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La consécration de Yasmina Khadra

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  • La consécration de Yasmina Khadra

    “Ma vraie consécration reste le soutien et les encouragements des lecteurs.”
    Le célèbre auteur algérien de Morituri ou encore de A quoi rêvent les loups, Yasmina Khadra, vient de recevoir une nouvelle distinction pour son dernier roman Ce que le jour doit à la nuit. Celle du meilleur livre de l’année par le magazine littéraire Lire et RTL

    Après le Prix France Télévisions, voici un autre. Celui du meilleur livre de l’année élu par Lire et RTL pour votre nouveau roman Ce que le jour doit à la nuit. Une consécration...C’est votre année...

    YK : Une interprétation hâtive de certains journalistes a déplacé mes propos de leur véritable contexte. Je n’ai pas réclamé de prix. J’ai dénoncé l’attitude expéditive, arbitraire et injuste des Grands Jurys littéraires à mon encontre. Il s’agit d’un triste constat, d’une réalité déplorable que je condamne. Une manière, pour moi, de savoir dans quel milieu j’évolue. Minimiser une oeuvre que la majorité des critiques salue est une malveillance crasse. Je signale que je n’ai pas écrit dans la presse pour protester. Un journaliste m’a invité à réagir sur l’ostracisme qui me frappe par endroits, et j’ai répondu. D’autres n’auraient pas osé se mettre à dos ces "prestigieuses" institutions que tout le monde décrie en privé. Si je voulais un Grand prix, j’aurais changé d’éditeur pour Gallimard, Grasset ou le Seuil. En restant chez Julliard, je prouve que je ne suis pas prêt à tout pour décrocher des distinctions. Pourtant, ce ne sont pas les propositions qui manquent. Il y a une malhonnêteté intellectuelle qui veut faire des écrivains maghrébins des dissidents invétérés. Pour Paris, pour être crédibles, il faut s’inscrire dans la dissidence, et qu’importe le ridicule. On n’a pas le droit d’être des romanciers, et le talent n’est pas obligatoirement un critère de reconnaissance. Nous devons, nous les Maghrébins, nous enfermer dans la protestation et la dénonciation radicale. C’est une case qui me déplaît. Elle m’étoufferait telle une camisole de force. Je suis Algérien, et je sers mon pays. Parce que je suis libre, je fais ce que ma conscience me suggère. Il est important, pour moi, d’écrire sans contrainte et sans calculs. Cependant, la vraie reconnaissance est le lectorat. J’ai la chance d’en avoir, et la chance d’être défendu par la critique et les libraires. Ce qui est rassurant, en France, c’est de voir le diktat des Grands Jurys supplanté par d’autres organismes littéraires. Etre élu Meilleur livre de l’année 2008 est une cinglante riposte au despotisme du petit milieu littéraire parisianiste. Depuis toujours, ce milieu refuse de distinguer les Algériens. De Mouloud Mammeri à Boudjedra, en passant par Dib, Kateb et Rachid Mimouni. Je ne suis que la prolongation d’une hostilité viscérale et chimérique qui ne veut pas s’assagir.

    Une reconnaissance pour un Maghrébin. Est-ce facile d’être salué par vos pairs ?

    YK : Je crois qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans un même sac. Les gens raisonnables existent un peu partout. Le discernement s’accroche, malgré la paranoïa ambiante. Ce qu’il faut retenir est de ne pas trop s’attarder sur les aigreurs et frustrations que la réussite déclenche chez certains. Je suis désolé de susciter, par moments, des haines. J’ignore sincèrement où se situe la blessure. Un écrivain doit se concentrer sur son travail. Le reste, la consécration comme la diffamation, lui échappe.

    Les Prix prix littéraires sont-ils sélectifs en France ?

