Comment la bureaucratie zélée se met au travers du développement de notre Pays : cas d’une mission scientifique confrontée au consulat d’Algérie a Genève.
Par Dr, Nabil Layaida Chercheur a l’INRIA France
Le 18 & 20 Novembre 2008, un colloque International appelé : "Environnements d’Apprentissage pour les Communautés de Pratique, EACP’08" doit se tenir à l’Université de Tlemcen en Algérie. Le colloque doit présenter les résultats scientifiques d’un programme de recherche européen avec l’Algérie de plusieurs années, dont l’Université de Tlemcen est partenaire et est entièrement financé par la communauté Européenne. Ceci, grâce principalement a la volonté et a la ténacité de la responsable de ce programme de recherche, Dr Christine Vanoirbeek, une chercheuse Belge installée en suisse au sein de la prestigieuse Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Des le départ de ce programme, Mme Dr Christine Vanoirbeek a insisté pour impliquer un pays de la rive sud, elle a choisi l’Algérie pour être partenaire parmi la dizaine d’autres équipes européennes. En particulier, l’équipe du Professeur Azedine Chikh de l’Université de Tlemcen. Contrairement a l’accoutumée, les partenaires européen sont assaillis par les demandes de nos voisins Marocains et Tunisiens, visiblement plus sensibilisés a ces questions, et qui finissent par capter la majorité de ces programmes de recherche en déroulant le tapis rouge pour des partenariats de ce type.
Tout se passe normalement jusqu’a ce Jeudi 13 Novembre. En tant que chercheur Algérien travaillant dans un Laboratoire de recherche Français, l’INRIA, partenaire de ce programme, je reçois un appel de Dr Christine Vanoirbeek. Elle m’informe que sa demande de VISA tarde de manière inquiétante depuis une semaine. Elle m’explique qu’elle a fourni toutes les pièces en temps utile avec une invitation officielle de l’Université de Tlemcen, elle a même fait renvoyer un faxe depuis l’Algérie alors qu’il était joint a sa demande. Elle m’explique qu’elle s’informe tous les jours et, a chaque fois, on lui dit que le VISA sera prêt pour le lendemain. Elle me dit inquiète car son départ se rapprochant, elle redoute un problème de dernière minute. Je la rassure alors tout de suite et lui explique, qu’en général, des collaborateurs scientifiques n’ont aucune difficulté à faire leur démarche auprès de nos consulats.
Pour m’enquérir de la situation, je décide alors d’appeler le consulat général d’Algérie à Genève. Je suis d’abord étonné de l’attitude agressive de l’employée du service des VISA qui refuse de donner des explications et se mets, de manière étonnante, à se plaindre de son statut de contractuelle. Je lui demande de me passer le chef de service car j’ai besoin d’une information urgente et précise que c’est pour un voyage scientifique important. Apres plusieurs tentatives infructueuse, entre la standardiste et l’employée, décidées à m’en empêcher, je fini par joindre Mr Remmache, Chef de service des visas au consulat.
Je me présente, je lui explique alors ma requête. Mr Remmache m’informe alors qu’il ne peut délivrer le VISA sans l’autorisation du ministère de l’éducation et de la recherche. Je lui explique alors mon étonnement de ne pas avoir signalé cette information en temps utile, sachant que le départ de Dr Christine Vanoirbeek était prévu pour dans trois jours et que le Week-end en Algérie est Vendredi suivi du Week-end ici en Europe. Je l’informe également que tous les chercheurs étrangers ont eu leur VISA sans problèmes. Je l’informe également qu’une citoyenne Belge chercheuse en Suisse, c’est-à-dire exactement le même cas que la responsable de tout le programme est participante a obtenu son VISA pour le même colloque sans difficultés. En plus, le VISA a été délivré directement par l’ambassade d’Algérie à Berne et dans les plus brefs délais. Je lui redis ensuite la gravité de la situation étant donné que la personne concernée est un haut responsable des programmes de recherches européens. Je l’informe également que parmi les participants du cote Algérien, l’ayant reçu moi-même, figure des recteurs d’universités, des présidents d’instituts de recherche (CERIST, INI, …), de hauts responsables de nos ministères (recherche, justice, ..), des professeurs d’universités, des doctorants, etc.
