Les commentaires faits sur la situation du Vieux Continent ont un côté surréaliste. Le pelé, le galeux serait les banquesaméricaines, et la crise en Europene serait que la conséquence de ce qui se serait passé outre-Atlantique. Si seulement c’était vrai…
Les banques européennes ont en effet prêté l’équivalent de 4.500 milliards de dollars aux pays d’Europe de l’Est, c’est-à-dire à peu de chose près leurs fonds propres. Un pays comme l’Autriche a prêté à ses voisins environ 80% du PNB autrichien. Et une grande partie de ces pays sont dans une situation critique, de la Bulgarie, avec un déficit extérieur de 25% duPNB, à la Hongrie (8%) enpassant par les pays Baltes (environ 10%) – la Tchéquie et la Pologne sont dans une situation un peumeilleure. A l’exception des Etats-Unis, qui peuvent financer leur déficit extérieur avec leur propre monnaie, tous les autres pays doivent trouver des capitaux à l’extérieur quand ils ont un déficit commercial. Ces financements peuvent être de deux formes.
1.Des investissementsdirects. Ainsi, une part importante des déficits extérieurs de la Slovaquie ont été financés par des investissements directs effectués par les grands constructeurs automobiles européens ou japonais.
2. Des emprunts à court terme financés par les banques locales auprès des banques étrangères (souvent leur maison mère) pour financer, par exemple, des achats immobiliers dans le pays par les consommateurs locaux. En Hongrie, par exemple, près de 80% des prêts immobiliers ont été libellés en euros ou en francs suisses, tant la différence de taux était importante.
Ces deux sources de financement se tarissent à toute vitesse. Plus une seule grande société internationalene parle d’augmenter ses investissements où que ce soit, et plus aucune banque n’est en mesure de financer les déficits extérieurs de pays douteux.
Les déficits extérieurs ne peuvent plus être financés ? Ils vont donc disparaître. Ce qui veut dire en termes simples que ces pays vont connaître une très forte récession (baisse de la demande intérieure pour s’ajuster a la baisse du niveau de vie), accompagnée probablement par un effondrement de la monnaie.Tout cela amène à une quasi disparition des importations, qui se trouvent être nos exportations. Nous avons eu un exemple de ce processus lors de la crise asiatique et russe en 1997-1998. Souvent, l’intervention du FMI devient une obligation. Cet état de fait, presque inéluctable, a un certain nombre de conséquences.
Nos banques vont devoir encaisser des pertes considérables. Pourmettre les choses en perspective, la crise du subprime portait sur 1.000 milliards de dollars. Nous parlons ici de 4.500 milliards... Nous sommes donc en train de rentrer en Europe dans une crise bancaire à la limite beaucoup plus grave que celle qui sévit aux Etats-Unis, accompagnée par un ralentissement des exportations sans précédent, le tout sur fond de crisemondiale et d’effondrement de la consommation domestique.
Cela amène à deux conclusions au niveau macroéconomique :
l’inflation va devenir négative partout enEurope, comme elle l’est déjà aux USA sur les trois derniers mois (– 4%annualisés), et les économies européennes vont connaîtreune récessionprofonde. Compte tenu de ces développements quasi inévitables, il y a deux chose que je ne comprends pas. La première, c’est ce que font les taux de la BCE à 3,25%. Ils devraient être à 1%.
La deuxième, c’est ce que fait l’euro à 1,25 dollar. La rentabilité sur capital investi en Europe s’effondre, les déficits budgétaires explosent, le système bancaire implose (ou va imploser), et l’euro est surévalué d’environ 20%vis-à-vis du dollar en parité des pouvoirs d’achat, et bien plus contre les monnaies asiatiques, le sterling ou la couronne suédoise…Incompréhensible.
Je réitère ce que je ne cesse de dire depuis desmois.L’Europe est dansune situationtrès difficile, encore plus sans doute que les Etats-Unis, et est gérée par une banque centrale d’une incompétence inimaginable et toujours en retard d’une guerre. Eviter tout ce qui touche à l’Europe de l’Est, et au système bancaire européen, et conserver en dollars son cash semblent donc être demise.
JDF
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