Dans les pays émergents, l'immobilier ne connaît pas la crise
LE MONDE | 04.12.08
Une crise, quelle crise ? Dans les travées du Palais des festivals de Cannes, où se tient, du mardi 2 au jeudi 4 décembre, la première édition du Mipim Horizons, "salon immobilier des pays à forte croissance", un seul mot d'ordre : "Tout va bien." Et tant pis si, de chantiers arrêtés à Moscou en plans de licenciements à Dubaï, l'actualité se charge d'atténuer cet idéalisme façon méthode Coué.
Nouvelle déclinaison du Mipim, référence mondiale des professionnels de l'immobilier, ce salon veut mettre en rapport les investisseurs internationaux et les promoteurs et collectivités publiques des pays en développement. Mille sept cents participants venus de 66 pays se voient proposer, sur une centaine de stands, à grand renfort de maquettes et de petits fours, d'investir dans des villes nouvelles de Russie et de Roumanie, des complexes touristiques en Egypte ou au Maroc, des centaines d'hectares de nature sauvage en Patagonie.
Point commun de ces pays : le moteur de l'urbanisation gronde encore sous leur capot. Sur le stand du Brésil, Peixoto Accyoli, directeur de l'Association pour le développement du tourisme et de l'immobilier dans le Nordeste, résume l'ambiance générale : "La crise nous offre une opportunité : dans un contexte mondial de récession, notre économie va continuer de croître en 2009. C'est le bon moment pour investir chez nous. Il y a 8 millions de logements à construire au Brésil. Vingt millions de gens accèdent aux classes moyennes. Ils veulent des autoroutes, des équipements, des hôtels..."
Comme le Maroc ou le Monténégro, le géant brésilien agite un mirifique potentiel touristique pour appâter investisseurs et promoteurs, et développer ses villes et ses infrastructures. "Ces régions sont un eldorado de l'immobilier, estime Nathalie Depetro, la jeune directrice du Mipim Horizons. Les volumes d'affaires y sont énormes.
Il y a autant de projets en développement en Egypte qu'à Dubaï. Au Moyen-Orient et autour de la mer Noire, le boom est spectaculaire. Ces pays offrent des taux de rentabilité entre 50 % et 100 % : on est loin des 2 % à 5 % de l'Europe ou des Etats-Unis. Malgré le contexte difficile, 330 investisseurs se sont inscrits à ce salon, dont 54 n'étaient jamais venus au Mipim. C'est bien le signe qu'il existe un marché dynamique."
Et même si, côté Ukraine ou Kazakhstan, certains stands semblent rencontrer plus de difficultés que d'investisseurs, chacun explique à sa façon pourquoi sa petite entreprise ne connaît pas la crise. La Roumanie, très présente dans ce salon ? "Le pays a un énorme potentiel, assure Michael Bell, directeur de Blackpearl Property, qui développe 10 000 logements et des quartiers complets dans les grandes villes du pays.
On construit pour des clients locaux qui ont un emploi et qui ont désormais accès à des emprunts stables en euros. Ils vivent à trois générations dans un appartement et veulent un mode de vie à l'occidentale. La fermeture de sites industriels implantés en pleine ville par le régime de Ceausescu nous permet de développer pour eux de vrais centres-villes."
Un peu plus loin, c'est par sa "niche" dans le grand luxe que le Russe OPK Development explique son étanchéité à la crise, devant les plans d'une petite ville privée de 800 villas (sans oublier le golf, les écoles, le centre commercial...) desservie par des ponts sécurisés, dans la banlieue chic de Moscou.
La société Development Center, elle, bâtit rien moins qu'une ville de 35 000 habitants dans le district Pouchkine de Saint-Pétersbourg. "Nous sommes persuadés que la crise ne va pas durer, assure Viktor Kizhel, conseiller de la société russe. Le problème du logement en Russie pour les classes moyennes est toujours d'actualité. Il y a des fonds qui dorment et qui sont prêts à être investis. Simplement, les financiers font plus attention à ce qu'on leur propose."
A défaut d'investir, les plus prudents auront pu se former, au cours d'un salon qui se veut très pédagogique, histoire d'être fin prêts quand le marché mondial repartira à la hausse. "Ces pays sont plus instables, explique Nathalie Depetro. Les investisseurs nous disent qu'ils ne savent pas comment s'y prendre. Nous les aidons à identifier les bons interlocuteurs, à connaître les lois qui régissent l'investissement ou la propriété, alors que les règles ne sont pas toujours définies aussi clairement que chez nous."
Entre deux échanges de cartes de visite, des hommes d'affaires studieux se sont ainsi initiés aux réalités des marchés turc, argentin ou moyen-oriental, mais aussi au phénomène des mégapoles, aux arcanes de l'investissement islamique, aux principes du développement durable ou au design des métropoles émergentes. Ce n'était sans doute pas inutile, dans un salon qui montrait peu de projets propres à ravir les amateurs d'écologie et d'architecture.