La position de Mr Remmache reste ferme et inflexible et m’explique qu’a Genève les choses était différentes des autres consulats, les VISAS prenait a cet endroit plus d’un mois en général ! A ce moment la, j’ai compris que les choses allaient être vraiment compliquées. J’ai convenu de le rappeler la veille du départ pour au mois avoir le temps de prévenir le comité d’organisation et de procéder aux annulations. Il m’a confirmé ce Vendredi qu’il ne pouvait donner le VISA.
Voila le récit de cette histoire triste et incompréhensible. Je passe des jours terribles à avoir profondément honte pour notre pays et ce sentiment va me poursuivre encore pendant longtemps. J’ai moi-même convaincu des chercheurs européens de s’y rendre et de contribuer et je n’ai eu cesse, malheureusement, de leur rappeler notre hospitalité.
Je devais faire l’exposé d’introduction avec Dr Pierre Genève pour tracer les perspectives scientifiques du domaine. Devant une pareille situation, j’ai décidé moi-même d’annuler mon voyage, Dr Pierre Genève a décidé de faire de même. Aujourd’hui, l’image qu’on donne aux chercheurs du monde entier et qui, pour certains, malgré les recommandations de leur pays de ne pas se rendre en Algérie, non seulement le font mais se démènent pour y attirer d’abord leur talents et de surcroit des financements européens. A l’heure ou on veut substituer l’économie de la rente pétrolière par celle du savoir, il est dommage que des employés payés sur cette même rente s’opposent a cette voie pourtant inévitable.
Je pense qu’il est temps aujourd’hui de nous remettre en cause nous-mêmes et ne pas systématiquement accuser les autres de nos malheurs. Si, de cette histoire, des responsabilités ne sont pas identifiées et sanctionnées de la manière la plus sévère, nous n’avanceront pas. Les choses resteront alors comme elles le sont aujourd’hui, c’est-à-dire désastreuses pour notre pays et pour son avenir, pour faire court.
Par Dr, Nabil Layaida Chercheur a l’INRIA France
Le 18 & 20 Novembre 2008, un colloque International appelé : "Environnements d’Apprentissage pour les Communautés de Pratique, EACP’08" doit se tenir à l’Université de Tlemcen en Algérie. Le colloque doit présenter les résultats scientifiques d’un programme de recherche européen avec l’Algérie de plusieurs années, dont l’Université de Tlemcen est partenaire et est entièrement financé par la communauté Européenne. Ceci, grâce principalement a la volonté et a la ténacité de la responsable de ce programme de recherche, Dr Christine Vanoirbeek, une chercheuse Belge installée en suisse au sein de la prestigieuse Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). Des le départ de ce programme, Mme Dr Christine Vanoirbeek a insisté pour impliquer un pays de la rive sud, elle a choisi l’Algérie pour être partenaire parmi la dizaine d’autres équipes européennes. En particulier, l’équipe du Professeur Azedine Chikh de l’Université de Tlemcen. Contrairement a l’accoutumée, les partenaires européen sont assaillis par les demandes de nos voisins Marocains et Tunisiens, visiblement plus sensibilisés a ces questions, et qui finissent par capter la majorité de ces programmes de recherche en déroulant le tapis rouge pour des partenariats de ce type.
Tout se passe normalement jusqu’a ce Jeudi 13 Novembre. En tant que chercheur Algérien travaillant dans un Laboratoire de recherche Français, l’INRIA, partenaire de ce programme, je reçois un appel de Dr Christine Vanoirbeek. Elle m’informe que sa demande de VISA tarde de manière inquiétante depuis une semaine. Elle m’explique qu’elle a fourni toutes les pièces en temps utile avec une invitation officielle de l’Université de Tlemcen, elle a même fait renvoyer un faxe depuis l’Algérie alors qu’il était joint a sa demande. Elle m’explique qu’elle s’informe tous les jours et, a chaque fois, on lui dit que le VISA sera prêt pour le lendemain. Elle me dit inquiète car son départ se rapprochant, elle redoute un problème de dernière minute. Je la rassure alors tout de suite et lui explique, qu’en général, des collaborateurs scientifiques n’ont aucune difficulté à faire leur démarche auprès de nos consulats.
