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Shehata : «La CAN-2004, c’est déjà loin et moi je ne regarde jamais derrière moi

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  • Shehata : «La CAN-2004, c’est déjà loin et moi je ne regarde jamais derrière moi


    Hassan Shehata : «La CAN-2004, c’est déjà loin et moi je ne regarde jamais derrière moi» Par : Farid Aït Saâda mardi 25 novembre 2008 C’est dans sept mois que l’Algérie affrontera l’Egypte en éliminatoires combinées CAN-Mondial 2010, mais cette confrontation fait déjà parler d’elle, que ce soit chez nous ou sur les bords du Nil. La passion souvent exacerbée qui a caractérisé les précédents matches entre les deux sélections fait qu’il ne s’agit jamais de matches comme les autres. Hassan Shehata, l’entraîneur de l’Egypte, prêche l’apaisement afin d’éviter le pire, dit-il. Dans son bureau à la Fédération égyptienne de football, il nous a reçus avec une grande amabilité car, insiste-t-il, «les médias ont le devoir d’apaiser les esprits». Nous publions aujourd’hui la première partie de l’entretien qu’il nous a accordé.
    • A l’issue du tirage au sort pour les éliminatoires combinées pour la CAN-2010 et le Mondial 2010, quelle a été la première impression qui vous a traversé l’esprit ?
      Avant tout, je vous remercie de votre sollicitation pour cet entretien qui, je l’espère, me permettra de rester proche du lecteur algérien. Pour revenir à votre question, il faut que vous sachiez qu’avant le tirage au sort, j’avais déclaré que mon vœu le plus cher était de ne pas retrouver une sélection arabe dans la même poule, et ce, pour deux raisons. Primo, vous n’êtes pas sans ignorer la tension qui caractérise les confrontations entre des sélections arabes, surtout durant les éliminatoires de tournois importants comme celui de la Coupe du monde. Secundo, et c‘est le plus important, nous sommes cinq pays arabes concernés par les éliminatoires pour cinq poules et je me disais que si chacun d’eux se retrouvait dans une poule différente, les chances de voir plusieurs d’entre eux se qualifier seraient plus grandes. Je n’irai pas jusqu’à dire que les cinq se seraient qualifiés, mais il y en aurait peut-être eu un nombre intéressant. J’aurais préféré éviter la configuration où une sélection arabe en éliminerait une autre. L’important, à mes yeux, est la présence en force des Arabes en Coupe du monde.
    • Le tirage au sort a quand même mis l’Egypte et l’Algérie dans la même poule et cela focalise l’attention des observateurs au point d’oublier les deux autres sélections, la Zambie et le Rwanda. Ne croyez-vous pas que négliger les deux autres adversaires serait une erreur ?
      Affirmer que les staffs égyptien et algérien ne font pas cas de la Zambie et du Rwanda serait faux. Si c’est le cas, ce serait une grave erreur. Il s’agit de deux bonnes équipes. Certes, le Rwanda n’a pas de passé dans le football, mais ses performances durant la première phase des éliminatoires, où elle s’est qualifiée en deuxième position derrière le Maroc à la différence des buts, montrent qu’elle a le niveau. Il ne faut pas oublier aussi qu’il s’agit d’une équipe composée de joueurs professionnels évoluant en Europe. Franchement, si ont veut se qualifier à la Coupe du monde, il faut respecter tous nos adversaires dans la poule, quels que soient leur passé et leur palmarès.
    • Vous partagez donc la thèse selon laquelle la qualification se jouera sur les résultats des matches face au Rwanda et à la Zambie ?
      Je dirai plutôt que ce sera dur pour tout le monde. Les quatre sélections auront leurs chances. Je ne parlerai pas de l’Egypte car je n’aime pas parler de moi-même ; l’Algérie a un passé glorieux dans le football, surtout dans les campagnes de qualification pour la Coupe du monde, même si elle a connu un léger recul ces dernières années ; la Zambie était un grand de l’Afrique avant le tragique accident qui a coûté la vie à beaucoup de leurs joueurs, mais elle revient fort ces derniers temps ; le Rwanda n’est pas un nom, mais ses résultats plaident en sa faveur. Donc, ce sera vraiment très difficile pour les quatre et la différence se fera au plan de la préparation, la rigueur et la concentration, suivant la volonté de Dieu.
    • Lors de la double confrontation entre l’Algérie et l’Egypte, les Algériens seront motivés par le fait d’affronter le champion d’Afrique en titre, alors que les Egyptiens auront pour motivation d’effacer la défaite concédée à 11 contre 10 à Sousse en 2004. Lesquelles de ces deux motivations serait la plus forte ?