Grégoire Allix
http://www.lemonde.fr/planete/articl...6752_3244.html
LE MONDE | 04.12.08
Une crise, quelle crise ? Dans les travées du Palais des festivals de Cannes, où se tient, du mardi 2 au jeudi 4 décembre, la première édition du Mipim Horizons, "salon immobilier des pays à forte croissance", un seul mot d'ordre : "Tout va bien." Et tant pis si, de chantiers arrêtés à Moscou en plans de licenciements à Dubaï, l'actualité se charge d'atténuer cet idéalisme façon méthode Coué.
Nouvelle déclinaison du Mipim, référence mondiale des professionnels de l'immobilier, ce salon veut mettre en rapport les investisseurs internationaux et les promoteurs et collectivités publiques des pays en développement. Mille sept cents participants venus de 66 pays se voient proposer, sur une centaine de stands, à grand renfort de maquettes et de petits fours, d'investir dans des villes nouvelles de Russie et de Roumanie, des complexes touristiques en Egypte ou au Maroc, des centaines d'hectares de nature sauvage en Patagonie.
Point commun de ces pays : le moteur de l'urbanisation gronde encore sous leur capot. Sur le stand du Brésil, Peixoto Accyoli, directeur de l'Association pour le développement du tourisme et de l'immobilier dans le Nordeste, résume l'ambiance générale : "La crise nous offre une opportunité : dans un contexte mondial de récession, notre économie va continuer de croître en 2009. C'est le bon moment pour investir chez nous. Il y a 8 millions de logements à construire au Brésil. Vingt millions de gens accèdent aux classes moyennes. Ils veulent des autoroutes, des équipements, des hôtels..."
Comme le Maroc ou le Monténégro, le géant brésilien agite un mirifique potentiel touristique pour appâter investisseurs et promoteurs, et développer ses villes et ses infrastructures. "Ces régions sont un eldorado de l'immobilier, estime Nathalie Depetro, la jeune directrice du Mipim Horizons. Les volumes d'affaires y sont énormes.
Il y a autant de projets en développement en Egypte qu'à Dubaï. Au Moyen-Orient et autour de la mer Noire, le boom est spectaculaire. Ces pays offrent des taux de rentabilité entre 50 % et 100 % : on est loin des 2 % à 5 % de l'Europe ou des Etats-Unis. Malgré le contexte difficile, 330 investisseurs se sont inscrits à ce salon, dont 54 n'étaient jamais venus au Mipim. C'est bien le signe qu'il existe un marché dynamique."
Et même si, côté Ukraine ou Kazakhstan, certains stands semblent rencontrer plus de difficultés que d'investisseurs, chacun explique à sa façon pourquoi sa petite entreprise ne connaît pas la crise. La Roumanie, très présente dans ce salon ? "Le pays a un énorme potentiel, assure Michael Bell, directeur de Blackpearl Property, qui développe 10 000 logements et des quartiers complets dans les grandes villes du pays.
On construit pour des clients locaux qui ont un emploi et qui ont désormais accès à des emprunts stables en euros. Ils vivent à trois générations dans un appartement et veulent un mode de vie à l'occidentale. La fermeture de sites industriels implantés en pleine ville par le régime de Ceausescu nous permet de développer pour eux de vrais centres-villes."
Un peu plus loin, c'est par sa "niche" dans le grand luxe que le Russe OPK Development explique son étanchéité à la crise, devant les plans d'une petite ville privée de 800 villas (sans oublier le golf, les écoles, le centre commercial...) desservie par des ponts sécurisés, dans la banlieue chic de Moscou.
La société Development Center, elle, bâtit rien moins qu'une ville de 35 000 habitants dans le district Pouchkine de Saint-Pétersbourg. "Nous sommes persuadés que la crise ne va pas durer, assure Viktor Kizhel, conseiller de la société russe. Le problème du logement en Russie pour les classes moyennes est toujours d'actualité. Il y a des fonds qui dorment et qui sont prêts à être investis. Simplement, les financiers font plus attention à ce qu'on leur propose."
A défaut d'investir, les plus prudents auront pu se former, au cours d'un salon qui se veut très pédagogique, histoire d'être fin prêts quand le marché mondial repartira à la hausse. "Ces pays sont plus instables, explique Nathalie Depetro. Les investisseurs nous disent qu'ils ne savent pas comment s'y prendre. Nous les aidons à identifier les bons interlocuteurs, à connaître les lois qui régissent l'investissement ou la propriété, alors que les règles ne sont pas toujours définies aussi clairement que chez nous."
Entre deux échanges de cartes de visite, des hommes d'affaires studieux se sont ainsi initiés aux réalités des marchés turc, argentin ou moyen-oriental, mais aussi au phénomène des mégapoles, aux arcanes de l'investissement islamique, aux principes du développement durable ou au design des métropoles émergentes. Ce n'était sans doute pas inutile, dans un salon qui montrait peu de projets propres à ravir les amateurs d'écologie et d'architecture.
Grégoire Allix
http://www.lemonde.fr/planete/articl...6752_3244.html
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