa mort. Un président usé qui s’est coupé depuis longtemps de sa population. Depuis jeudi et la modification de la Constitution votée par le Parlement algérien, Abdelaziz Bouteflika, 71 ans, est pourtant le maître de l’Algérie.

    Les parlementaires algériens ont voté à main levée le projet de révision de la Constitution. (Reuters)
    Députés et sénateurs lui ont offert la possibilité de briguer un troisième mandat au printemps prochain. Une vraie tragédie démocratique pour les rares opposants qui ont osé contester cette réforme et dénoncent l’immobilisme dans lequel est plongé le pays.
    Alger, quartier de Bordj el Bahri, à 30 km du centre-ville. Un coin de misère comme il en existe tant autour de la capitale algérienne. Ici, on sait ce qu’immobilisme veut dire. En 2003, le quartier a été durement frappé par le séisme qui avait fait plus de 2000 morts à l’est de la ville. Aujourd’hui encore, des dizaines de familles vivent dans des immeubles où apparaissent de larges fissures. D’autres logent toujours dans des baraquements installés au lendemain de la catastrophe. Le provisoire est devenu permanence. Et la débrouille une règle de vie. Les routes ne sont pas goudronnées, le ramassage des déchets s’avère très aléatoire et, faute de transports en commun, le quartier est tous les jours bloqué par des embouteillages monstres.
    Alors l’exaspération monte. “Ce qu’a fait Bouteflika est une honte pour l’Algérie. Notre pays ressemble désormais aux dictatures africaines et aux monarchies arabes“, déplore Farid, un jeune cadre habitant le quartier. Dans les cybercafés, nombreux à Alger, les jeunes se sont défoulés contre le pouvoir. Les articles sur la révision constitutionnelle publiés par le quotidien électronique Tout sur l’Algérie ont suscité des centaines des commentaires hostiles au président et aux députés. “Le président Bouteflika aurait pu trouver une solution plus subtile pour se maintenir au pouvoir. Il aurait pu suivre l’exemple de Vladimir Poutine qui a accepté de devenir Premier ministre pour ne pas toucher à la limitation des mandats présidentiels“, estime Samir Allam, rédacteur en chef de Tout sur l’Algérie.
    Bouteflika avait soulevé beaucoup d’espoirs en 1999
    Mais le régime ne s’encombre plus de subtilités. La liberté d’expression est réduite au strict minimum. Et la contestation sociale systématiquement réprimée. “Il y a régulièrement des jacqueries liées aux problèmes de chômage, de manque de logis ou de coupures d’eau. A chaque fois, les forces de l’ordre interviennent“, souligne Kader Abdelkarrim, chercheur à l’Iris. Résultat: “La majorité de la population est dans une totale désespérance“, explique Akram Belkaïd, journaliste à La Tribune et auteur de plusieurs ouvrages sur l’Algérie.
    Abdelaziz Bouteflika avait pourtant soulevé beaucoup d’espoirs lors de son arrivée au pouvoir en 1999. D’autant qu’il est parvenu, lors de son premier mandat, à mettre fin à la violence terroriste qui avait ensanglanté le pays pendant dix ans. Mais, socialement et économiquement, son bilan se solde par un échec. “Le gouvernement ne sait même plus comment résoudre de simples conflits sociaux et est incapable de trouver des solutions efficaces et durables aux problèmes des Algériens, déplore ainsi le directeur d’une société de services algéroise. En fait, le pays a dû suivre les politiques dictées par le FMI et la Banque mondiale. Il est passé brutalement d’une économie socialiste à une économie de marché.” Conséquence : les produits de première nécessité, qui autrefois étaient subventionnés, sont désormais vendus au prix fort. Impossible pour l’immense majorité de la population d’y faire face.
    Même les revenus du pétrole n’ont pas pu changer cette situation. Et pourtant, l’Algérie en tire d’immenses profits. Le pouvoir s’enorgueillit d’ailleurs d’avoir remboursé en avance une grande partie de sa dette extérieure. Il vante aussi les grands chantiers qu’il a lancés, comme la construction d’autoroutes ou de logements sociaux. Mais ces initiatives ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan de précarité algérien. “En fait, pas plus de 5% de la population profite réellement de cet argent du pétrole, estime Kader Abdelkarrim. Le reste tente simplement de survivre.” Exemple éloquent de cette inégalité: il y a quelques semaines, les députés et les sénateurs ont vu leur salaire augmenter de 300%. Une décision jugée scandaleuse par bon nombre d’Algériens.
    Une opposition en complète déshérence
    Cette colère peine pourtant à trouver une traduction sur le terrain politique. “La politique n’intéresse absolument plus les Algériens. Elle est trop loin de leurs préoccupations“, explique Akram Belkaïd. Ils ne fondent plus aucun espoir sur le gouvernement, qui ne fait que mettre en musique une politique dictée par la présidence. Quant à l’opposition, elle est en complète déshérence. “Le pouvoir a cadenassé toute velléité de contestation. Aucune opposition crédible ne peut émerger“, estime Akram Belkaïd.
    Un état de fait qui inquiète les spécialistes. “Il n’y a plus aucune interface pour porter la contestation, note Kader Abdelkarrim. Forcément, cela représente un danger.” Pour beaucoup, l’Algérie d’aujourd’hui ressemble fort à celle des années 1980, quand l’islamisme radical avait fait son lit de la crise sociale. Depuis un an et demi, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), un groupuscule lié à Al-Qaida, multiplie les attentats sur le territoire. Dans les quartiers défavorisés d’Alger, les “barbus” ne se cachent plus désormais pour recruter des candidats au combat. Le plus souvent des jeunes. Tous désespérés de vivre dans un pays où vient d’être instaurée de fait la présidence à vie.

