...et les voies et moyens pour son développement.
Mohammed Larbi Khattabi
1ère partie
Signification et étymologie
Le terme arabe "thakàfa" a pour étymologie le verbe "thakifa", verbe transitif qui signifie maîtriser une chose, la comprendre, l'appréhender, l'apprendre vite. Le substantif "muthakkaf" a le sens de éveillé, adroit. Il signifie selon le dictionnaire de "Lisàn al Arab" qu'il a une connaissance sûre de ce qu'il a besoin de comprendre.
Pour les langues européennes, le terme "culture" a pour origine étymologique "culture" qui signifie travail agricole du sol, terme dont le sens a évolué à travers le temps pour signifier par extension cultiver l'esprit, lui apporter ce qui lui est utile, ce qui développe ses facultés et, par conséquent, éduque le bon goût, affine les sens, et apure le jugement par des exercices intellectuels appropriés.
Le Dr. Roustan écrit ceci : "Le savoir est la condition de la culture, il "n'en est pas la condition suffisante... C'est surtout à la qualité de "l'esprit- "que l'on songe quand on prononce le mot culture, à la qualité du jugement et du sentiment..."(1)
La signification anglo-saxonne du mot culture est presque similaire au sens donné au terme civilisation.
Encyclopédia Britannica a inséré le mot culture sous la même rubrique que le mot civilisation, pour préciser que la culture est un mode de vie mené par un groupe humain donné :
"La culture est le mode de vie d'une collectivité humaine. Elle couvre toutes les formes de comportement apprises et normalisées qu'utilise un membre de la collectivité et que d'autres membres attendent et reconnaissent. Prise dans une acception plus large, la culture se réfère aux modes de vie qui caractérisent tous les êtres humains et non les animaux".(2)
A la lumière des précédentes définitions, nous pouvons dire que la culture constitue une aspiration de l'homme, intellectuelle et affective, vers la réalisation de sa promotion, de son renouvellement et de sa transcendance. Elle est en même temps une qualité qui s'acquiert par l'exercice et l'initiation intellectuelle. La culture n'est possible que grâce à l'acquisition d'une masse de connaissances générales qui développent l'esprit et l'enrichissent dans le but d'amener les gens -individus et groupes- à se doter de qualités morales susceptibles d'élever le niveau de leurs connaissances et de leurs sentiments, et de leur permettre de pouvoir formuler des jugements justes et précis qui s'harmonisent avec la foi dans les idéaux de leur vie. De là, on peut comprendre que la diversité est -quelle qu'en soit la source- le trait caractéristique de la culture humaine.
Les éléments essentiels de la connaissance sans lesquels aucune culture n'est concevable et possible sont : la langue, les signes, les arts, les lettres, les sciences, les croyances religieuses, la philosophie, les valeurs sociales.
En plus de ces éléments, il faut considérer que le développement de la culture dépend en grande partie de l'esprit créatif de l'homme, que doit nourrir une imagination fertile, une large vision des choses de la vie, une aspiration toujours tendue vers des horizons toujours plus vastes, et une profonde réflexion sur les créatures et les phénomènes qui peuplent l'univers. Mais ce développement ne saurait se réaliser que dans un climat de liberté bien comprise, et conséquemment, de respect de la dignité humaine.
La culture islamique
Partant de là, le concept de culture islamique sous entend un ensemble de connaissances juridiques et jurisprudentielles, scientifiques, philosophiques, linguistiques, littéraires et artistiques nées, formées et développées au sein des pays musulmans. Le savoir musulman est caractérisé par une ouverture bien comprise sur les autres cultures humaines dans une interaction généreuse et fertile.
Il est à préciser à ce propos que la culture islamique s'est formée et développée grâce à la contribution des nations et de peuples de langues, de races et de coutumes sociales diverses. Cette contribution s'est bien sûr réalisée sous la bannière des valeurs spirituelles et morales de l'Islam.
Dans ce même sens, précisons également que la culture islamique a bénéficié de l'apport d'un certain nombre de chercheurs, théoriciens, et hommes de sciences non musulmans, particulièrement des chrétiens ayant vécu au sein de la Terre d'Islam et ayant apporté leur concours précieux à cette culture et à ce savoir islamique.
Développement : définition et portée
Le terme "tanmya" (développement) en langue arabe a pour étymologie le mot "numuw" qui signifie augmentation, extension, diffusion, développement.
Dans les langues européennes, "développement" a également -du point de vue linguistique- les mêmes connotations, sur le plan de la terminologie, contemporaine ; "développement" signifie un ensemble de moyens, étudiés et utilisés, mobilisés pour aboutir à des objectifs précis, selon un plan bien établi visant à relever la valeur matérielle et spirituelle de l'homme et à le doter des possibilités nécessaires à cette fin dans les divers plans socio-économique, culturel et scientifique, la finalité étant la participation active de l'homme au progrès humain de sa société, progrès fondée bien entendu sur la justice, l'égalité et l'équilibre des chances.