      Si les Algériens se mettent dans la tête de battre l’Egypte rien que parce que nous sommes champions d’Afrique pour la deuxième fois consécutive, c’est leur affaire. Moi, je ne pense pas du tout à la défaite de 2004. Mon seul souci est de faire qualifier l’Egypte pour la Coupe du monde. Je ne regarde pas derrière moi. Je ne le fais jamais. Je ne considère nullement la défaite de 2004 comme une source de motivation pour battre l’Algérie. Moi, je vise d’être en Coupe du monde, point. C’est normal qu’entre deux sélections qui se rencontrent souvent, il y ait des victoires et des défaites, mais la finalité pour nous, et je crois que c’est le cas aussi pour les Algériens, est d’être présents au Mondial 2010.
    • Comment évaluez-vous la sélection algérienne actuelle ? Que savez-vous d’elle ?
      Rien de ce qui touche à la sélection algérienne ne m’est étranger, tout comme je suis persuadé que rien de ce qui concerne l’équipe égyptienne n’est étranger au sélectionneur de l’Algérie. Nous sommes en train de réunir des informations et de nous procurer des cassettes de matches de l’Algérie afin d’en savoir le plus possible sur les points forts et les points faibles de notre concurrent. Je dis concurrent car je n’aime pas utiliser le vocable «adversaire» lorsqu’il s’agit d’un pays frère. Je peux dire que l’Algérie a des joueurs de valeur évoluant en Europe, plus spécialement en France. Je ne peux pas vous en dire plus. Bien sûr, nous assistons de part et d’autre à ce qui peut être considéré comme une guerre psychologique. Ce n’est pas une guerre à proprement parler et elle ne le sera jamais, mais juste des déclarations susceptibles d’influer sur l’adversaire et ce n’est guère méchant. Cela se fait dans tous les matches.
    • Quels sont les joueurs algériens que vous connaissez particulièrement ?
      Je ne peux pas vous le dire car je ne veux pas révéler mes observations sur la sélection algérienne. Mais soyez certain que j’ai des fiches de chaque joueur.
    • Nous ne vous demandons pas de nous brosser le profil des joueurs mais juste de nous dire qui d’entre eux vous connaissez le plus…
      Tout ce que je peux vous dire, c’est que vous avez 7 ou 8 joueurs évoluant en Europe, dont la moitié en France, et nous les suivons tous.
    • Puisque vous ne voulez pas nous parler des internationaux actuels, parlez-nous des anciens : Madjer, Belloumi, Dahleb, Mekhloufi…
      Notre génération, celle des années 1970, admirait sa devancière, celle des années 1960, et la prenait comme modèle. L’Algérie, pour sa part, tient en sa génération des années 1970 l’âge d’or de son football. Il y avait Madjer, Belloumi et aussi un ailer droit ou gauche très percutant dont j’ai oublié le nom…
    • Rabah Gamouh ?
      Non, c’est un autre.
    • Salah Assad ?
      Voilà, c’était Assad ! Je l’admirais beaucoup, celui-là. Cette génération n’a pas sa pareille. Dans chaque compartiment, il y avait l’embarras du choix et on ne pouvait pas dégager une star tellement tous les joueurs étaient excellents. Notre génération aussi en Egypte était formée de très bons joueurs, même si elle n’avait pas réalisé des résultats car elle a eu le malheur de vivre une période politique faite de guerres et de boycotts. Celle de la Tunisie également avec les Diab, Temmim et autres Attouga. Idem pour le Maroc. Les années 1970 constituaient l’âge d’or du football nord-africain. Je ne crois pas qu’il y aura d’autres générations avec des joueurs aussi doués. Figurez-vous, par exemple, que l’Egypte était capable d’aligner trois sélections en même temps. Il y a eu une année où, presque simultanément, il y eut une sélection qui participait à la Coupe de la Palestine en Tunisie, une autre au Tournoi de l’Amitié en Arabie Saoudite et troisième à un autre tournoi à Kénitra.

  • #2
    «En 1975, l’Algérie nous avait battus à Alger en arrosant le terrain»
    «J’avais marqué à Attouga un but du centre du terrain»
    «Abou Trika a sa manière à lui d’exprimer son soutien aux Palestiniens et nous avons la nôtre»
    • Avez-vous des souvenirs de matches joués contre l’Algérie du temps où vous étiez joueur ?
