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Ceci n'est pas un livre

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  • Ceci n'est pas un livre

    Je n'ai pas resisté à l'envie de vous faire partager des extraits d'un texte publié par le Monde diplomatique de ce mois-ci.

    IL est d'une auteure serbe vivant en exil et paraît dans un recueil intitulé :
    Ceci n’est pas un livre, par Dubravka Ugresic publié chez Fayard en cette rentrée.
    Il parait que ce livre (puisque s'en est un ;-)) est un véritable trésor !...©benfodil

    J'avoue ne pas avoir coupé grand chose...


    ***********

    Les femmes, le tabac et la littérature

    Dans un vieux film soviétique, Le Quarante et unième, inspiré du roman de Boris Lavreni, paru sous le même titre, il y a une scène qui m’interpelle. Le film raconte l’histoire d’une jeune et courageuse soldate de l’Armée rouge qui a capturé un ennemi, un séduisant officier de la Garde blanche. Ils sont là dans une cabane en plein désert, attendant le retour de l’unité de la jeune femme. La soldate de l’Armée rouge, dont le grand cœur est réfractaire au dogmatisme, tombe amoureuse de son charmant ennemi idéologique. A un moment, le papier à cigarettes vient à manquer à son compagnon. Généreusement, elle donne à son prisonnier le seul objet précieux qu’elle possède : un modeste carnet où elle a consigné des vers. L’officier blanc roule son tabac dans la poésie de la soldate et la fait insolemment partir en fumée, sous les yeux médusés des spectateurs, et cela jusqu’à la dernière ligne.

    Pouvons-nous imaginer la situation contraire ? Non. Car la scène en question aussi touchante et naïve soit-elle, représente bien plus qu’une scène de cinéma : c’est le résumé métaphorique de l’histoire des lettres féminines, du rapport des femmes à leur propre créativité, ainsi que du rapport des hommes à la créativité de leur compagnes.

    Tout au long de l’histoire, les hommes ont réduit en cendres les aspirations littéraires des femmes, et les femmes se sont sacrifiées pour les belles lettres. De nombreuses littératures, aux moments les plus sombres de leur histoire, ne se sont pourtant maintenues que grâce aux femmes. Souvenons-nous par exemple de Nadejda Mandelstam, qui mémorisait obstinément les vers d’Ossip. Elle a ainsi sauvé de nombreux poèmes de son époux en dépit du fait qu’au même moment le puissant doigt de Staline appuyait sur la touche Suppr.

    Souvenons-nous...

    [...]

    Tout au long de l’histoire, les femmes ont été des lectrices, de petites mouches se laissant prendre à l’hameçon de l’écrit ; les femmes se sont toujours rangées du côté du public. Ainsi, dans la petite littérature croate du XIXe siècle, les écrivains hommes ont-ils dû les convaincre de cesser de lire en allemand, car personne d’autre ne les lisait, eux, les auteurs du cru. « Un patriote ne peut qu’avoir le cœur serré quand il entend dire que les filles, non seulement de bonnes maisons, mais aussi des gens ordinaires, se gaussent de la langue nationale. » Et les lectrices croates, femmes au grand cœur, les prenant en pitié, se sont mises à les lire en baillant d’ennui...

    [...]

    Revenons à notre propos initial, et disons que l’histoire des femmes, des livres et de la fumée est une et indivisible, j’allais dire commune. Seuls les livres et les femmes ont brûlé sur les bûchers de l’Inquisition. Les hommes n’ont joué statistiquement qu’un rôle négligeable dans les cendres de l’histoire. Les sorcières (femmes instruites) et les livres (sources de connaissance et de plaisir) ont été proclamés, chaque fois que cela s’est révélé nécessaire dans l’histoire de l’humanité, œuvres de Satan*. Et la boucle fut bouclée par le suicide métaphorique de Sylvia Plath, qui a mis fin à ses jours en enfonçant sa tête dans le crématoire domestique, le four, souvenir de l’enfer.



    Mais évoquons, pour achever cette triste histoire, un exemple plus gai, russe à nouveau. Une maman moscovite était très inquiète pour son fils, sans raisons : celui-ci était un excellent élève, amateur de littérature idolâtrant Pouchkine, etc. Pourtant, cette mère redoutait qu’il se drogue, mal suprême à ses yeux, aussi fouillait-elle régulièrement ses poches. Elle finit par trouver ce qu’elle cherchait : un petit morceau de substance brun foncé, soigneusement enveloppé dans du papier alu. Au lieu de détruire sa funeste découverte, la brave femme préféra tester sur elle-même les effets de la drogue. Bien que n’ayant aucune expérience en ce domaine, elle parvint tant bien que mal à se rouler un joint. L’apparition de son fils dans l’encadrement de la porte l’arracha à la douce torpeur qu’elle commençait déjà à éprouver.

    - Où est ma petite motte ? s’écria-t-il ?

    - Je l’ai fumé, lui répondit-elle allègrement.

    Cette petite motte n’était pas du haschich, comme sa mère l’avait cru, mais de la terre provenant prétendument de la tombe de Pouchkine, relique sacrée aux yeux du fils. La brave femme avait donc fumé Pouchkine, vengeant sans le savoir la généreuse soldate de l’Armée rouge dont un bellâtre avait transformé les vers en cendres. Cette anonyme a peut-être à son insu tourné une nouvelle page, révolutionnaire, de l’histoire de la littérature. Peut-être, je précise bien. Quoi qu’il en soit, merci à elle !



    *Dans le film américain de Taylor Hackford, l’Associé du diable, la représentation moderne de Satan est fort intéressante. En effet le diable (Al Pacino) et ses suivantes se reconnaissent à deux détails importants : ils fument (plus personne ne fume en Amérique hormis ceux qui sont sous l’emprise des forces impures) et parlent couramment des langues étrangères (les gens instruits sont également sous l’emprise des forces impures !).

    Dernière modification par Virginie, 23 septembre 2005, 16h11.

  • #2
    virgine

    mon livre que j'ai lu n'a rien à voir avec le tien mais ça parle un peu du féminisme
    je ne me rapelle plus du bouquin mais ça parlait de l'avortement en France à l'époque où c'était interdit
    les femmes trompaient leurs maris qui étaient en guerre
    mais par malheur elles tombaient enceinte
    des femmes se faisaient avorter clandestinement
    je crois que le produit qui favorisait l'avortement était à base de savon et d'eau chaude
    certaines étaient condamnées à purger leur peine en prison dès qu'elles étaient atrappées en flagrant délit
    " Le savoir que l'on ne complète pas chaque jour diminue tous les jours. "
    Proverbe Chinois

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