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La faillite de l'industrie automobile américaine est-elle inéluctable ?

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  • La faillite de l'industrie automobile américaine est-elle inéluctable ?

    Le Congrès décidera le 8 décembre s'il accorde une aide d'urgence à des constructeurs automobiles américains en grande difficulté

    Avec une perte cumulée de plus de 70 milliards de dollars depuis 2005 et des perspectives très pessimistes, l'avenir de General Motors paraît bien compromis. Son P-DG, Rick Wagnoner, estime d'ailleurs que la société se retrouvera à court de liquidités avant l'entrée en fonctions du nouveau président des Etats-Unis Barack Obama, le 20 janvier prochain. Et la situation des deux autres grands constructeurs américains Ford et Chrysler est tout aussi compromise. Tous appellent l'Etat fédéral à l'aide. Pour l'instant sans succès.

    Dans quelle situation se trouvent les constructeurs américains ?

    Les dirigeants des Big Three - General Motors, Ford et Chrysler - ont lancé un véritable appel au secours devant le Sénat américain lundi 17 novembre. Ils demandent une aide publique de 25 milliards de dollars.
    Hors éléments exceptionnels, General Motors a enregistré une perte de 4,2 milliards de dollars au troisième trimestre. Celle de Ford dépasse 2,7 milliards. Mais le vrai souci porte sur la liquidité : les constructeurs brûlent du cash et les banques ne veulent absolument plus les financer.
    Rick Wagoner reconnaît que sa société, qui consomme 1 milliard de dollars par mois, sera rapidement en manque de liquidités. Ford vient pour sa part de céder 20 % du capital du japonais Mazda. Et Chrysler, qui n'est plus coté, ne communique guère. Mais sa situation est sans doute la plus difficile après son rachat par des fonds d'investissement.

    Comment en est-on arrivé là ?

    Plusieurs éléments expliquent cette dégradation extrêmement forte. D'abord, les ventes de voitures neuves se sont effondrées depuis dix-huit mois. Elles sont passées d'un rythme annuel d'un peu plus de 16 millions d'unités en milieu d'année 2007 à 10,5 millions en octobre de cette année. Les Américains ont fortement souffert de la hausse de la facture de carburant, avant d'être aujourd'hui rattrapés par la crise du crédit puis par la récession économique. Ces éléments touchent d'ailleurs tous les constructeurs, comme le montre la décision prise cette semaine par Toyota d'arrêter toutes ses usines aux Etats-Unis pendant deux jours en décembre.

    Mais les Big Three présentent également des faiblesses spécifiques. D'abord, une gamme largement inadaptée à la situation actuelle. Quand les constucteurs japonais privilégient les véhicules compacts, les trois américains réalisaient encore entre 60 et 75 % de leurs ventes avec des 4 X 4 et des pick-up, c'est-à-dire les véhicules les plus onéreux et les plus gourmands en carburant. De plus, ces sociétés n'ont que partiellement pris en compte leurs difficultés croissantes. Avant même la crise actuelle, leurs usines affichaient des taux d'utilisation très modestes. Enfin, elle traînent comme un boulet leurs engagements de payer les retraites et les frais de santé de leurs anciens salariés, ce que ne doivent pas supporter les constructeurs étrangers.

    Fin 2007, le passif social de General Motors atteignait 45 milliards de dollars. Il était de 27 milliards chez Ford. Des mesures ont été prises ces derniers mois, mais elles sont insuffisantes au regard de l'ampleur de la dégradation du marché. Pour preuve, les résultats de General Motors sont négatifs depuis 2005, alors que la situation économique globale était tout de même bien plus positive qu'aujourd'hui. L'état des trois grands constructeurs américains n'a donc que peu de chances de s'améliorer à court ou moyen terme.

    Le gouvernement va-t-il intervenir ?

    Les constructeurs demandent de l'argent. Barack Obama, qui n'est pas encore entré en fonctions, a déclaré qu'il fallait les soutenir. Les démocrates souhaitent qu'une partie du plan Paulson, destiné à l'origine à aider le secteur financier, soit consacrée à l'industrie automobile. Sur 700 milliards de dollars, 25 milliards pourraient ainsi être détournés de leur but initial.

    Les républicains y sont opposés. De même que Henry Paulson, le secrétaire au Trésor à l'initiative de ce plan. Ils expliquent que la situation des constructeurs est tellement difficile que leur viabilité à moyen terme restera sujette à caution. Ces incertitudes expliquent d'ailleurs que les établissements financiers refusent tout crédit à ces sociétés. En cas de mise en faillite, ils perdraient en effet les fonds prêtés. Or il est difficile d'envisager une réelle sortie de crise sans le soutien des banquiers.
    Les trois grands constructeurs se trouvent pris dans un cercle vicieux dont seule une mise en faillite (Chapitre 11) pourrait les sortir. Il s'agit en tout cas du raisonnement des élus républicains.

    Quelles seraient les conséquences d'une faillite d'un ou plusieurs d'entre eux ?

    Rick Wagoner récuse ce raisonnement qui voudrait qu'une mise sous Chapitre 11 représente une solution à la crise actuelle du secteur automobile. Il estime qu'une faillite de General Motors conduirait à une disparition pure et simple de la société.

    Une mise sous Chapitre 11 permettrait de régler les problèmes de passif social, de dettes financières et de restructurer l'outil industriel à un moindre coût financier, mais elle ne garantit pas que l'on puisse être tiré d'affaire. L'équipementier automobile Delphi est sous Chapitre 11 depuis deux ans, et sa situation est toujours aussi désespérée.

    Le coût social et financier d'une faillite serait astronomique. Les constructeurs emploient aux Etats-Unis 820.000 personnes directement et 4,5 millions indirectement, selon une étude de Center for Automotive Research. Le même cabinet estime que la disparition de 50 % des capacités de production des Big Three d'ici trois ans représenterait 1 million d'emplois perdus à cet horizon. Sur trois ans, les pertes de revenus atteindraient 275 milliards de dollars. Et le manque à gagner au niveau des impôts dépasserait 100 milliards. Des sommes bien inférieures, donc, aux 25 milliards réclamés aujourd'hui par les constructeurs.

    JDF
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