      Je n’ai pas joué beaucoup contre l’Algérie. Je me souviens avoir joué lors des Jeux méditerranéens d’Alger, en 1975. Je me souviens même que, durant ce match-là, j’avais remplacé notre gardien de but Ikrami dans les cages. Ce dernier s’était blessé après avoir encaissé un but et comme le seul changement réglementaire à l’époque avait été effectué, c’est moi qui l’avais remplacé jusqu’à la fin du match. Je me rappelle également que nous avions joué sur le grand stade d’Alger (le stade du 5-Juillet, ndlr) qui, l’époque, était revêtu de tartan. Comme les Algériens savaient très bien que les Egyptiens n’étaient pas habitués aux terrains glissants, ils avaient arrosé le tartan d’eau, si bien que nous avions l’impression de jouer sur du savon. Ils l’avaient fait pour se donner un avantage et nous ne leur en avons pas tenu rigueur.
    • C’était, en quelque sorte, une ruse de guerre ?
      Je n’aime pas ces termes belliqueux. Moi, je ne veux pas attiser la tension. Les médias doivent, par la plume et l’image, calmer les esprits et dépassionner ces confrontations. Il y a eu beaucoup d’incidents durant les matches entre les deux pays et il est temps de tourner la page, que ce soit du côté égyptien ou du côté algérien. Il faut que les choses se passent dans le fair-play sur et en dehors du terrain. Le football est fait pour rapprocher les peuples, pas pour les éloigner les uns des autres. Je considère que les médias égyptiens et algériens ont la lourde tâche de faire en sorte que les matches à Alger et au Caire se passent dans les meilleures conditions possibles et je militerai pour cela.
    • Vous rappelez-vous de la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1987 entre le FC Porto et le Bayern Munich ?
      Non. 1987, ça remonte à trop loin et je n’ai pas une bonne mémoire. Déjà, je ne me rappelle pas de ce que j’ai mangé ce matin (rire)…
    • Pourtant, c’était la finale qui a vu le premier arabe, Rabah Madjer, remporter cette prestigieuse compétition, de surcroît en inscrivant un but légendaire du talon…
      Ce but de Madjer est entré dans les annales du football et il ne s’oublie pas, tout comme le but inscrit par Mahmoud Al Khatib contre la Tunisie au Cairo Stadium, lorsqu’il avait dribblé un adversaire avec le talon avant de marquer, ou encore le but que j’avais inscrit à Attouga en Tunisie, en éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations. J’avais marqué ce jour-là un but qui restera dans les mémoires : j’ai battu Attouga d’un tir du pied droit du milieu du terrain, je dis bien du milieu du terrain. Le match s’est terminé par une victoire des Tunisiens 3-2. Demandez à Attouga, que Dieu lui prête longue vie, quel est le but le plus difficile qu’il ait encaissé et il vous dira que c’est celui de Hassan Shehata. Malheureusement, à l’époque, la vidéo n’était pas populaire en Egypte et les gens n’enregistraient pas les matches pour la postérité. Figurez-vous que j’ai été le premier à avoir introduit la vidéo en Egypte. C’était en 1980, avec beaucoup de retard. De nos jours, les footballeurs sont plus chanceux car l’audiovisuel s’est développé et leurs performances sont conservées pour l’Histoire. A notre époque, les matches joués à l’extérieur n’étaient même pas retransmis et c’était un handicap. C’est ce qui me fait dire, en connaissance de cause et pour avoir vu mes adversaires sur le terrain, que la génération des années 70 de tous les pays d’Afrique du Nord est la meilleure.
    • Que pensez-vous du phénomène de l’avènement de stars d’origine maghrébine dans des sélections européennes ?
      C’est un phénomène qui touche surtout les pays anciennement colonisés par la France, à savoir le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. C’est évidemment négatif car ce sont des enfants de ce pays qui servent d’autres pays, mais on ne peut pas leur en vouloir car ils ont grandi là-bas. C’est la conséquence de l’émigration massive. Cela dit, ils ne pourront jamais changer leur culture, ne serait-ce que du fait de la connotation arabe de leurs noms. Pour moi, Zinédine Zidane est un Algérien.
    • Cela dit, ce phénomène ne touche pas seulement la France puisque la sélection des Pays-Bas compte deux joueurs d’origine marocaine, Boulahrouz et Affelay…
      Certes, mais je persiste à croire que c’est en France que le problème est plus sérieux et plus grave.
    • Que diriez-vous de ceux qui sont formés en France, mais qui choisissent finalement leurs pays d’origine ?
      C’est positif. C’est un retour aux sources qui ne peut que servir les sélections arabes. Cela démontre que ces joueurs-là, même nés et vivant en Europe, ne sont pas déracinés.
    • Le coup de boule qu’avait donné Zidane à Materazzi en finale de Coupe du monde parce que l’Italien avait insulté sa sœur est-il la preuve qu’on a beau changer de nationalité, on ne change pas pour autant ses valeurs ?