Sous cet angle là, le développement culturel qui nous intéresse ici n'est pas une simple quantité calculée en paramètres mathématiques ou géométriques. Il s'agit plutôt d'un programme planifié et bien conçu dont les résultats devront être qualitativement calculés et appréciés selon la valeur spirituelle qui en découle.
Autrement dit, ces calculs doivent conduire à la participation de chacun à l'effort de tous et permettre à tous de bénéficier également et selon les mérites de chacun des richesses de la culture et du savoir.
Un des autres objectifs du développement culturel consiste à réaliser les conditions appropriées pour susciter les potentialités créatrices chez l'homme aussi bien à partir du monde métaphysique que du monde réel. Il s'agit là, bien sûr, d'un des aspects les plus importants du développement, car sans cet aspect, la culture restera un simple ressassement de vieux modèles et un rebâchage ennuyeux de moules dépourvus de l'élément vecteur du développement.
Selon la conception que nous lui assignons ici, le développement est-une innovation de notre époque. C'est à partir de cette conception et à cette fin que s'édifient aujourd'hui les politiques des États, que sont mobilisés des investissements humains, financiers et techniques importants et que sont établis et mis en œuvre des plans et des programmes précis. Cela ne veut pas dire que cette notion de développement dans son sens général et positif était totalement absente des esprits des tenants de la culture islamiques et de ses premiers promoteurs au cours des siècles révolus. Nous n'en voulons pour preuve que le nombre impressionnant de mosquées, d'écoles et d'universités qui bénéficient de la diligence du pouvoir, et de l'intérêt que leur accordaient les particuliers et les communautés par le biais des biens de mainmorte et des investissements du trésor public. Les bibliothèques privées et publiques étaient largement répandues à travers le monde musulman. Les ouvrages scientifiques étaient partout disponibles grâce aux efforts soutenus des écrivains, des calligraphes et du public à la fois. Les diverses expressions artistiques bénéficiaient de la protection des autorités et des notables de l'État, telles la calligraphie, la décoration, la reliure, la musique, en plus de l'architecture dont les diverses expressions sont toujours présentes à nos yeux jusqu'à notre époque contemporaine.
Mohammed Larbi Khattabi
1ère partie
Signification et étymologie
Le terme arabe "thakàfa" a pour étymologie le verbe "thakifa", verbe transitif qui signifie maîtriser une chose, la comprendre, l'appréhender, l'apprendre vite. Le substantif "muthakkaf" a le sens de éveillé, adroit. Il signifie selon le dictionnaire de "Lisàn al Arab" qu'il a une connaissance sûre de ce qu'il a besoin de comprendre.
Pour les langues européennes, le terme "culture" a pour origine étymologique "culture" qui signifie travail agricole du sol, terme dont le sens a évolué à travers le temps pour signifier par extension cultiver l'esprit, lui apporter ce qui lui est utile, ce qui développe ses facultés et, par conséquent, éduque le bon goût, affine les sens, et apure le jugement par des exercices intellectuels appropriés.
Le Dr. Roustan écrit ceci : "Le savoir est la condition de la culture, il "n'en est pas la condition suffisante... C'est surtout à la qualité de "l'esprit- "que l'on songe quand on prononce le mot culture, à la qualité du jugement et du sentiment..."(1)
La signification anglo-saxonne du mot culture est presque similaire au sens donné au terme civilisation.
Encyclopédia Britannica a inséré le mot culture sous la même rubrique que le mot civilisation, pour préciser que la culture est un mode de vie mené par un groupe humain donné :
"La culture est le mode de vie d'une collectivité humaine. Elle couvre toutes les formes de comportement apprises et normalisées qu'utilise un membre de la collectivité et que d'autres membres attendent et reconnaissent. Prise dans une acception plus large, la culture se réfère aux modes de vie qui caractérisent tous les êtres humains et non les animaux".(2)
A la lumière des précédentes définitions, nous pouvons dire que la culture constitue une aspiration de l'homme, intellectuelle et affective, vers la réalisation de sa promotion, de son renouvellement et de sa transcendance. Elle est en même temps une qualité qui s'acquiert par l'exercice et l'initiation intellectuelle. La culture n'est possible que grâce à l'acquisition d'une masse de connaissances générales qui développent l'esprit et l'enrichissent dans le but d'amener les gens -individus et groupes- à se doter de qualités morales susceptibles d'élever le niveau de leurs connaissances et de leurs sentiments, et de leur permettre de pouvoir formuler des jugements justes et précis qui s'harmonisent avec la foi dans les idéaux de leur vie. De là, on peut comprendre que la diversité est -quelle qu'en soit la source- le trait caractéristique de la culture humaine.
