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Pakistan- L'ISI ne fait plus de politique

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  • Pakistan- L'ISI ne fait plus de politique

    Souvent montrés du doigt, les services de renseignements tentent de se racheter une conduite. La décision de supprimer leur département politique est une nouvelle preuve de leur mise au pas.

    L'armée vient de faire un pas de plus sur la voie de son désengagement de la vie politique, en annonçant le démantèlement du département politique des services de renseignements militaires (ISI). Les militaires sont en phase de repli sur la scène politique pratiquement depuis la nomination du général Kayani au poste de chef d'état-major en octobre 2007. Il avait été précédemment directeur général de l'ISI. Le ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi, a fait savoir que l'ISI se concentrerait dorénavant sur les opérations de lutte antiterroriste et ne s'intéresserait plus à la vie privée de personnalités ou à la manipulation d'élections et de partis politiques.

    Le département politique de l'ISI a joué un rôle crucial à la fois sous Musharraf et dans les décennies qui ont précédé son régime. D'aucuns ont dit, et beaucoup le pensent encore, que l'ISI était devenu ingérable, un véritable Etat dans l'Etat, qui ne rendait de compte ni au président ni au Premier ministre. L'argument selon lequel les services de renseignements, y compris dans les pays démocratiques, sont parfois amenés à agir à la lisière de la légalité, ne tient pas vraiment quand on étudie l'histoire d'un peu plus près. Quoi qu'il en soit, dans n'importe quelle démocratie, les services doivent opérer sous le contrôle du gouvernement civil. Et ils doivent rendre des comptes au pouvoir législatif.

    Personne ou presque n'a oublié la boucherie qu'a été Karachi tout au long des années 1990. A l'époque, on soupçonnait l'ISI, pour contrer l'influence grandissante du Muttahida Qaumi Movement (MQM, Mouvement national uni, parti particulièrement bien implanté à Karachi), d'avoir fomenté une scission au sein du mouvement islamiste, rupture aux conséquences sanglantes dont les répercussions sont encore sensibles dans la vie politique de la ville aujourd'hui. On l'a aussi accusé d'être impliqué dans l'assassinat en 1985 de Shahnawaz Bhutto, frère de Benazir, afin de la dissuader de revenir au Pakistan. Depuis longtemps, les Etats-Unis soupçonnent l'ISI de pencher en faveur des partis religieux, et estiment que ses rangs grouillent littéralement de gens qui sont loin d'être des libéraux et soutiennent secrètement des éléments extrémistes dans le pays.

    Nous ne saurons jamais combien de "disparus" se sont volatilisés dans les "refuges" de l'ISI. Nous ne saurons pas non plus si les renseignements que lui transmettent d'autres pays sont ensuite transmis à des terroristes recherchés qui peuvent ainsi s'échapper. Si beaucoup d'informations risquent donc de continuer à nous être inaccessibles, si l'on peut déplorer ou remettre en question un grand nombre de choses, force est de reconnaître que nous avons plus que jamais besoin d'un service de renseignement et de lutte antiterroriste efficace. Un service qui doit être à l'écart du monde politique. On peut considérer le démantèlement du département politique de l'ISI et la réaffectation de son personnel à "d'autres missions" comme le résultat d'un processus de normalisation, un réalignement des priorités et une utilisation plus appropriée des ressources. Mais nous aurions tort de croire que l'ISI va se désintéresser définitivement des affaires politiques du pays.
    The News.
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