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La déflation, nouveau cauchemar des banquiers centraux

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  • La déflation, nouveau cauchemar des banquiers centraux

    FRANKFURT/WASHINGTON (Reuters) - Après la récession, désormais une réalité dans plusieurs pays, le nouveau cauchemar des hommes politiques et des banquiers centraux s'appelle la déflation.

    La décennie de baisse des prix endurée par le Japon à la fin des années 90 et jusqu'au milieu des années 2000 sur fond de crise économique, après l'éclatement de sa bulle spéculative au début des années 90, est encore dans tous les esprits et les responsables politiques et monétaires semblent déterminés à empêcher la reproduction d'un tel phénomène.

    Confrontés au brusque ralentissement de l'inflation dans un contexte de chute des prix énergétiques et de ralentissement économique - les prix ont baissé de 1% en octobre aux Etats-Unis, du jamais vu depuis l'après-guerre - les banquiers centraux ont commencé à fortement réduire le coût du crédit.

    Mais leur marge de manoeuvre est faible. Le principal taux directeur de la Réserve fédérale des Etats-Unis a déjà été ramené à 1% tandis que taux comparable de la Banque du Japon se situe à 0,3%.

    La BCE, avec son taux central de refinancement à 3,25%, et la Banque d'Angleterre, avec son taux directeur à 3%, disposent de plus de marge de manoeuvre.

    Même la Chine, dont la croissance ralentit aussi, quoique sur une autre échelle, s'inquiète d'une éventuelle déflation. En quelques mois, la hausse des prix est passée de 8,7% à 4%.

    "La politique monétaire est moins puissante dans le sens de la baisse que dans le sens de la hausse. Quand l'inflation est à la hausse, il n'y a pas de limite à la hausse des taux d'intérêt par les banques centrales, alors que dans l'autre sens, il y a une limite à zéro", souligne Stefan Gerlach, professeur à l'université Goethe de Francfort.

    Un des effets de la baisse des prix est d'accroître le fardeau de la dette, même si les banques et les ménages ont commencé à se désendetter considérablement face à la crise et aux mauvaises nouvelles économiques qu'ils anticipent.

    EFFETS PERVERS

    "Le problème avec une inflation négative est que la valeur réelle de la dette augmente, explique James Nixon, économiste à la Société générale. Pendant un cycle de désendettement, une inflation négative est la dernière chose dont on a besoin".

    Si les taux d'intérêt officiels approchent déjà de zéro et si la déflation perdure, cela pourrait conduire les ménages et les entreprises à réduire encore leurs dépenses, donc à freiner encore la demande et l'activité économique, avec le potentiel de faire baisser encore les prix, voire les salaires.

    "Quand on est en période de déflation, il est important de redresser l'économie aussi vite que possible", estime Lyle Gramley, analyste au Stanford Group à Washington.

    Cet ancien gouverneur de la Fed pense que les baisses du coût du crédit entamées aux Etats-Unis et l'action du Trésor pour relancer l'activité de prêts par mise à disposition de liquidités semblent commencer à marcher. Mais, pour lui, l'arme des taux d'intérêt, seule, n'est pas suffisante.

    "En période de pénurie du crédit comme celle où nous nous trouvons, la Fed peut abaisser le taux des fed funds, mais, si elle ne réussit pas à faire baisser les taux d'intérêt des banques ou à améliorer l'accès au crédit ou à faire repartir à la hausse des marchés boursiers, alors ce sera pratiquement comme un coup d'épée dans l'eau", estime Lyle Gramley.

    Le président de la Fed Ben Bernanke avait souligné les effets pervers de la déflation dans un discours prononcé en juillet 2003 alors qu'il n'était qu'un des gouverneurs de la Fed.

    "Parce que les taux d'intérêt nominaux à court terme ne peuvent être réduits davantage, l'accentuation de la déflation conduira à une hausse du niveau réel des taux d'intérêt à court terme, et donc à un resserrement, dans les faits, de la politique monétaire", avait déclaré Bernanke à l'époque.

    Si la déflation venait à s'installer durablement, les banques centrales pourraient être amenées à créer de la monnaie, à financer les dépenses publiques en prenant à leur charge la dette publique dans leurs bilans, estime James Nixon de la Société générale.

    "Ce serait un retournement de l'orthodoxie des politiques monétaires de ces 20 dernières années", souligne-t-il. "Mais si nous nous trouvons effectivement face à une récession du type de celle des années 30, c'est sans doute dans ce sens qu'ira la politique monétaire."

    Version française Danielle Rouquié
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