Les éléments essentiels de la connaissance sans lesquels aucune culture n'est concevable et possible sont : la langue, les signes, les arts, les lettres, les sciences, les croyances religieuses, la philosophie, les valeurs sociales.
En plus de ces éléments, il faut considérer que le développement de la culture dépend en grande partie de l'esprit créatif de l'homme, que doit nourrir une imagination fertile, une large vision des choses de la vie, une aspiration toujours tendue vers des horizons toujours plus vastes, et une profonde réflexion sur les créatures et les phénomènes qui peuplent l'univers. Mais ce développement ne saurait se réaliser que dans un climat de liberté bien comprise, et conséquemment, de respect de la dignité humaine.
La culture islamique
Partant de là, le concept de culture islamique sous entend un ensemble de connaissances juridiques et jurisprudentielles, scientifiques, philosophiques, linguistiques, littéraires et artistiques nées, formées et développées au sein des pays musulmans. Le savoir musulman est caractérisé par une ouverture bien comprise sur les autres cultures humaines dans une interaction généreuse et fertile.
Il est à préciser à ce propos que la culture islamique s'est formée et développée grâce à la contribution des nations et de peuples de langues, de races et de coutumes sociales diverses. Cette contribution s'est bien sûr réalisée sous la bannière des valeurs spirituelles et morales de l'Islam.
Dans ce même sens, précisons également que la culture islamique a bénéficié de l'apport d'un certain nombre de chercheurs, théoriciens, et hommes de sciences non musulmans, particulièrement des chrétiens ayant vécu au sein de la Terre d'Islam et ayant apporté leur concours précieux à cette culture et à ce savoir islamique.
Développement : définition et portée
Le terme "tanmya" (développement) en langue arabe a pour étymologie le mot "numuw" qui signifie augmentation, extension, diffusion, développement.
Dans les langues européennes, "développement" a également -du point de vue linguistique- les mêmes connotations, sur le plan de la terminologie, contemporaine ; "développement" signifie un ensemble de moyens, étudiés et utilisés, mobilisés pour aboutir à des objectifs précis, selon un plan bien établi visant à relever la valeur matérielle et spirituelle de l'homme et à le doter des possibilités nécessaires à cette fin dans les divers plans socio-économique, culturel et scientifique, la finalité étant la participation active de l'homme au progrès humain de sa société, progrès fondée bien entendu sur la justice, l'égalité et l'équilibre des chances.
Sous cet angle là, le développement culturel qui nous intéresse ici n'est pas une simple quantité calculée en paramètres mathématiques ou géométriques. Il s'agit plutôt d'un programme planifié et bien conçu dont les résultats devront être qualitativement calculés et appréciés selon la valeur spirituelle qui en découle.
Autrement dit, ces calculs doivent conduire à la participation de chacun à l'effort de tous et permettre à tous de bénéficier également et selon les mérites de chacun des richesses de la culture et du savoir.
Un des autres objectifs du développement culturel consiste à réaliser les conditions appropriées pour susciter les potentialités créatrices chez l'homme aussi bien à partir du monde métaphysique que du monde réel. Il s'agit là, bien sûr, d'un des aspects les plus importants du développement, car sans cet aspect, la culture restera un simple ressassement de vieux modèles et un rebâchage ennuyeux de moules dépourvus de l'élément vecteur du développement.
Selon la conception que nous lui assignons ici, le développement est-une innovation de notre époque. C'est à partir de cette conception et à cette fin que s'édifient aujourd'hui les politiques des États, que sont mobilisés des investissements humains, financiers et techniques importants et que sont établis et mis en œuvre des plans et des programmes précis. Cela ne veut pas dire que cette notion de développement dans son sens général et positif était totalement absente des esprits des tenants de la culture islamiques et de ses premiers promoteurs au cours des siècles révolus. Nous n'en voulons pour preuve que le nombre impressionnant de mosquées, d'écoles et d'universités qui bénéficient de la diligence du pouvoir, et de l'intérêt que leur accordaient les particuliers et les communautés par le biais des biens de mainmorte et des investissements du trésor public. Les bibliothèques privées et publiques étaient largement répandues à travers le monde musulman. Les ouvrages scientifiques étaient partout disponibles grâce aux efforts soutenus des écrivains, des calligraphes et du public à la fois. Les diverses expressions artistiques bénéficiaient de la protection des autorités et des notables de l'État, telles la calligraphie, la décoration, la reliure, la musique, en plus de l'architecture dont les diverses expressions sont toujours présentes à nos yeux jusqu'à notre époque contemporaine.
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