      Tout à fait. Personnellement, et je pense que c’était l’avis au départ de beaucoup d’Egyptiens, j’ai trouvé le coup de boule de Zidane pas du tout fair-play et j’en étais déçu car un grand joueur comme lui, sans doute le meilleur du monde, ne doit pas céder à l’énervement. Cependant, lorsque Materazzi a fait ses aveux et a présenté ses excuses à Zidane en affirmant avoir insulté sa sœur, nous avons été fiers de son geste qui dénote d’une dignité, d’un honneur et d’un amour-propre caractéristiques de l’Algérien en particulier et de l’Arabe en général.
    • Savez-vous que beaucoup d’Algériens ont été en symbiose avec l’Egypte après sa victoire en finale de la CAN-2008 au Ghana ?
      Oui, nous avons eu écho de cela. Nous avons des enregistrements de toutes les manifestations de joie ayant suivi ce sacre dans tous les pays arabes et même aux Etats-Unis. Je crois que c’est tout à fait naturel car l’Egypte a unifié tous les Arabes. Même en Egypte, lorsqu’un pays arabe réalise des performances, nous sommes heureux. En 1982, lorsque la RFA et l’Autriche avaient arrangé leur match pour éliminer l’Algérie, vous croyez que les Egyptiens n’avaient pas réagi ? Ils étaient en colère et avaient soutenu fortement l’Algérie en dénonçant cette odieuse combine. L’Egypte a toujours soutenu tout pays frère qui représente la nation arabe dans des compétitions internationales. En fait, les tensions surviennent uniquement lorsque ces sélections jouent entre elles et c’est ce que nous nous attelons à éviter pour les prochaines confrontations.
    • Abou Trika, de par ses positions en faveur de la Palestine, jouit d’une grande estime auprès du public algérien. Le saviez-vous ?
      Abou Trika jouit de l’estime de tout le peuple arabe. Il a une manière particulière d’exprimer sa joie et ses opinions, comme il l’avait fait en exhibant un message de soutien aux Palestiniens durant la CAN-2008. En fait, il n’est pas le seul, mais la différence est que nous autres exprimons nos opinions par d’autres moyens. Chacun de nous exprime ses sentiments envers ses frères arabes à sa manière, que ce soit en Palestine ou en Algérie.
    • Un mot au public algérien ?
      Je sais que c’est un public qui adore le football, mais nous n’aimerions pas qu’un match de football soit le prétexte pour qu’il donne de lui une image qui n’est pas conforme à son sens légendaire de l’hospitalité. Nous aimerions que tout se passe bien que ce soit en Algérie ou en Egypte, dans un esprit de fraternité et de fair-play entre public qui ont en commun l’amour du beau football.
      Entretien réalisé au Caire par
      Farid Aït Saâda
    Il dénonce le complexe des entraîneurs européens
    L’Algérie et l’Egypte s’affronteront avec à la tête de chacune des deux sélections un entraîneur local. Rabah Saadane et Hassan Shehata, de surcroît, ont remporté des titres au plan continental, ce qui accrédite la thèse de l’existence de réelles compétences au plan continental, selon Shehata. «Il y a eu un séminaire après la CAN-2008 regroupant des entraîneurs et sélectionneurs étrangers. Il y avait, entre autres, Roger Lemerre, Otto Pfister et Claude Le Roy. Au cours de ma communication, je les ai interpellés en leur disant : “Pourquoi auriez-vous le droit de venir travailler en Afrique alors que nous, entraîneurs africains, on n’aurait pas ce droit ? Qu’avez-vous de plus que nous ? Qu’avez-vous gagné de plus que nous ? Rien !“ J’étais en colère et outré car certains européens nous regardent de haut.» Et d’ajouter : «En Egypte, toutes les grandes réalisations ont été faites avec des compétences locales. Je suppose que c’est également le cas en Algérie. Alors, je dis : arrêtons d’être complexés devant les étrangers !»
    Cherche match en janvier désespérément
    Le staff technique égyptien aimerait organiser, au mois de janvier, un match amical contre la Tunisie ou la Libyle, dont le jeu est similaire à celui pratiqué par l’Algérie. Or, il n’y a aucune date FIFA durant ce mois, ce qui risque de compromettre l’organisation d’un tel match puisque les clubs européens n’accepteront pas de libérer leurs joueurs. Si cela ne posera pas de problème aux Egyptiens, eux dont l’ossature est constituée de joueurs locaux, ce ne serait pas le cas de la Tunisie qui compte de nombreux internationaux tunisiens évoluant en Europe. Il sera donc difficile pour Shehata de programmer un match face à une sélection maghrébine.

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