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"Boeing file un mauvais coton"

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  • "Boeing file un mauvais coton"

    Les livraisons de Boeing affectées par la grève ?

    C’EST pratique, les grèves. Dans l’aéronautique, un bon vieux conflit social fournit à la fois un coupable idéal -les syndicats- et une excuse en béton -la grève- pour justifier des retards déjà actés en interne, et qui auraient eu bien du mal à passer autrement. Boeing l’a bien compris, en désignant la grève de 58 jours de ses mécaniciens comme cause principale de ses nouveaux retards.

    Un peu facile: personne ne croyait plus aux dates avancées par l’avionneur américain pour son nouveau long-courrier B787 "Dreamliner", à savoir un premier vol avant fin 2008, et des premières livraisons mi-2009. Un sous-traitant français de Boeing interrogé par Challenges envisageait un premier vol de l’appareil au mois d’avril 2009, "dans le meilleur des cas". Le nouveau long courrier va donc certainement battre allègrement le record du plus grand laps de temps entre la sortie d’usine et le premier vol d’un avion commercial : 21 mois, si l’engin vole bien au printemps.

    Pas vraiment une surprise : certains observateurs attentifs avaient bien remarqué que l’appareil présenté lors du très médiatique "roll-out" du 8 juillet 2007 avait été terminé à la hâte. Une "maquette en carton", avaient raillé les mauvaises langues. Boeing a beau avoir mis les bouchées doubles sur le développement de l’appareil, il est confronté à un problème persistant de surpoids et de consommation excessive, qui motive l’inquiétude de clients comme Northwest. L’avionneur devra aussi composer avec des délais incompressibles pour faire certifier cet avion révolutionnaire, composé à 50% de matériaux composites.

    Le problème, c’est que Boeing a d’autres plombs dans l’aile. La version fret du B777 a été repoussée de deux mois du fait de la récente grève de 58 jours des mécaniciens. Quant au B747-8, version allongée du best-seller de Boeing censée concurrencer l’A380, il affiche un retard d’un an, et n’a pour l’instant qu’un seul client pour sa version passagers, la compagnie allemande Lufthansa. Même les vaches à lait traditionnelles du groupe, les moyen-courriers de la gamme 737, sont dans la panade: tous les appareils produits depuis août 2007, soit environ 400 avions, vont devoir être inspectés, certaines fixations n’ayant pas reçu de traitement anti-corrosion. Un bide qui rappelle furieusement la pénurie de rivets en titane qui avait motivé les premiers retards du 787.

    Le coupable de ces dysfonctionnements est tout trouvé: la stratégie d’externalisation à outrance de Boeing, qui ne contrôle plus directement ses programmes dont les charges sont réparties entre les Etats-Unis, le Japon et l’Europe. Pour son nouvel A350 XWB, lui aussi frappé du sceau de l’externalisation, Airbus serait bien inspiré de retenir la leçon.

    par Vincent Lamigeon, journaliste à Challenges, mercredi 19 novembre.
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