Pour m’enquérir de la situation, je décide alors d’appeler le consulat général d’Algérie à Genève. Je suis d’abord étonné de l’attitude agressive de l’employée du service des VISA qui refuse de donner des explications et se mets, de manière étonnante, à se plaindre de son statut de contractuelle. Je lui demande de me passer le chef de service car j’ai besoin d’une information urgente et précise que c’est pour un voyage scientifique important. Apres plusieurs tentatives infructueuse, entre la standardiste et l’employée, décidées à m’en empêcher, je fini par joindre Mr Remmache, Chef de service des visas au consulat.
Je me présente, je lui explique alors ma requête. Mr Remmache m’informe alors qu’il ne peut délivrer le VISA sans l’autorisation du ministère de l’éducation et de la recherche. Je lui explique alors mon étonnement de ne pas avoir signalé cette information en temps utile, sachant que le départ de Dr Christine Vanoirbeek était prévu pour dans trois jours et que le Week-end en Algérie est Vendredi suivi du Week-end ici en Europe. Je l’informe également que tous les chercheurs étrangers ont eu leur VISA sans problèmes. Je l’informe également qu’une citoyenne Belge chercheuse en Suisse, c’est-à-dire exactement le même cas que la responsable de tout le programme est participante a obtenu son VISA pour le même colloque sans difficultés. En plus, le VISA a été délivré directement par l’ambassade d’Algérie à Berne et dans les plus brefs délais. Je lui redis ensuite la gravité de la situation étant donné que la personne concernée est un haut responsable des programmes de recherches européens. Je l’informe également que parmi les participants du cote Algérien, l’ayant reçu moi-même, figure des recteurs d’universités, des présidents d’instituts de recherche (CERIST, INI, …), de hauts responsables de nos ministères (recherche, justice, ..), des professeurs d’universités, des doctorants, etc.
La position de Mr Remmache reste ferme et inflexible et m’explique qu’a Genève les choses était différentes des autres consulats, les VISAS prenait a cet endroit plus d’un mois en général ! A ce moment la, j’ai compris que les choses allaient être vraiment compliquées. J’ai convenu de le rappeler la veille du départ pour au mois avoir le temps de prévenir le comité d’organisation et de procéder aux annulations. Il m’a confirmé ce Vendredi qu’il ne pouvait donner le VISA.
Voila le récit de cette histoire triste et incompréhensible. Je passe des jours terribles à avoir profondément honte pour notre pays et ce sentiment va me poursuivre encore pendant longtemps. J’ai moi-même convaincu des chercheurs européens de s’y rendre et de contribuer et je n’ai eu cesse, malheureusement, de leur rappeler notre hospitalité.
Je devais faire l’exposé d’introduction avec Dr Pierre Genève pour tracer les perspectives scientifiques du domaine. Devant une pareille situation, j’ai décidé moi-même d’annuler mon voyage, Dr Pierre Genève a décidé de faire de même. Aujourd’hui, l’image qu’on donne aux chercheurs du monde entier et qui, pour certains, malgré les recommandations de leur pays de ne pas se rendre en Algérie, non seulement le font mais se démènent pour y attirer d’abord leur talents et de surcroit des financements européens. A l’heure ou on veut substituer l’économie de la rente pétrolière par celle du savoir, il est dommage que des employés payés sur cette même rente s’opposent a cette voie pourtant inévitable.
Je pense qu’il est temps aujourd’hui de nous remettre en cause nous-mêmes et ne pas systématiquement accuser les autres de nos malheurs. Si, de cette histoire, des responsabilités ne sont pas identifiées et sanctionnées de la manière la plus sévère, nous n’avanceront pas. Les choses resteront alors comme elles le sont aujourd’hui, c’est-à-dire désastreuses pour notre pays et pour son avenir, pour faire court.
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