    YK : Tout à fait. Apparemment, les critiques ne semblent pas exercer une quelque influence sur les sélections qui sont faites de façon superficielle, basée sur la rumeur et l’affectif. Mais cela reste le problème des Jurys. Et ces Jurys sont chez eux, libres de leur choix et de leur décision. Nous avons juste le droit de ne pas être d’accord. C’est à nous, Algériens, de défendre nos valeurs, nos talents et nos aspirations. Or, nous nous contentons d’observer les exclusions qui nous frappent avec une stupéfiante passivité, lorsque nous ne contribuons pas à les entretenir. Nous avons un devoir envers chacun d’entre nous, envers notre pays, nos Arts et lettres. Se réjouir d’une traversée de désert, d’une diabolisation systématique, d’une contestation déraisonnable, c’est faire le jeu de ceux qui n’ont de cesse de nous dresser les uns contres les autres. Regardez de quelle manière on nous manipule sur les éditoriaux en ligne. Il suffit de citer un nom, en lui attribuant des propos délirants, pour que d’un coup les invectives et les niaiseries les plus abracadabrantesques se déchaînent. Et nous revoilà plongés dans la schizophrénie. Au lieu d’observer un minimum de retenue, d’essayer de comprendre de quoi il retourne au juste, de se méfier de ce qu’on nous jette en pâtures, on se laisse aller à des fabulations et des situations à la limite de l’intenable. Çà va durer jusqu’à quand ? Quand allons-nous cesser de nous donner en spectacle, de privilégier les clichés au détriment des vérités ? Et l’on se demande pourquoi nous demeurons à la traîne. Comment veut-on évoluer si nous restons les otages de notre cécité ? J’estime qu’il est grand temps de recouvrer un semblant de lucidité, et un minimum de dignité. Les gens ne sont pas dupes. Ils lisent et savent à qui ils ont à faire. Le livre est le miroir de l’âme. Il nous apprend plus sur nous-mêmes que sur les situations qu’ils racontent. Quelqu’un qui ne sait pas déceler l’authenticité ou la filouterie d’un auteur à travers le livre ne sait pas lire. On peut mentir dans un texte, mais on ne peut pas tricher. La sincérité et la mauvaise foi transparaissent nettement au fil des pages. Il suffit d’être honnête avec soi pour tout voir et tout décortiquer.

    Votre trait cursif obéit-il à un format ou formatage imposé par l’éditeur ?

    YK : Mon éditeur est le premier surpris par l’objet de mes textes. J’écris en fonction de ce qui m’interpelle, me tient à coeur. Autrement, je n’aurais pas conservé mon lectorat. Jamais je n’ai reçu la moindre suggestion. Mon éditeur est confiant. Il sait le sérieux que je m’impose et comprend que la seule façon d’être à la hauteur est de prendre à bras le corps ce qui sied à mon âme.

    Cependant, la vraie consécration n’est-t-elle pas celle de l’adaptation de votre roman L’Attentat au cinéma par Hollywood ?

    YK : Pas obligatoirement. C’est une excellente chose, mais ma vraie consécration reste le soutien et les encouragements des lecteurs.

    Comment Ce que le jour doit à la nuit s’est-il distingué par analogie avec vos autres oeuvres ? Une écriture plus affinée, universelle et emplie de valeurs cardinales...Et puis, le retour à l’Algérie( après l’Afghanistan, Palestine...)

    YK : Ce roman m’importait et compte plus que tous les autres. Il est ce regard que j’ai toujours voulu porter sur mon pays. Une façon de dire d’où nous venons, ce que nous fûmes, tous les chemins de croix que notre peuple a empruntés, et pourquoi nous n’avons pas le droit d’échouer piteusement maintenant que nous sommes les seuls à décider de notre sort. J’ai voulu aussi saluer une Mémoire traumatisée, cicatriser des plaies qui sont restées ouvertes, atténuer les rancœurs et voir de quelle manière permettre aux générations de demain d’aller sereinement vers leur destinée. J’ai raconté cette partie de l’histoire avec fidélité, sans parti pris et sans animosité, rendant justice aux victimes des deux bords sans remettre en question la guerre qui a conduit à notre libération. Et je suis content de constater que ce roman a touché les Algériens des deux rives. En ces temps de graves malentendus, alors que l’humanité s’achemine vers des lendemains inquiétants, il devient impératif de museler les canons et de laisser entendre des voix salutaires. Notre vie a été gâchée, nos chances torpillées, nos rêves dévastés, mais il nous reste l’infime espoir de sauver celle de nos enfants, d’où la nécessité d’observer un temps mort afin d’établir l’inventaire du gâchis et le bilan de nos méfaits et d’essayer de rectifier le tir que nous excellons à orienter sur nous-mêmes et sur les meilleurs d’entre nous.

    Par K. Smaïl
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

  • #2
    Encore un prix pour Khadra amplement mérité pour son talent.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      J'ai commencé, ce matin, à lire Ce que le jour doit à la nuit. Je suis à la page 38 et je retrouve avec grand plaisir le Khadra de Cousine K.
      J'ai déjà noté une métaphore fautive, une deuxième. Je lui écrirai pour lui en faire part.
      Je suis à l'introduction que je trouve un peu facile, un peu à la Steinbek sans avoir la fluidité littéraire de cet autre grand écrivain.
      Mais c'est excellent...