    Par Antoine MALO, avec Kamel AMARA à Alger
    Le Journal du Dimanche


    Comment Bouteflika concentre tous les pouvoirs

    en Algérie ( par l’Express )

    Par Baya Gacemi, publié le 14/11/2008


    Le Parlement algérien a voté la révision de la Constitution à la quasi unanimité. Derrière les retouches de façade, un seul dessein: lever l’empêchement fait au président Bouteflika de briguer un troisième mandat.
    Sans surprise, le parlement algérien, réuni en congrès le 12 novembre, a voté la révision de la constitution à la quasi unanimité de ses membres (500 pour, 21 contre et 8 abstentions). Le pouvoir algérien joue, il est vrai, sur du velours tant l’incohérence de ses détracteurs est immense.
    Ainsi, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, qui a voté contre) a aussitôt annoncé qu’il présenterait un candidat aux élections « sous certaines conditions ». Quant à celle qui était il n’y a pas si longtemps considérée comme la passionaria algérienne, la « trotskyste » Louisa Hanoune, laquelle répétait à l’envi que la révision constitutionnelle devait « passer par le peuple », a aussitôt oublié cette exigence. Mieux, en votant pour, elle n’a pas eu de mots assez forts après coup pour expliquer comment ces amendements allaient « apporter plus de démocratie » dans la pratique politique.
    Bien sûr, une dizaine d’articles ont été retouchés ou ajoutés, dont un qui n’a pas son égal en matière de démagogie, celui qui vise à « donner aux femmes une plus grande place en politique ».
    Comble du paradoxe : cela se passait le jour où le tribunal d’Alger condamnait deux jeunes employées de la banque d’Algérie pour diffamation parce qu’elles avaient osé porter plainte pour harcèlement sexuel contre leur chef.
    En fait, ces retouches cachent mal le véritable dessein des initiateurs de cette révision : lever l’empêchement fait au président Bouteflika de briguer un troisième mandat en amendant l’article 74 qui limitait le nombre de mandats présidentiels à deux. Avec, en prime, une concentration de tous les pouvoirs entre les mains du président et en transformant le poste de « chef du gouvernement » en celui de « premier ministre ».
    Le modèle américain d’un exécutif soudé autour de la personne du président dont Bouteflika se prévalait au début de son premier mandat, a subi quelques coups de griffe au passage. Dans un pays où les hommes comptent plus que les institutions, il est édifiant de constater que le poste de vice-président n’a pas pu être institué faute de « dauphin » consensuel. C’est ce dernier, après tout, qui profitera de ces amendements…
    Dernière modification par fumeurdethé2, 18 novembre 2008, 16h11.

  • #2
    3eme mandant vu de l'etranger
    Par Antoine MALO, avec Kamel AMARA à Alger

    Par Baya Gacemi, publié le 14/11/2008

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