      Je reviendrai quand j'aurais fini le bouquin.


      Bravo Mohamed. Tu es fameux !...

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      • #4
        un peu à la Steinbek


        héhéhé no comment

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        • #5
          Oui si Zyriab el Eulmi, L'intro avec les champs qui brulent, la récolte qui se perd, les créanciers qui prennent la terre, m'a rappelé l'intro des Raisins de la Colère. Le parallèle s'arrête là...
          Je suis rendu à la page 100, j'aime toujours mais Khadra me déçoit..Je déchante peu à peu...
          Je ne sais pour quelle raison, Khadra est allé convoquer Lella Fatma pour en faire l'ancêtre de son héros, ni pourquoi Messali Haj se retrouve dans la pharmacie du père. C'est trop...Et je n'aime pas du tout.
          Le héros, un mioche de 8 à 9 ans ( pour le moment), un Arabe rural, parle comme un livre. Le père est carrément anachronique, en 1940, il parle comme il vivait dans notre temps.

          Mais j'aime toujours...

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          • #6
            Après avoir lu de lui l'Attentat qui n'ai que propagande du sionisme j'ai coupé avec cet écrivain, et je le critique pas mais je n'est plus de respect pour quelqu'un comme lui.
            Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

            J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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            • #7
              En parlant de Steinbek !
              Voilà qu'en page 160, ce géant est convoqué aussi à Oran dans le rôle de journaliste reporter suivant le débarquement américain de 42 dans cette ville...
              Ca commence à*faire trop de monde, Khadra !

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              • #8
                Je suis rendu à la page 100, j'aime toujours mais Khadra me déçoit..Je déchante peu à peu...
                Je ne sais pour quelle raison, Khadra est allé convoquer Lella Fatma pour en faire l'ancêtre de son héros, ni pourquoi Messali Haj se retrouve dans la pharmacie du père. C'est trop...Et je n'aime pas du tout.
                Le héros, un mioche de 8 à 9 ans ( pour le moment), un Arabe rural, parle comme un livre. Le père est carrément anachronique, en 1940, il parle comme il vivait dans notre temps.
                Je suis émue, je suis touché.... Bachi, je suis d'accord avec toi... vraiment là on parle de Khadra et je suis d'accord.

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                • #9
                  Tu vois !...
                  Je reste impartial !

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                  • #10
                    Resterons-nous d'accord à dire que lemot "consécration" pour ce roman est un peu fort?

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                    • #11
                      Je te répondrai quand je l'aurais terminé...
                      Je ne suis qu'à la moitié...

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                      • #12
                        WAit and see

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                        • #13
                          Il a cessé de convoquer les grands noms et c'est tant mieux.
                          J'ai cessé de lire Benjelloun depuis qu'il a commencé à convoquer ses Abdelkader, ses Moulays et ses philosophes.
                          Albert Camus puis de Gaulle furent cités mais pas comme des personnages du roman, el hamdou lillah !
                          Il y a quelque chose que je ne peux dire qui fait que je n'ai pas trop aimé. Peut-être parce que ce roman n'est pas vraiment algérien? mais pieds noirs, pieds noirs du temps de l'Algérie française et non pieds noirs actuels. La culture, en tous les cas, est franchement pieds noirs, les personnages le sont tous, incluant le héros plus Jonas que Younès. Je pense que Khadra leur fait la part belle. Effet d'Aix en Provence?...

                          On sent tout de même la nuit algérienne, la condition de terrible misère que les autochtones vivent. Le mépris de la France, des pieds noirs envers l'Arabe. On sent nettement le colonisé piétiné mais Khadra trouve certaines justifications, excuse presque l'attitude du pied noir. Cherche trop à être compréhensif.
                          C'est pour cette raison, pour cet excessif humanisme que l'Occident aimera ce roman.
                          Dernière modification par Bachi, 04 décembre 2008, 15h02.

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                          • #14
                            Eh beh! Bachi...

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                            • #15
                              Bachi

                              @ Bachi :

                              C'est le même cas avec l'Attentat
                              Dernière modification par djamal 2008, 05 décembre 2008, 11h28.
                              Ask not what your country can do for you, but ask what you can do for your country.

                              J.F.Kennedy, inspired by Gibran K. Gibran.

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